Lundi soir 20 mai 2019, le conseil municipal de Saint-Brieuc (22) se réunissait pour un ordre du jour chargé. En particulier, la délibération n°17 était très attendue puisqu’elle concernait la possible construction d’une centre « culturel » (cours de langues, arabe, cuisine) en même temps qu’un centre « cultuel », en clair une mosquée, sur le territoire briochin, plus précisément au quartier Balzac (secteur du Plateau). Une délibération adoptée à l’unanimité par la majorité municipale de centre-droit LREM compatible, un centre droit et LREM fréquemment dénoncés notamment par l’Observatoire de l’Islamisation, pour leur sympathie (ou leur clientélisme ?) vis-à-vis du communautarisme musulman en France.
Un lecteur, qui a assisté aux débats, nous fait le récit de cette soirée, avec ses mots, ceux d’un citoyen en colère, à l’issue de laquelle a été validée la construction d’un nouvel édifice musulman – un de plus – sur le sol breton.
La mosquée à Saint-Brieuc, le bébé de Bruno Joncour
En préambule, on observera qu’avec une intégration actuellement en situation d’échec avéré en France, avec des pans du territoire national qui se morcellent chaque fois plus selon des regroupements de communautés qui se parlent de moins en moins, une politique volontariste des corps élus ou représentatifs de l’État devrait être urgemment mise en œuvre à tous les niveaux pour remédier à cette inquiétante situation. Bien malheureusement, la délibération n°17 discutée lundi va en sens totalement contraire à cette urgence, puisqu’elle légitime un séparatisme culturel de fait de la communauté musulmane du pays de Saint-Brieuc, par la construction d’un « centre culturel » à même de répondre aux besoins propres à cette communauté selon les dires de Monsieur Bruno Joncour, ancien maire de la ville qui a passé le flambeau en 2017 à la suite de son élection à l’Assemblée nationale sous l’étiquette LREM, et qui était présent à cette délibération comme conseiller de la majorité municipale.
Ce dossier existant depuis longtemps, environ 10 ans, donc depuis l’ère Joncour, ce dernier a pris la parole pour décrire l’historique du projet. L’assistance a eu droit, pendant sa longue intervention, à quasiment tout le répertoire rhétorique de la bien-pensance convenue. Il ainsi loué une association Averroès qui « existe depuis longtemps », qui « est partenaire depuis longtemps », qui « est parfaitement intégrée depuis longtemps », qu’il fallait faire preuve de « réalisme », de « pragmatisme », qu’il fallait « assurer une cohésion », garantir le « respect de valeurs qui inspirent la ville de Saint-Brieuc », avec sa « dimension humaine » et avec ses « valeurs républicaines que sont la liberté, l’égalité, la fraternité, sans oublier les valeurs de laïcité ». On peut au passage rappeler que ces derniers éléments ne sont pas des « valeurs » propres à une république, mais plutôt des principes républicains, éventuellement. L’auditoire a en outre eu droit à l’inévitable « respect de l’Autre selon ses croyances » pour « garantir la liberté de conscience » et la « liberté de croyance et de culte ».
Après avoir remis une nouvelle couche sur la « cohésion sociale » et « l’ouverture à l’Autre », l’ancien maire a à nouveau repris ses louanges en faveur de l’association Averroès – au cas où certains n’auraient pas bien compris, assénant qu’Averroès était « reconnu pour son esprit de tolérance et de modération », éléments « confirmés par les services de l’État », qu’Averroès était « à l’écoute », que l’association était bien insérée dans un quartier « où il n’y a jamais eu l’ombre d’un problème » (ce qui est en mensonge pour quiconque connaît ce quartier), que la « cohabitation y est apaisée », sans oublier de mentionner un « dialogue inter-religieux avec le diocèse ».
S’en suivirent, du même discoureur, des félicitations sur la « vivacité des commerces » du quartier Balzac, omettant de préciser que la seule boucherie du quartier est désormais passée halal (pour de la saucisse à galettes, on repassera), que le seul café présent ne sert plus d’alcool et que la seule boulangerie sur place risque également de passer prochainement sous régence islamique. Mais enfin, comme il faut pouvoir vivre « sans être stigmatisé », « pas de vaine polémiques, pas de caricatures ou de fantasmes », le projet « appelle à la concorde ».
L’homélie joncourienne, délivrée à une cadence de sénateur (que l’intéressé n’est pas), a donc fatalement pris un temps important. Surtout, on aura largement eu droit à une bonne leçon, largement rabâchée, de bien-pensance mâtinée de bons sentiments.
Le Rassemblement national demande un Référendum d’Initiative citoyenne (RIC) sur la mosquée
C’est ensuite Monsieur Pierre-Yves Lopin, élu de l’opposition municipale sous l’étiquette RN, qui a pris la parole. Dans une allocation de 7 à 8 minutes, M. Lopin, avec des propos très modérés et conciliants, on pourrait dire franchement « inclusifs » pour être dans l’air du temps, a d’abord observé et reconnu que la pratique islamique actuellement en place sur le quartier de Balzac était paisible et sans poser beaucoup de difficultés outre mesure. Faisant ensuite remarquer son inquiétude à bouleverser une situation aujourd’hui acceptable, il a mis le conseil municipal en garde sur la perte de la maîtrise, par la municipalité, d’activités islamiques qui, si elles sont aujourd’hui convenables, peuvent dans le futur se trouver empreintes de radicalité par le fait de prédicateurs plus engagés. Considérant par conséquent que ce projet dépassait largement les compétences du conseil municipal, considérant que la construction d’une mosquée n’était pas dans la profession de foi des candidats aux élections municipales de 2014, il a appelé le Conseil à surseoir au vote prévu ce lundi 20 mai et à plutôt passer par un référendum d’initiative citoyenne (R.I.C.) permettant de trancher en connaissance de cause, ou alors à profiter des prochaines élections municipales en 2020 en inscrivant ledit projet à la profession de foi des futurs candidats.
Le maire de Saint-Brieuc, Madame Marie-Claire Diouron, a répondu à Monsieur Lopin en déclarant qu’elle ne partageait pas son point de vue et qu’elle ne retirerait pas la délibération. Surtout, elle a fait une démonstration d’un stupéfiant mépris dont les partisans ou leaders LREM en France ont habituellement le secret, lâchant à son interlocuteur que « l’ignorance est la plus grande des pauvretés », que ces « amalgames sont scandaleux » (sic) et qu’il fallait « savoir faire la différence entre le culte musulman et le terrorisme », prêtant de cette façon à M. Lopin des propos qu’il n’avait ni tenus ni insinués, et faisant surtout preuve d’une sorte de corruption idéologique obérant d’évidence sa capacité d’écoute, de compréhension ou d’analyse.
Monsieur Yann Drévès, autre conseiller de la majorité municipale qui a ensuite pris la parole, ne fut pas en reste dans un exercice de mauvaise foi telle qu’elle n’a honoré ni la personne, ni la fonction. Monsieur Drévès, donc, a voulu expliquer à toute l’assemblée que le statut de la femme en islam, brièvement mentionnée par M. Lopin dans son allocution, était peut-être meilleur en terre d’islam qu’en France… Il fallait être présent pour l’entendre ! Il prit pour exemple la Turquie, contrée à forte culture islamique s’il en est, qui a instauré le droit de vote des femmes en 1932 alors que ce ne fut le cas en France que postérieurement, en 1944. Monsieur Drévès a récidivé en mentionnant aussi l’Albanie, autre pays à coloration musulmane (mais pas seulement) qui a, il est vrai, permis aux femmes de voter dès 1920.
Il faut relever le caractère particulièrement spécieux de ces explications puisque, en Turquie d’abord, le vote des femmes fut le fait de la politique du chef d’État d’alors, Mustafa Kemal Atatürk, qui avait d’abord à cœur de laïciser son pays en renvoyant par exemple les pratiquants musulmans dans leurs mosquées et aussi en interdisant strictement de porter des vêtements religieux en-dehors des lieux de culte. Quant à l’Albanie, précisons d’abord que les habitants de ce pays sont relativement indifférents à la religion, et il convient ensuite de savoir que le vote des femmes en Albanie fut surtout le combat et la victoire d’une femme albanaise féministe engagée du début du XXe siècle, Urani Rumbo, et qu’aujourd’hui encore des centaines de femmes meurent en Albanie chaque année sous les coups, en perpétuation de pratiques ancestrales. Mais il semble bien que Monsieur Drévès se soit fait une spécialité des raisonnements captieux et des arguments fallacieux, passons.
Au final, la cession de la parcelle n°CE185 a été votée à l’unanimité des conseillers de la majorité municipale, sans aucune réserve ou abstention. Dans l’opposition, seuls les deux élus RN ont voté contre. Chronique de l’islamisation ordinaire de la Bretagne…
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