En juillet 1991 était édité Sire, un roman écrit par Jean Raspail.
Dans celui-ci, il y présentait un jeune descendant de la dynastie des Capétiens vivant à la fin du XXème siècle et désireux de devenir ce à quoi il prétendait : Roi de France. Fort logiquement, son parcours le conduisait à la basilique de Saint Denis, la nécropole royale.
Sire adoptant une trame réaliste – mais non sans miracle –, la cité francilienne et l’état de la France en général y étaient décrits avec toutes les bassesses, les faiblesses et les défauts qui la caractérisaient déjà. L’histoire funeste des lieux n’était pas non plus ignorée, loin de là, et l’écrivain nous faisait même plonger en profondeur dans les scènes les plus horribles de la Terreur. En effet, en octobre 1793, les enfants de la Révolution dite française pénétraient dans la basilique pour la violer et dépouiller les tombes qui y avaient trouvé leur place depuis le IVème siècle.
« Le premier « tyran » forcé dans son repos éternel fut le bon roi Henri IV. Lorsqu’on eut fait sauter à coups de marteau et de pied-de-biche le lourd couvercle de son cercueil de chêne, puis son cercueil de plomb à la barre à mines, déclenchant dans le caveau des Bourbons un épouvantable vacarme, son corps apparut enveloppé d’un suaire blanc presque intact. On dégagea la tête, et, dans l’air raréfié, se répandit une forte exhalation d’aromates. Ce roi-là sentait bon. Ce ne fut pas le cas des autres. Après cent-quatre-vingt-trois ans dans le tombeau, son visage était admirablement conservé, la barbe presque blanche, les traits sereins, à peine altérés. Le cadavre fut ainsi dressé, comme un mannequin, et adossé à un pilier. La foule qui l’entoure, impressionnée, suspend un instant sa haine. Peut-être même est-elle émue au spectacle de ce grand roi debout, immobile dans son linceul. Et si elle tombait à genoux, en témoignage d’ancien respect ? Mais la loi qui régit les masses humaines ne souffre pas d’exception, c’est toujours le plus vil qui l’emporte, et le plus vil, le voici : un soldat, même pas pris de boisson, ce qui eût au moins constitué une excuse. Se poussant au premier rang, avec des mines de matamore, le soldat, courageux fils du peuple, tire son sabre et coupe ras une bonne mèche de barbe blanche dont il se fait une moustache postiche sous les rires et les applaudissements. Voilà, c’est décidé, la foule sera abjecte »
La longue et pénible description qui s’ensuit – non sur la forme mais sur le fond – infligée au lecteur dès le 2ème chapitre de Sire est insoutenable mais essentielle.
La barbarie des Républicains n’avait rien à envier à celle qu’ont aujourd’hui les islamistes les plus radicaux. De Saint-Denis à Palmyre, la destruction des symboles, l’insulte à la mémoire et la profanation des sépultures est toujours aussi abjecte.
Le Saint-Denis des années 90 n’est pas très reluisant non plus. En plus d’avoir perdu son âme, l’édifice est désormais perdu dans un pays étouffé par l’immigration et la délinquance en découlant. La gardienne africaine de la basilique et deux ou trois royalistes esseulés sont à peu près les derniers à se soucier de son sort et ainsi à donner un coup de main au prétendant au trône au moment de sa venue.
Par le plus grand des hasards (quoique !), c’est aussi en juillet 1991 que je suis né. Si mon idéal me paraît noble et que je tâche autant que faire se peut d’avoir le cœur chevaleresque, je n’ai rien à voir avec le royalisme et ses défenseurs, leur milieu et leurs coutumes. Je suis un fils de gens simples, du Nord et de Normandie. Si une lointaine branche portait une particule à son nom, comme beaucoup de Français, d’autres bossaient dans les champs ou crevaient au fond de la mine.
Pourtant, depuis mes premiers pas de militant, l’idée d’un Roi m’a toujours séduit.
Un souverain se souciant de l’intérêt de son pays et du Salut de ses sujets me plairait en effet un tantinet plus qu’un politicien corrompu sans Foi ni loi se souciant du résultat de la prochaine élection et donc prêt à adopter l’étiquette politique à la mode pour y parvenir. J’ai connu Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron et je me demande bien lequel d’entre eux ne correspond pas à cette pitoyable description.
Quand une femme – celle de mon cœur – m’a suggéré de lire Sire, je me suis donc laissé prendre au jeu. J’ai (re)traversé l’histoire de France, rêvé, pleuré, espéré. J’ai alors eu l’envie d’aller me replonger réellement dans ce lieu, voir et ressentir concrètement ce qu’il était resté ou devenu. Marcher sur les traces de nos Rois et derrière les mots de Jean Raspail. Prier, aussi, en réparation des crimes qui ont précipité le pays dans l’abîme où il se trouve aujourd’hui. Enfin, me rendre compte de l’état dans lequel est cette ville, autrefois si importante.
L’itinéraire le plus simple pour me rendre à Saint Denis – ou du moins celui que je connais le mieux – passe par la ligne 13 du métro parisien, à suivre pour moi à partir de la gare Montparnasse. Il y a une petite vingtaine de stations qui font passer ses voyageurs d’un monde à l’autre puisqu’il n’y a qu’un pas entre l’arrêt Champs-Elysées et les premiers passages dans les coins moins « prestigieux » comme la place de Clichy ou la porte de Saint-Ouen.
On ne voit pas le jour mais la population change en un clin d’œil. Les Européens âgés sont vite remplacés par les jeunes hommes, femmes ou couples originaires du tiers-monde.
J’ai la chance (ou la jugeote ?) d’avoir prévu ma visite un dimanche et l’affluence est donc moindre. Je n’ai jamais été un habitué de cette ligne de métro mais je l’ai quand même empruntée à quelques reprises lorsque je vivais en région parisienne. J’allais parfois à Saint-Denis, mais au Stade de France, pour des matchs de foot, notamment un certain 13 novembre. Ceci est une autre histoire !
Cette fois-ci, la destination est donc la station de métro sobrement nommée « Basilique de St Denis / Hôtel de ville ». J’ai une vague idée de ce que je vais découvrir quand les portes commencent à s’ouvrir mais les affiches placardées partout sur le quai parviennent tout de même à me scotcher. Elles vantent toutes les mérites de l’immigration, du « melting-pot », mettant en vedette des femmes voilées et autres personnages aux allures exotiques.
La jeune femme qui m’a inspiré tout cela en me prêtant son livre est avec moi, et nous sommes à peu près les deux seuls Blancs. Il y en a peut-être un ou deux autres qui m’ont échappé, mais le constat est implacable, nous sommes arrivés en terre islamique. Islamique et non pas maghrébine comme certains pourraient supposer, car les nouveaux Dionysiens sont comme je le disais issus de tout ce qu’on appelait autrefois « tiers-monde ». Africains, Arabes, Pakistanais, mais aussi « indéterminés », des gens dont les traits me sont inconnus, étrangers, si j’ose dire.
Dès la sortie, deux boutiques de vêtements « traditionnels » se font face, tandis qu’un bureau de change nous souhaite un joyeux ramadan.
La basilique n’est qu’à deux ou trois minutes de marche, il faut longer la place du marché, ou devrais-je dire du souk ou du bazar.
A l’angle de celle-ci, deux hommes semblant tout droit venus d’Afghanistan sortent de la masse. J’imagine que ce sont des salafistes, mais j’ai peur qu’ils me prennent au mot si je dis que j’en mettrais ma main à couper.
Lorsque je les dépasse, je constate qu’ils cachaient la vue de la basilique. Le symbole est fort et plus parlant que ce témoignage. Saint-Denis n’est plus française.
Les quatre ou cinq restaurants faisant face à l’édifice (magnifique et dont la façade a été restaurée récemment) ont une allure tout à fait correcte, touristique même, mais trois d’entre eux ont le couscous pour spécialité.
J’ai un sentiment étrange, le climat n’est pas tendu comme j’ai pu le voir dans des villes ou des régions dans lesquelles plusieurs cultures se côtoient. Nous ne nous sentons pas en insécurité. Nous nous sentons étrangers.
En entrant dans la basilique, nous sommes accueillis par le vigile, un Africain, comme dans Sire, même s’il s’agit là d’un homme.
Elle est toujours un lieu de culte catholique mais on comprend vite qu’elle est surtout devenue un musée. Pour ceux qui récoltent les fruits des tickets d’entrée, son emplacement est sans doute simplement un malheureux hasard qui la prive de certains visiteurs peu rassurés ou découragés par le trajet.
Il est bien sûr possible de prier ou d’assister à la messe gratuitement, le ticket étant pour accéder aux gisants et à la crypte.
Toute une partie de l’église est couverte des gisants de rois et de reines, de princesses et de princes. Les gisants, ces sculptures funéraires, couvraient autrefois les tombes et représentaient celle ou celui qui y était enterré.
Les héros de l’Ancien régime sont tous là ou presque, on les retrouve également en hauteur, représentés sur les vitraux rénovés à partir du milieu du XIXème siècle.
Certains sont brisés, preuve que le calme que j’ai ressenti depuis mon arrivée à Saint-Denis est parfois (souvent ?) troublé par les délinquants. D’ailleurs, Jean Raspail le racontait déjà dans son livre, et, en mars dernier encore, un homme dégradait l’orgue de la basilique ainsi que deux vitraux…
Je ne vous cache pas que j’attendais surtout de voir la crypte pour les raisons que j’évoquais précédemment. C’est là que reposaient nos Rois, leurs épouses et leurs enfants, c’est là que les infâmes profanateurs ont joué avec leurs corps, pulvérisé leurs dépouilles. C’est là aussi que les restes des monarques ont été rassemblés à la Restauration.
Louis XVIII (1755-1824) a particulièrement œuvré à redonner à la crypte son rôle d’antan. Il a notamment fait rapatrier les reliques de Louis XVI et Marie-Antoinette, qui avaient été inhumés au milieu de nulle part, où fut par la suite érigée la Chapelle expiatoire, à Paris.
D’autres reliques ont été rajoutées plus récemment, notamment le cœur du jeune Louis XVII, mort en prison à l’âge de 10 ans en 1795, que les geôliers avaient réussi à rendre alcoolique entre autres sévices, et bien sûr jamais couronné. Son cœur a donc été rapporté en 1975, puis formellement identifié au début des années 2000 suite à des analyses ADN le comparant à un cheveu de sa mère, Marie-Antoinette. Une messe avait même été célébrée en la basilique pour cette occasion en la présence de Louis de Bourbon, duc d’Anjou et actuel aîné de sa famille.
Ce petit cœur exposé ne peut que briser celui des gens qui, comme nous, prennent le temps de réfléchir au sens de ce qui se trouve devant leurs yeux.
Même chose dans l’ossuaire royal, dans lequel sont regroupés en un infime espace les ossements restants de plusieurs dynasties, au bas mot 80 rois, reines, princes et princesses. La destruction révolutionnaire a été presque totale.
Le visiteur lambda, lui, profite surtout des panneaux colorés, des animations modernes et des commentaires banals des visites guidées. En venant ici, ils étaient en quête de savoir mais aussi de souvenir. On leur donne un vulgaire aperçu de ce qu’était la France, de ce qu’était la Monarchie, sans spiritualité, sans la forme qui conviendrait, et cette transgression de la basilique, si elle est moins agressive que son saccage de 1793, est peut-être plus nocive encore. Après la destruction des corps, des objets et des symboles par les enfants de la Révolution, la mémoire est désormais sciemment coupée, modifiée et travestie par les enfants de la République, et les dix-huit euros que nous avons payés pour prier aux pieds de mes Rois vont aller dans leurs poches et servir leurs desseins…
Tout se bouscule après avoir arpenté les allées d’un endroit aussi fort. Une grande joie et presque un soulagement d’avoir pu saluer ceux qui ont fait mon pays, mais aussi une peine immense en voyant ce qu’il en reste, tant physiquement que dans les mémoires. La colère se mêle à l’inquiétude vis à vis de la République, ce régime né dans l’atrocité et responsable de ce qu’est devenue Saint-Denis, une terre étrangère au cœur de la France.
Les vingt-huit années nous séparant de la publication du roman de Jean Raspail nous ont peut-être fait passer la ligne rouge, celle d’un retour à la normale impossible. Peut-être aussi cependant que tout n’est pas perdu puisque de jeunes Français, comme les Bretons que je côtoie et qui me laissent une place sur ce site, n’oublient pas d’où ils viennent et sont déterminés à ne pas être simplement d’éternels perdants. Nous existons encore et l’espoir avec nous.
Monsieur Raspail, merci pour votre travail, oubliez ceux qui ont ignoré les alertes adressées à travers vos ouvrages, remarquez cette jeunesse qui ne baisse pas les bras, qui avance et se bat, et compte bien vivre et élever ses enfants dans l’amour de leur terre et de leurs Rois.
Alexandre
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