Après des affrontements entre le « califat » de l’État islamique et les forces armées indiennes à Amshipora dans le Cachemire – une région disputée entre Inde, Chine et Pakistan, l’État islamique a annoncé via son agence de presse Amaq avoir organisé sa « province » (wilayat) en Inde.
En 2015 déjà, selon USA Today qui s’appuyait sur un rapport de 32 pages transmis par une source au Pakistan, l’EI s’apprêtait à regrouper des organisations djihadistes au Pakistan et en Afghanistan pour qu’elles attaquent l’Inde et provoquent « une guerre apocalyptique » avec les États-Unis, et le « regroupement de l’oumma [communauté religieuse constituée par l’ensemble des musulmans] dans la bataille finale contre les infidèles ». Ce rapport avait été examiné par les services secrets américains qui l’avaient reconnu authentique.
Depuis la perte de son dernier bastion syrien à Baghouz en mars, le califat a essayé de se refonder dans plusieurs endroits du monde – notamment en Afrique de l’ouest et au Nigéria, dans la région des Grands Lacs, au Sri Lanka lors des attentats de Pâques (253 morts) ou encore aux Philippines dont le chef d’État dénonce depuis peu avec vigueur l’hégémonie américaine dans son pays et aux alentours.
« La constitution d’un wilayat dans une région où rien ne démontre une telle présence est absurde », a réagi Rita Kats, de l’agence analytique Intel Group, en charge de la veille sur les activistes islamiques, « mais pour les djihadistes, s’implanter dans les régions chaudes du monde est un geste fort qui peut permettre la refondation du Califat ».
Jusque-là l’État islamique avait fait des apparitions sporadiques en Inde : une cellule terroriste de l’EI avait été mise hors d’état de nuire en juin 2018 à Anantnag dans le Jammu et Cachemire. Les policiers indiens avaient essayé d’interpeller les terroristes, retranchés dans la maison dont le propriétaire les accueillait. Lors des échanges de tirs, un civil avait été tué et trois blessés, le propriétaire de la maison tué, sa femme blessée, et quatre terroristes abattus. Parmi eux, l’un d’eux était le chef de l’EI au Cachemire, Daoud Sofi, connu aussi sous le nom de Bourkhan Musaab.
En octobre 2016, ce sont 6 hommes de 24 à 30 ans qui avaient été arrêtés par la police indienne – ils projetaient un attentat lors de la fête hindouiste Diwali. À cette occasion la police avait rendu publique la disparition de 12 hommes, 6 femmes et 3 enfants pendant l’année 2016 dans le Kerala, tous soupçonnés d’avoir rejoint l’État islamique.
En février 2016, ce sont 19 sympathisants de l’EI qui avaient été arrêtés, principalement dans le sud du pays : ils prévoyaient des attentats contre les touristes étrangers à Goa et dans l’État de Maharashrtra dont la ville principale est Bombay (Mumbai). À l’époque, le leader d’une organisation communautaire musulmane de l’Inde affirmait que le pays comptait « sept organisations qui propagent des idées radicales proches de l’État islamique ».
Louis Moulin
Photo d’illustration : DR
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