Je n’irai pas voter le 26 mai prochain pour les élections européennes. Comme je ne suis déjà plus allé voter aux dernières élections, présidentielles, législatives, régionales. Et pourtant, je me sens profondément Européen. Et pourtant, j’ai une conscience politique sans doute plus prononcée que beaucoup qui s’apprêtent, uniquement parce que « on » (qui est un c…) leur a dit qu’il fallait voter, à aller déposer un bout de papier dans une urne.
Qu’on ne me parle pas de « c’est une chance d’aller voter, ils ne peuvent pas dans certains pays » ou encore « On s’est battu pour aller voter ». Comme dirait l’autre, « je m’en tamponne le coquillard ».
Pourquoi n’irai-je pas voter, alors qu’en effet, parmi les 34 listes qui seront officiellement candidates, il y a forcément des idées qui me séduisent ? Tout simplement parce que je ne cautionne pas un jeu biaisé d’avance, qui octroie aux grosses écuries politiques plus d’argent, plus d’audience, plus de représentativité, plus d’images, empêchant par définition toutes les petites écuries de progresser. Et qu’on ne me dise pas que LREM est arrivée de nulle part il y a quelques années. Le parti d’Emmanuel Macron a bénéficié d’un ascenseur politico-médiatique savamment orchestré. Ce qui n’est pas le cas du parti animaliste, des listes Gilets jaunes ou encore de la Dissidence Française ou des démocrates musulmans français. Mais passons.
Je n’irai pas voter le 26 mai parce qu’en tant qu’Européen, j’ai aussi envie de pouvoir voter pour des Hongrois, des Anglais, des Lettons, des Italiens, des Suisses, des Bulgares et des Bretons et pas uniquement pour des députés français. Pour moi l’Europe, la vraie, ce serait des listes transrégionales, transnationales. Pour que l’unité des peuples d’Europe devienne politiquement une réalité.
Je n’irai pas voter le 26 mai parce que je refuse de devoir choisir entre la peste et le choléra. D’un côté, ceux qui promeuvent l’ouverture des frontières, une Europe économique et sans conscience, le sacro-saint accueil de l’autre, de l’extra-Européen. L’Europe du fric, de la main-d’œuvre pas chère, de la fin du service public et de l’État régalien.
De l’autre ceux qui mentent ouvertement en nous expliquant que l’État-nation, la souveraineté recouvrée, serait la solution à tous nos maux, alors que ce sont bien les États-nations, France et Angleterre en tête depuis leurs révolutions respectives, qui ont enfanté la société immonde dans laquelle nous baignons aujourd’hui. Ces charlatans du souveranisme nous proposent en fait de revenir à la source qui a provoqué deux guerres civiles européennes et le début de la destruction par invasion migratoire et religieuse de notre civilisation.
Au milieu de cette mascarade, de faux écologistes qui refusent d’abord la problématique de la démographie dans le monde, quelques déterminés qui savent qu’ils ne passeront pas les 1 %, quelques Don Quichotte électoraux, quelques illuminés aussi. Sans moi. Sans façon.
Par ailleurs, je n’irai pas voter le 26 mai parce que ce ne sont pas de députés européens soumis au diktat de la Commission européenne et se gavant sur fonds publics dont nos hôpitaux, nos écoles, nos frontières, ont besoin.
Ce sont d’hommes et de femmes déterminés, à poigne, qui décident, pour le bien de la population, partout en Europe, qu’il y aura un hôpital à moins de 30 minutes pour chaque citoyen d’Europe. Des hommes et des femmes courageux, qui actent la création d’une armée européenne pour défendre nos frontières et nous protéger d’éventuelles menaces à travers le monde. Qui définissent constitutionnellement ce qu’est l’Europe, où sont ses frontières, ce qu’est un citoyen européen, et ce qu’est un étranger, ce qu’est l’autre.
Nous n’avons pas besoin de centaines de députés qui se sont trouvés une place au soleil pendant quelques années, accompagnés par des milliers d’attachés parlementaires et autres gratte-papiers, encadrés par des bureaucrates et des petits fonctionnaires zélés. Nous avons simplement besoin d’une poignée d’hommes et de femmes ayant en commun deux choses : le courage, et la volonté politique de faire de l’Europe un espace civilisationnel qui fasse baisser les yeux au monde entier et qui rende fiers et sereins les citoyens qui l’habitent.
Si la vie politique française avait accouché, ces dernières décennies, d’hommes et de femmes possédant à la fois le courage et la volonté politique de réaliser ce projet, vital et salutaire pour nos descendants, cela se saurait. Ce n’est pas le cas. À la place, nous aurons des crabes élus par des moutons. Encore une fois, ce sera sans moi.
Je n’irai pas voter le 26 mai.
« SI VOTER CHANGEAIT QUELQUE CHOSE, IL Y A LONGTEMPS QUE CA SERAIT INTERDIT ». Michel Colucci, dit Coluche.
Julien Dir
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