Amazon, le géant de la vente en ligne, fait l’objet d’une plainte de la part de trois employées somaliennes. Au motif que l’entreprise refuse de mettre à leur disposition un lieu de prières. Mais pas seulement…
Trois Somaliennes contre Amazon
Le thème de société que constitue désormais l’islamophobie ne concerne pas que l’Europe. Aux États-Unis, trois femmes somaliennes travaillant dans un entrepôt d’Amazon près de Minneapolis ont accusé l’entreprise de créer des conditions de travail défavorables pour les employés de confession musulmane. Elles reprochent notamment à Amazon de ne pas leur allouer un lieu pour prier dans les locaux de la société. Mais elles craignent également la menace d’un licenciement compte tenu d’une baisse de productivité causée par leurs « obligations religieuses » sur leur temps de travail…
Les trois femmes ont décidé de porter plainte contre le groupe de Jeff Bezos. Dans une lettre accompagnant le dépôt, Muslim Advocates, une organisation juridique à but non lucratif représentant les femmes, a demandé à la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi du Minnesota d’enquêter sur ce qu’elle considère comme des « violations systémiques » du Civil Rights Act de 1964. Une loi qui interdit, entre autres, la discrimination à l’emploi fondée sur la religion.
Selon Muslim Advocates, les trois plaignantes sont toutes des femmes noires d’origine somalienne. Qui ont le sentiment d’être victimes de discrimination en raison de leur couleur, de leur foi musulmane et de leur origine nationale. Cette plainte fédérale est le dernier épisode d’un conflit qui dure depuis presque un an entre Amazon et ses travailleurs venus d’Afrique de l’Est dans le Minnesota. « Nous pensons qu’une enquête de l’E.E.O.O.C. [NDLR : Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi] est un élément clé pour lancer le processus de responsabilisation d’Amazon », a déclaré Nimra Azmi, avocate chargée de cette affaire.
« Promotions en faveur des travailleurs blancs »
Par ailleurs, la mise à disposition d’une salle de prière pour les musulmans n’est pas la seule revendication de ces trois Africaines. Ces dernières allèguent également qu’Amazon ne parvient toujours pas à promouvoir les employés d’Afrique de l’Est. « Les travailleurs somaliens qualifiés sont régulièrement exclus des promotions en faveur des travailleurs blancs et les travailleurs blancs reçoivent régulièrement de meilleures affectations et un meilleur traitement que leurs homologues somaliens sur la seule base de leur race et/ou de leur origine nationale », indique Muslim Advocates dans sa lettre.
Le Minnesota abrite quelques 30 000 migrants somaliens qui ont commencé à s’établir dans la région en grand nombre dans les années 1990. Ces Somaliens représentent une part importante des 3 000 travailleurs de la plateforme logistique d’Amazon à Shakopee, dans la périphérie de Minneapolis.
Face aux accusations, Amazon a déclaré que la firme « respecte la vie privée des employés et ne discute pas publiquement des plaintes ». Et d’ajouter : « La diversité et l’inclusion sont au cœur de notre culture d’entreprise, et les employés peuvent prier quand ils le souhaitent ». Nous apprenons ainsi que « les pauses de prière de moins de 20 minutes sont rémunérées, et les employés sont invités à demander une pause de prière non rémunérée de plus de 20 minutes pour laquelle les attentes de productivité seraient ajustées. »
Un « ajustement » de la productivité (et donc de l’efficacité) pour les travailleurs musulmans désirant exercer leur religion dans l’entreprise qui explique peut-être en partie la « discrimination » à la promotion dont certains se plaignent. Une fois retiré le filtre du politiquement correct, ces « discriminations » peuvent aussi être désignées par un autre terme : la compétitivité !
Crédit photo : Flickr (CC BY 2.0/Fibonacci Blue)
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