Les grandes fortunes et les multinationales ont leur pied-à-terre dans les îles anglo-normandes. Car Jersey et Guernesey constituent de parfaits paradis fiscaux. Ce n’était pas le cas à l’époque de Victor Hugo ! Pour rénover la maison de l’écrivain, François Pinault a sorti son carnet de chèques.
La « liste noire européenne des paradis fiscaux »
Les ministres des Finances de l’Union européenne ont validé une « liste noire européenne des paradis fiscaux ». Quinze pays sont concernés : les Samoa américaines, Guam, les Samoa, Trinité-et-Tobago, les Îles vierges des États-Unis, la Barbade, les Émirats arabes unis, les îles Marshall, Belize, l’île d’Aruba, les Bermudes, la Dominique, les Fidji, Oman et Vanuatu.
Mais il existe également une « liste grise » de 34 juridictions aux pratiques fiscales discutables (Mongolie, Namibie, les Palaos, Sainte-Lucie…).
En ce qui concerne la « liste noire », on remarquera que l’institution communautaire en a « exclu d’emblée les pays membres de l’U.E., alors que certains pratiquent depuis des années le dumping fiscal afin d’attirer les sièges des multinationales » (Le Monde, mercredi 13 mars 2019). De ce fait l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et autres échappent à la « liste noire ».
Un paradis fiscal en face de la Bretagne
Pourtant, face à la Bretagne, il existe un paradis fiscal dont on parle rarement : les Îles anglo-normandes ; il suffit de prendre le bateau à Saint-Malo pour s’y rendre. En y débarquant, le visiteur est épaté : davantage de banques que de magasins d’alimentation ! Tous les établissements financiers y sont installés, qu’ils soient européens, américains ou arabes. Les Îles anglo-normandes forment une annexe de la City londonienne, si bien que le gouvernement britannique fait le nécessaire pour que Jersey et Guernesey n’entrent pas dans la « liste noire ». Permettre aux clients d’échapper à l’impôt sous toutes ses formes constitue le métier principal de ces banques qui travaillent beaucoup avec une clientèle internationale et… un peu avec les locaux.
Le lance-pierre de François Pinault
Pendant le Second Empire, Victor Hugo, en exil, a vécu à Guernesey. Sa maison de Hauteville House, aujourd’hui propriété de la Ville de Paris, se trouvait en mauvais état. Des travaux de rénovation s’imposaient. Anne Hidalgo (PS), maire de Paris, cherchait de l’argent. Elle a frappé à la porte de François Pinault… Ce dernier finance donc une partie importante de l’opération, à hauteur de 3,5 millions d’euros. Explication du milliardaire breton : « Quand je suis dans ma maison de Dinard, par beau temps, j’imagine apercevoir les côtes de Guernesey. Je me dis que c’est un bout de la Bretagne qui s’est détaché ». Les petits chantiers peuvent intéresser également François Pinault. Par exemple, la réfection des vitraux de l’église de Trévérien, sa commune natale. « Je me devais d’aider la commune puisque, quant j’étais gosse, avec mon copain Lassance Raymond, on s’amusait à caillasser les vitraux de l’église au lance-pierres. À l’époque, on n’avait pas été dénoncé. J’ai mis cinquante ans à me faire pardonner ! » (L’Obs, 25 avril 2019).
Vu le nombre de vieilles églises et de chapelles qui se trouvent en mauvais état en Bretagne, si François Pinault veut prendre l’affaire en main, il aura de quoi s’occuper. D’avantage qu’avec le Palazzo Grassi et la Pointe de la Douane de Venise. Davantage qu’avec la Bourse de Commerce de Paris.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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Une réponse à “François Pinault au secours de Victor Hugo”
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