Voici près de dix ans, le premier ministre gallois de l’époque, Rhodri Morgan, avait qualifié de triste et de regrettable la décision du gouvernement de fermer le consulat irlandais à Cardiff, pour des raisons économiques. Dix ans plus tard, les choses ont changé, et l’Irlande est de retour au Pays de Galles, puisque le consulat rouvrira dans les mois à venir.
« Nous attendons avec impatience le retour des Irlandais » a déclaré Richard Wyn Jones, professeur à l’Université de Cardiff. Le nouveau consulat de Cardiff sera dirigé par la nouvelle consule générale irlandaise Denise Hanrahan. Son homologue au consulat d’Édimbourg, qui n’a jamais fermé ses portes malgré les restrictions budgétaires de 2009, est Mark Hanniffy.
Pour M. Wyn Jones, le Brexit permettra de renforcer les relations gallo-irlandaises : « La fermeture du consulat il y a dix ans a été un coup dur. Il est clair que le gouvernement gallois est très désireux de resserrer les liens avec l’Irlande » explique-t-il au journal Irish Times. « Les liens des deux côtés de la mer d’Irlande sont vitaux pour les deux pays ».
Pays de Galles, Ecosse, Irlande du Nord, quel avenir après le Brexit ?
Cardiff et Edimbourg n’ont pas exactement les mêmes visions ni la même définition de la souveraineté : si en Écosse, le sentiment indépendantiste et la pression indépendantiste est forte, c’est moins le cas au Pays de Galles, où c’est plutôt une plus grande autonomie au sein du Royaume-Uni qui est souhaitée. Un sentiment particulièrement fort chez les jeunes, en particulier ceux du centre-gauche.
« Je suis frappé par la manière dont la perspective du Brexit a des conséquences, en particulier sur les jeunes militants travaillistes du Pays de Galles qui semblent de moins en moins attachés à l’Etat traditionnel britannique » explique M. Wyn Jones. « Ils se posent des questions qu’ils ne se posaient pas il y a quatre ans. Le Brexit a fait évoluer l’opinion au sein du Parti travailliste du Pays de Galles. Le Brexit les a déstabilisé » déclare l’universitaire de Cardiff.
Selon lui, le Brexit ne conduira pas à une poussée en faveur de l’indépendance galloise, mais entrainera de nouveaux débats « Ce n’est pas seulement le fait de savoir si nous voulons de pouvoir pour le Pays de Galles, ce sont les fondements même du Royaume-Uni qui se sont brisés »
Il faut rappeler à nos lecteurs qu’en 2016, en Ecosse et en Irlande du Nord, la population s’est prononcée majoritairement contre le Brexit et pour le maintien dans l’Union Européenne, tandis qu’au Pays de Galles, les gallois étaient à 53% favorables au Brexit. La donne pourrait changer aujourd’hui en cas de nouveau vote sur le Brexit au Pays de Galles.
Pour Kevin Pringle, journaliste et ancien membre du SNP (scottish national party) qui a participé à la campagne pour l’indépendance, en 2014 en Écosse, le Brexit pourrait être le déclencheur d’un nouveau type de relations entre l’Écosse, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et l’Irlande. L’Union européenne faisait en effet partie intégrante des institutions créées par l’accord de Belfast de 1998 (Good Friday, vendredi saint), tandis que l’influence européenne était également très importante dans les processus politiques d’autodétermination en Écosse et au Pays de Galles.
« L’Écosse et le Pays de Galles ne veulent pas renoncer à une relation désormais ancienne avec le reste de l’Europe. Le Brexit pourrait amener les gens à réfléchir à des solutions alternatives ». Pour Kevin Pringle, le Brexit pourrait encourager un processus d’indépendance pour l’Écosse, un processus d’unification irlandaise et un processus de plus grande autonomie pour le Pays de Galles même si il estime qu’un tiers des partisans du SNP ayant voté en 2014 pour l’indépendance ont voté deux ans plus tard pour quitter l’UE, signe que l’indépendance de l’Ecosse n’est pas forcément liée au maintien dans l’UE dans la tête des citoyens.
Le Brexit sonnera-t-il le réveil des Celtes ? Affaire à suivre.
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