55 % des salariés ne sont pas satisfaits de leur salaire actuel. C’est ce que révèle un sondage Ifop (le télécharger ici) pour Salaire-Brut-En-Net qui a interrogé des salariés du privé sur leurs salaires, leurs aspirations et leurs perspectives d’amélioration salariale afin de faire le point sur l’impact du prélèvement à la source sur « le salaire net ». L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 057 salariés d’entreprises privées et publiques résidant en France métropolitaine.
Parmi les revendications des manifestants et de la majorité des Français qui les ont soutenus massivement pendant plusieurs semaines, celles d’une amélioration du pouvoir d’achat, des salaires et de l’équité fiscale. Pour parer au plus urgent, quelques réponses avaient été apportées par le gouvernement. Dont la « prime Macron » en fin d’année dernière. Ainsi que la relative augmentation de la prime d’activité n’ayant concerné qu’une partie des salariés. Mais ces mesurettes sont loin, très loin de satisfaire les salariés français.
Le salaire actuel des salariés
Si le salaire moyen des Français est de 2 250 €, il est de 1 944,30 € en l’occurrence chez les salariés interrogés. Le salaire médian net se situant autour de 1 650 €. 14 % des salariés ont un salaire net de 3 000 € et plus. Cette moyenne passe à 48 % chez les cadres supérieurs, 39 % chez les dirigeants salariés. Précision faite que ces derniers peuvent également bénéficier de revenus issus de dividendes. Si on se base sur le niveau d’études, il n’y a que les diplômés du 2ème ou 3ème cycle qui vont bien au-delà de la moyenne gagnant 3 000 € et plus (34 %). Les diplômés du premier cycle sont à 11 %. Les autres bien en deçà encore (< 7%). D’un point de vue politique, on retrouvera une proportion plus importante de salariés aux revenus dépassant les 3 000 € plus proches de la politique actuelle de LR (25 %) et LREM (25 %).
55 % des salariés sondés insatisfaits de leurs salaires
Avec 55 % en moyenne, la majorité des salariés ne sont pas satisfaits de leur salaire actuel. Les plus insatisfaits sont ceux dont le salaire net se situe entre 1 000 et 1 500 €. Ils sont 75 % d’insatisfaits en moyenne. Alors qu’on note que ceux se situant dans la tranche du dessous, gagnant moins de 1 000 €, s’ils restent majoritairement insatisfaits (66 %), sont toutefois moins nombreux que ceux de la tranche du dessus. On peut émettre l’hypothèse que ces derniers sont peut-être plus nombreux à être éligibles aux prestations sociales. Ce qui interroge sur la perception de la classe moyenne basse d’un déclassement par rapport à la classe moyenne supérieure. Et sur l’incitation à travailler plus pour gagner peut-être à peine plus que les salariés percevant en complément des prestations sociales. Les soutiens du mouvement des Gilets jaunes sont plus nombreux que la moyenne à être insatisfaits de leur salaire (60 %). Il en est de même pour les électeurs qui ont voté Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle (60 %) et Marine Le Pen (65 %). Alors que le contraire s’opère chez ceux qui ont voté Emmanuel Macron. 60 % d’entre eux étant satisfaits de leur salaire.
Des perspectives d’augmentation limitées
63 % des salariés n’entrevoient pas de perspectives d’augmentation de leur salaire. Pour ceux qui gagnent moins de 1 000 € le pourcentage s’élève à 77 %. Pour la tranche du dessus (de 1 000 à 1 500 €), 71 %. En revanche, les salariés de plus de 3 000 € pensent pour 60 % d’entre eux avoir encore une marge de progression. Pour que la majorité des salariés soient satisfaits de leur salaire, il faudrait qu’en moyenne celui-ci augmente de 512 €. Or, cette moyenne prend en compte notamment les salariés gagnant 3 000 € et plus, dont 71% souhaiteraient un niveau d’augmentation bien plus important que la majorité des salariés. (735,60 € en moyenne). Si on calcule le montant médian d’augmentation de salaire souhaitée par l’ensemble des salariés, il est environ de 375 €. Donc pour que les salariés du privé soient en majorité satisfaits de leur salaire, il faudrait que leur salaire médian soit majoré d’au moins 375 €. Ce qui ramènerait ce salaire médian à 2 025 €. Alors qu’il est de 1 650 € actuellement.
Quelles répercussions du PAS (prélèvement à la source) et de la « prime Macron » sur les salariés du privé ?
Avant le Prélèvement à la Source, l’écrasante majorité des salariés (95 %) définissaient « le salaire net » comme étant celui restant après prélèvement des cotisations sociales/charges salariales et avant l’impôt sur le revenu. Depuis le PAS, la définition a changé pour 63 % des salariés. Lesquels définissent désormais « le salaire net » comme étant celui restant après prélèvement des cotisations sociales/charges salariales et après prélèvement du montant de l’impôt sur le revenu.
Si plus de 75 % des salariés en moyenne n’ont constaté aucune erreur lors du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source, il n’en est pas de même pour les dirigeants salariés. Puisque la moitié d’entre eux (51 %) ont relevé des erreurs.
Parmi les 29 % de salariés à avoir bénéficier de la « prime Macron », 42 % l’ont entièrement dépensée, 40 % l’ont en partie dépensée et 18 % l’ont mise entièrement de côté. On notera que parmi les personnes gagnant 3 000 € et plus, 23 % ont entièrement épargné cette somme. Contrairement à ceux gagnant moins de 1 000 € chez lesquels on n’en trouve aucun, ce qui n’est pas surprenant, cette somme ne permettant déjà pas de vivre dignement.
Un sondage qui, globalement donc, révèle une aspiration majoritaire des Français à une hausse de salaires. Les dirigeants économiques et politiques en tiendront-ils compte, ou poursuivront-ils la politique de la sourde oreille au risque de maximiser la colère et la violence dans la rue ? Réponse dans les prochaines semaines, dans les prochains mois.
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