Un faux Carles Puigdemont a été pendu, brûlé puis fusillé lors d’une fête de Pâques en Andalousie. Une haine anti-catalans qui, si elle s’inscrit là dans le cadre d’une manifestation locale, prend tout de même une tournure inquiétante dans certaines zones d’Espagne.
Carles Puigdemont mis à mort
Les images n’ont pas tardé à faire le buzz sur les réseaux sociaux. Elles témoignent d’une mise en scène de mauvais goût qui a eu lieu dans le village de Coripe, une commune d’Andalousie d’environ 1 300 habitants. À l’occasion d’une fête pascale, un mannequin représentant l’ancien président de la Généralité Catalogne Carles Puigdemont apparaît porté par des policiers municipaux traversant la foule locale sous les applaudissements et les insultes à l’encontre du nationaliste catalan.
D’autres détails retiennent l’attention : le faux Carles Puigdemont est affublé d’un drapeau indépendantiste catalan sur son dos tandis qu’un ruban jaune, signe de soutien aux prisonniers politiques catalans, est apposé sur son torse. La tête de l’homme est représentée par sa photo, collée sur le haut du mannequin.
Par la suite, la vidéo montre le mannequin pendu le long d’un mur et incendié. Enfin, comble du spectacle, des hommes vêtus de chasubles de la police municipale chargent leurs fusils avant de tirer à bout portant sur Carles Puigdemont sous les yeux d’un public complaisant.
ATENCIÓ: Així han « assassinat » el molt honorable president Puigdemont al poble de Coripe. La policia local carregava la munició en un cotxe amb el logotip de la Junta d’Andalusia. Perdoneu, però això és gravíssim. pic.twitter.com/ZgOHPaeALq
— Miquel Strubell fill ? (@miquelstrubell) 21 avril 2019
Carles Puigdemont : diverses réactions
La polémique n’a pas tardé à naître compte tenu de la viralité des images. Pour le maire du village de Coripe, par ailleurs membre du Parti socialiste espagnol (PSOE), cette exécution mise en scène ne serait qu’ « une satire, une parodie » concernant un « homme qui a fui la justice ».
Quant à Carles Puigdemont, il a fait part de ses réactions via Twitter :
« Aujourd’hui, dans une ville d’Espagne, dirigée par le PSOE, ils ont décidé de tirer et de brûler une poupée représentant ma personne et dotée d’un ruban jaune très visible. Ils ne voulaient pas seulement me fusiller et me brûler; ils voulaient se moquer de la lutte pour la liberté des prisonniers et des exilés. »
Today in a Spanish town they have decided to shoot and burn a effigy that represented my person wearing a yellow ribbon. They wanted to make mockery of the struggle for the freedom of political prisoners and exiles. This is the video…https://t.co/GgcqPqH99r
— Carles Puigdemont (@KRLS) 21 avril 2019
Et de poursuivre :
« Ce n’est pas une anecdote ni l’acte d’une minorité. C’est une activité officielle, soutenue par les autorités socialistes locales. De vraies munitions ont été utilisées, avec la participation de la police locale. »
No ha estat cap anècdota ni obra d’una minoria. Ha estat una activitat oficial, emparada per les autoritats socialistes locals. S’ha fet servir, fins i tot, munició real amb la participació de la policia local.
— Carles Puigdemont (@KRLS) 21 avril 2019
L’ancien prédisnet catalan a également reçu le soutien de différentes personnalités à travers l’Europe, notamment de la part des deux leaders nationalistes corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni :
« Curieuse démocratie que celle qui condamne à la prison ou l’exil les élus et citoyens qui organisent un référendum, et soutient les policiers qui distribuent les cartouches pour tirer sur l’éffigie d’un Président… Sustegnu fraternu [NDLR : soutien fraternel] à Carles Puigdemont »
Curieuse démocratie que celle qui condamne à la prison ou l’exil les élus et citoyens qui organisent un référendum, et soutient les policiers qui distribuent les cartouches pour tirer sur l’éffigie d’un Président… Sustegnu fraternu à Carles Puigdemont @KRLS ! https://t.co/aj1mqYXvZC
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) 22 avril 2019
Sustegnu fraternu à u Presidente Puigdemont https://t.co/ze2QO6HmX4
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) 22 avril 2019
En définitive, cette mise à mort fictive, par ailleurs tradition locale se répétant chaque année en prenant pour cible une personnalité différente, ne va pas apaiser le climat politique espagnol à quelques semaines des élections européennes.
Crédit photos : Capture YouTube
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