Les émissions provenant du dégel du pergélisol arctique pourraient être 12 fois plus élevées que les quantités prévues par les précédents modèles de prévisions. Avec pour conséquences une accélération du réchauffement climatique.
Pergélisol, un mélange menacé
Le pergélisol est un mélange de sol, de roche ou de sédiments gelés, que l’on trouve surtout dans les régions les plus septentrionales de l’hémisphère nord. Il couvre un cinquième de la surface terrestre dont 90 % du Groenland, 80 % de l’Alaska, 50 % du Canada et de la Russie, plus particulièrement dans sa partie sibérienne.
Toutefois, lors du dégel, ce pergélisol (permafrost en anglais) libère de grandes quantités de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, ce qui fait monter les températures et crée un cycle perpétuel où le pergélisol fond davantage. En résumé, un cercle vicieux qui accélère le réchauffement climatique.
Par ailleurs, ce dégel donne aussi lieu à l’émission d’oxyde nitreux (également appelé protoxyde d’azote), un troisième gaz à effet de serre presque 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Il reste dans l’atmosphère pendant 114 ans en moyenne, selon l’Environmental Protection Agency (EPA) américaine, une agence de protection de l’environnement indépendante du gouvernement des États-Unis.
Oxyde nitreux : émissions 12 fois plus élevées
Cependant, l’équipe de recherche à l’origine de l’étude, dirigée par des scientifiques de l’Université de Harvard, a découvert que les émissions d’oxyde nitreux sont 12 fois plus élevées qu’on ne le pensait auparavant et représentent donc une menace plus grande. Pour effectuer ces mesures, les scientifiques ont utilisé un petit avion avec une sonde sur l’avant de l’appareil pour mesurer les gaz à effet de serre sur une zone où le pergélisol était en phase de dégel dans le nord de l’Alaska.
Ils ont alors constaté que les émissions de protoxyde d’azote, communément dénommé par ailleurs « gaz hilarant », ont atteint en l’espace d’un mois ce qui était censé être la quantité annuelle selon d’anciennes prévisions datant de 2013. Ces nouvelles informations sur cet oxyde nitreux bien plus présent qu’envisagé inquiètent fortement les scientifiques. Il est effectivement le troisième plus important gaz à effet de serre réglementé par le Protocole de Kyoto après le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4).
Selon Jordan Wilkerson, l’un des auteurs de l’étude, « de faibles augmentations des émissions d’oxyde nitreux causeraient les mêmes changements climatiques que d’importantes quantités de CO2 ». Et le scientifique d’ajouter : « Il faut considérer ce phénomène plus au sérieux qu’il ne l’est maintenant. » Avant qu’il ne soit trop tard.
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