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Environnement. Nos rivières sont polluées par des pesticides

Selon une étude inédite, publiée par Générations futures mardi 16 avril 2019, des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens sont présents dans les rivières, à de nombreux endroits en France, mais aussi en Bretagne.

Ce nouveau rapport complète les études précédentes menées par l’association environnementale concernant la présence de ces produits chimiques dans l’eau du robinet, les aliments et l’organisme. Les doses quantifiées sont majoritairement faibles, inférieures au microgramme par litre mais cela n’est pas qu’une question de dose, mais d’exposition globale des écosystèmes. Les effets de l’atrazine à des doses très faibles, par exemple, ont été prouvés sur les batraciens, entraînant une féminisation des mâles.

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les perturbateurs endocriniens représentent aujourd’hui un enjeu majeur pour le corps médical et les pouvoirs publics. À cause de leurs conséquences biologiques mal appréhendées, parmi lesquelles, celles sur la fertilité, la thyroïde, ou leur rôle dans le développement des cancers.

L’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique les plus touchées en Bretagne

Ce travail de fourmi a porté sur l’année 2015 et sera actualisé en juin 2019, avec les données de 2017. Avec 50 à 70 molécules quantifiées au moins une fois sur l’ensemble de leurs cours d’eau, les départements de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique sont plus touchés que les autres départements bretons.

Avec moins d’une dizaine de substances actives décelées, les rivières de Haute-Corse, Corse-du-Sud, Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Ariège, Lozère et Creuse sont les moins exposées aux pesticides perturbateurs endocriniens.

Selon l’étude, les trois principales substances que l’on retrouve dans les eaux de surface françaises sont le glyphosate (dans 37 départements), l’atrazine-déséthyl (30 départements) et le métolachlore (15 départements).

Pourtant, ces deux dernières substances sont interdites dans l’Union européenne (UE) depuis au moins 10 ans.

Voici les conclusions dressées par Générations futures :

« Tout d’abord – et c’est ce qui nous a frappés lors de nos investigations – nous constatons le manque de cohérence et d’homogénéité dans les analyses effectuées. Ces différences peuvent bien sûr s’expliquer, en partie, par des situations géographiques et des contextes agro-industriels divers, mais le fait que les pratiques analytiques soient si disparates (notamment pour ce qui est des seuils de quantification) ne permet pas, à notre sens, une analyse optimale des différences interdépartementales.

De même, les manques de données constatées, ou le retard des remontées de certaines données, rendent impossible une publication complète et rapide de travaux permettant au public d’accéder à l’information, comme ce rapport.

Enfin, et surtout, les données que nous avons pu compiler mettent en exergue la forte présence de résidus de nombreux pesticides perturbateurs endocriniens suspectés dans les eaux de surface françaises dont on sait qu’ils peuvent avoir des conséquences néfastes pour les organismes aquatiques particulièrement sensibles à ces polluants.

La France s’est dotée en avril 2014 d’une première stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) qui n’a pas permis de réduire fortement l’exposition des populations et de notre environnement à ces substances. Fort de ce constat d’échec, une seconde stratégie a été mise en discussion. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une consultation publique à laquelle notre association a contribué, notant certaines avancées, mais constatant aussi un certain nombre de faiblesses. Depuis la fin de la consultation publique en date du 8 février, nous avons participé à une réunion du Groupe Santé Environnement qui fixe le cadre des actions politiques à mener en France sur ce sujet. Lors de cette réunion qui s’est tenue le 21 mars, notre association a regretté la frilosité des représentants politiques censés impulser le changement sur ces dossiers. »

Et l’association de faire des propositions. « Le Gouvernement et les élus de la majorité doivent donner les moyens nécessaires pour impulser de réelles avancées notamment en travaillant pour que l’Union européenne garantisse une réelle protection des citoyens et de leur environnement aux dangers de ces polluants. En adoptant une SNPE 2 réellement ambitieuse. Excluant de la mise sur le marché les pesticides perturbateurs endocriniens avérés et suspectés. En interdisant les épandages de pesticides à proximité des lieux de vie et de tous les points d’eau et donc en révisant l’arrêté du 4 mai 2017 sur l’utilisation des pesticides. »

Télécharger le rapport ici

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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