Les étudiants de l’école de journalisme (EDJ) de Sciences Po Paris ont demandé à la direction de l’école de clarifier ses positions vis-à-vis de journalistes de Franceinfo accusés de harcèlement.
Journalistes à Franceinfo licenciés
Si l’affaire de la Ligue du LOL avait fait beaucoup de bruit dans le microcosme du journalisme parisien, elle a notamment permis de lever le voile sur le comportement de certains au sein des rédactions, par ailleurs souvent prompts à donner des leçons de bien-pensance en public.
Depuis, des langues se sont déliées et plus récemment, c’est de la rédaction numérique de Franceinfo que sont venues de nouvelles accusations de harcèlement. Ainsi, au début de ce mois d’avril un journaliste du site Franceinfo.fr, dont la rédaction dépend de France Télévisions, a été licencié pour « comportements inappropriés ». Par ailleurs, le rédacteur en chef de cette même rédaction et son adjoint ont été mis à pied pour « manquement dans la réaction hiérarchique » et ce, le temps de faire la lumière sur leurs agissements.
Des investigations ont donc été menées à partir du mois de février dernier lorsque des rumeurs sur le comportement de cadres de la rédaction envers des journalistes femmes sont devenues trop persistantes.
Ils enseignaient à Sciences Po…
En plus de travailler pour la rédaction numérique de Franceinfo, les trois hommes mis en cause avaient par ailleurs d’autres activités : ils avaient notamment enseigné (ou enseignaient encore pour certains) à l’école de journalisme (EDJ) de Sciences Po Paris. De quoi poser plusieurs questions et, en premier lieu, celle de l’étrange mélange des genres entre leurs rôles de professeurs et de potentiels futurs employeurs.
Face à la polémique qui s’annonçait, la direction de Sciences Po Paris a alors décidé de mettre fin à sa collaboration avec les trois hommes incriminés dès le lendemain de l’évocation de ces comportements dans la presse. Mais cela n’a pas suffi à rassurer les étudiants de l’institution journalistique parisienne qui ont depuis demandé une clarification à leur direction en interrogeant sur les capacités de cette dernière à les protéger de tels agissements lors de leurs stages ou au cours de leurs périodes d’apprentissage.
Quelle protection pour les étudiants ?
À travers une lettre co-rédigée par un certain nombre de diplômés de la promotion 2018, les étudiants de l’EDJ ont choisi d’interpeller Frédéric Mion, directeur de Sciences Po : « Dès nos premiers jours à l’EDJ, nous avons appris que nos professeurs étaient tous de potentiels employeurs », indiquent-ils dans le courrier. « Nous aimerions que vous instituiez des garde-fous pour que de telles relations ne tournent pas à l’abus de pouvoir, et être certain.e.s que la protection de l’étudiant.e.s passera avant celle d’un partenariat avec un média. »
Une procédure qui ne suffit pas à rassurer les étudiants qui ont aussi interrogé la direction de Sciences Po Paris sur les éventuels liens amicaux entre des membres de cette dernière et les trois journalistes/enseignants en question. Des interrogations qui viennent ternir encore un peu plus l’image déjà bien écornée de la profession et devraient conduire certains élèves à envisager d’une manière différente leur avenir professionnel.
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