Saint-Brieuc est vraiment, avec Rennes, la ville du Punk en Bretagne. En complément de son festival annuel et de sa convention du tatouage, ce samedi 13 avril, c’est Gilles Bertin, ancien chanteur du groupe Camera Silens, qui viendra à la Fnac (pas très punk !) dédicacé son livre « Trente ans de cavale Ma vie de punk ».
Camera Silens fût un groupe phare de la scène punk-rock française du début des années 1980.
Toulouse, le 26 avril 1988. Déguisés en gendarmes, une improbable équipe de braqueurs – punks, anarchistes et toxicomanes – dévalisent les coffres de la Brink’s. Butin : 11,7 millions de francs, sans un coup de feu. La plupart des malfaiteurs seront interpellés et condamnés, sauf Gilles Bertin, chanteur de Camera Silens, groupe phare de la scène punk-rock française du début des années 1980. Espagne, Portugal, sa cavale va durer trente ans… Barcelone, le 18 novembre 2016. Après avoir serré dans ses bras sa compagne et son fils âgé de cinq ans, Gilles Bertin quitte son domicile barcelonais à l’aube. Direction Toulouse où il a rendez-vous avec son avocat pour se rendre à la justice.
De 1988 à 2016, de Bordeaux à Toulouse, via l’Espagne et le Portugal, Gilles Bertin nous livre le récit brut de son parcours de rebelle, tour à tour chanteur punk, anarchiste, cambrioleur, braqueur jusqu’au jour où il se livre à la justice.
Cet événement est en accès libre dans la limite des places disponibles.
Nos confrères de Infos Toulouse l’avaient interviewé il y a de cela déjà quelques mois, voir ci-dessous :
Comment s’est formé le groupe Camera Silens ?
On s’est rencontrés par hasard avec Benoit (le guitariste – ndlr) à 18/20 ans en traînant nos savates dans Bordeaux. On avait tous les deux envie de monter un groupe et donc on a commencé à chercher du « personnel« . On a rapidement trouvé un batteur et on a eu de la chance il était super, il jouait très vite (Philippe Schneiberger – ndlr). Du coup ça nous a fait progresser rapidement et on a pu démarrer… Pour le nom du groupe, il faut se rappeler qu’à l’époque en Europe, il y avait différents groupuscules d’extrême-gauche qui pratiquaient la guérilla urbaine. Il faut remettre ça dans son contexte mais il se trouve que « Camera Silens » est tiré du nom donné aux cellules d’emprisonnements où étaient enfermés les membres de la Fraction Armée Rouge (organisation terroriste d’extrême-gauche qui opéra de 1968 à 1998 – ndlr) en Allemagne. Nous étions fascinés, comme un peu tous les adolescents, par cette révolte… D’où ce nom.
Comment était la ville de Bordeaux à ce moment là ?
Je me souviens d’une ville noire, où les quais étaient vraiment chauds. Il y avait des bars là-bas, c’étaient de vrais coupes-gorges… Quand on voit Bordeaux maintenant c’est bien joli oui mais ça n’a plus rien à voir avec MON Bordeaux, celui que j’ai connu. Maintenant, je préfère Toulouse, c’est clair !
On sait que vos chansons ont inspiré de nombreux groupes jusqu’à aujourd’hui (comme Rixe, un groupe de Oï! parisien) et certaines de vos musiques sont désormais de véritables hymnes repris dans beaucoup de concerts. Quelles ont été vos influences premières ?
On a commencé avec le punk en 1977 avec des groupes comme les Sex Pistols, The Damned, The Stooges etc… Puis dans les années 80, on est rapidement passé à une frange plus dure avec le renouveau de la musique punk au travers de groupes tels que The Exploited, GBH etc… Mais honnêtement on s’est branché sur le street-punk qui était encore plus agressif à nos yeux. Nos exemples c’étaient Sham 69, Angelic Upstarts, Cock Sparrer… On a appelé ça plus tard la Oï! mais pour moi c’était encore du street-punk car y avait ce côté rock’n’roll. La Oï! de mon point de vue, c’est seulement des hymnes…
Est-ce que les compilations « Chaos en France », sorties chez « Chaos Production », vous ont permis de toucher un plus large public ?
On était déjà un peu suivis mais ça nous a ouvert un public, notamment grâce à ce fameux concert à Orléans : le Chaos Festival en 1984 avec tous les groupes du label « Chaos Production » (Kidnap, Les Collabos, Reich Orgasm, Komintern Sect, Trotskids… – ndlr). Ça nous a quand même permis de jouer devant plus de 2000 spectateurs; pratiquement tous des skinheads d’ailleurs… Il n’y avait plus de punks du tout alors que lorsque l’on a commencé, la parité était plus respectée. Je me souviens que le concert avait été un peu violent, le service d’ordre était composé de bikers et de futurs Hells Angels donc ça avait bastonné mais heureusement qu’ils étaient là… Il faut dire qu’il y avait certains skins de Paris qui étaient venus uniquement pour foutre la merde. C’était vraiment tendu…
Avec finalement un seul album sorti avec vous en tant que chanteur (Réalité – 1985), Camera Silens est toujours considéré comme l’un des groupes emblématiques de la scène punk-rock française des années 80, au même titre que Komintern Sect, OTH ou bien encore La Souris Déglinguée. Comment expliquez-vous un tel succès ?
J’ai été le premier surpris. Je suis parti pendant 30 ans, j’ai vécu ailleurs et je n’étais donc pas du tout au jus de ce qu’il se passait en France d’un point de vue musical et culturel. J’ai été complètement étonné de voir que Camera Silens était devenu une sorte de petit mythe. A l’époque, il n’y avait aucune prétention à faire carrière et on se projetait absolument pas dans le futur. Je ne pensais pas revenir en France et m’apercevoir qu’on ne nous avait pas oubliés ! Je vois que des jeunes, notamment sur YouTube, s’intéressent à notre musique et c’est vachement bien. Ça prouve au moins qu’on a pas fait ça pour rien quoi… C’est que du positif pour moi. Et pourtant à l’époque le groupe n’avait aucun succès ! Le premier pressage de « Réalité » est sorti en seulement 4000 exemplaires, distribué par New Rose (disquaire mythique du 6ème arrondissement de Paris dans les années 80 – ndlr)… Ça s’est vendu mais sur la longueur. Ensuite, il y a eu pas mal de rééditions…
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