Voici une mobilisation qui va faire couler de l’encre et provoquer quelques débats. La Société Protectrice des Animaux (SPA) veut réformer la loi, et faire interdire une tradition du sud de l’Europe, et de la France en particulier : la corrida.
« Peut-on justifier la souffrance animale ? Aurions-nous en France, une cruauté interdite pour les animaux de compagnie qui mérite d’être sanctionnée, et une cruauté permise pour les taureaux qui serait légale ? La corrida n’est toujours pas interdite au prétexte qu’il s’agit d’une “tradition locale ininterrompue”. Des taureaux sont ainsi torturés et mis à mort. Face à l’incohérence de cette exception à la cruauté, la SPA ne cessera de se mobiliser à travers des actions militantes pour faire évoluer les mentalités, et plus concrètement ces pratiques barbares. » expliquent les responsables de la SPA qui ont lancé une campagne visant à l’abolition de la corrida en France.
Et une vidéo choc pour l’occasion :
https://www.youtube.com/watch?v=v5lvyYK1yqc
Selon Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA : « Comment, si notre pays continue à autoriser la mise en scène de ce qui n’est en réalité qu’un supplice, apprendre aux générations futures qu’un animal est un être vivant doué de sensibilité ? Un tel spectacle incite à légitimer toutes les violences qui sont commises sur les animaux. Un grand élan de mobilisation est possible aujourd’hui pour gagner ce combat et faire en sorte que les arènes ne se transforment plus en scènes de crime. »
Les arguments des partisans de la corrida
Les partisans de la Corrida eux, ont également beaucoup de raison de défendre cette pratique, qui nous est inconnue en Bretagne. Il suffit de lire le livre de Francis Wolff, 50 raisons défendre la corrida, pour s’en rendre compte.
En voici quelques-unes extraites du livre, pour alimenter le débat entre partisans et opposants de ce spectacle traditionnel :
Corrida et valeurs humanistes
36. Dans l’arène, un des plaisirs essentiels de l’aficionado est de tenter de comprendre le comportement du taureau, de penser avec lui : on est loin des jouissances perverses.
37. Le plaisir du spectateur vient aussi de son admiration pour l’intelligence du torero. Tel est le sens de la corrida : montrer l’intelligence humaine triomphant de la force naturelle, leçon constante et universelle de tout humanisme.
38. On admire également les vertus morales du torero : courage, panache, maîtrise de soi, sincérité, solidarité.
39. On ne peut confondre les principes de l’humanisme avec ceux de l’animalisme : l’animalisme n’est pas une extension des valeurs humanistes, il en est la négation.
Corrida et valeurs esthétiques
40. La corrida est un spectacle aussi puissant que singulier, un spectacle total de la grandeur et de la démesure.
41. L’art du toreo consiste à créer de la beauté. Le torero met de l’ordre là où il n’y avait que du chaos, il crée du beau à partir de son contraire, la peur de mourir.
42. L’art du toreo est à la fois classique par sa recherche du beau et contemporain par sa présentation brute du corps, de la blessure, de la mort.
43. La corrida est un drame tragique à qui il revient de montrer la mort dans sa réalité. Tout y est représenté comme au théâtre et pourtant tout y est vrai comme dans la vie.
44. La corrida est aussi liée à la fête, moment où toute une communauté se voit elle-même dans l’arène, communiant dans une même cérémonie, avec un même sentiment de vivre ensemble un évènement unique.
Les dangers de l’animalisme
45. L’idéologie dont le mouvement anti-taurin est porteur consiste à mettre sur le même plan animaux et hommes. Qu’en est-il des valeurs de justice, de générosité, de fraternité, des valeurs du « vivre ensemble » si l’on réduit la communauté humaine à celle, infiniment moins exigeante, des animaux?
46. L’image aseptisée et doucereuse que l’on se fait actuellement de l’animal dans nos sociétés industrialisées et urbanisées gagne du terrain. La corrida contredit cette vision ingénue et irresponsable.
47. Si l’on interdisait la corrida ne faudrait-il pas interdire aussi la chasse, la pêche, la production de foie gras, etc.? Jusqu’où cette folie prohibitionniste pourrait-elle aller?
48. Les principes animalistes trouvent actuellement leur source dans l’impérialisme culturel anglo-saxon.
49. L’actuelle vague animaliste, même si elle n’a pas atteint son apogée, s’appuie sur des valeurs morales trop faibles et douteuses pour mettre à mal la corrida qui a déjà, au cours de sa jeune histoire, surmonté des oppositions autrement plus importantes.
50. Si un jour la corrida meurt c’est qu’elle ne déclenchera plus aucune passion. D’ici-là, il est sage pour le législateur de faire prévaloir le principe de liberté.
« D’un coup vous supprimez la corrida. Que perd-on ? On perd d’abord un rapport à l’animalité. Quelle image de l’animal restera-t-il, pour alimenter l’imaginaire de l’homme et la réalité de ses relations avec son Autre qu’est l’animal, en dehors des caniches nains du salon? Toutes les bêtes au travail ont été progressivement remplacées par des machines, et toutes les bêtes productrices de viande sont progressivement remplacées par des machines à viande qu’on n’ose pas appeler « animaux ». Est-ce cela la « nature » ? Quel rite païen allons-nous conserver, dans une société qui abandonne progressivement toutes ses cérémonies ? Voulons-nous vraiment n’avoir plus le choix qu’entre l’utilitarisme et le radicalisme religieux ? …
Pour ceux qui l’aiment et la comprennent, la corrida est un lieu de résistance à tout ce que notre post-modernité nous fait perdre chaque jour. »
Le débat est ouvert !
Crédit photo : DR
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