On attend avec impatience, à Rennes, le match Nathalie Appéré (PS) / Carole Gandon (LREM). La première est tenante du titre (maire) et la seconde aspire à s’en emparer. L’« ancien monde » contre le « nouveau monde »…
Carole Gandon veut diriger la liste LREM aux prochaines élections municipales à Rennes ; elle est candidate à l’investiture. Déjà référente départementale du parti gouvernemental en Ille-et-Vilaine, elle souhaite donc virer de l’hôtel – de ville – Nathalie Appéré (PS), le maire. Elle peut y parvenir car les marcheurs et les socialistes s’adressent à la même clientèle électorale : les nouvelles classes moyennes urbaines qui sont dominantes dans les métropoles. Très modestement, Mme Gandon souligne qu’« il y a des gens qui ont envie de faire bouger cette ville » (Ouest-France, Rennes, vendredi 29 mars 2019).
Mme Appéré pourrait objecter que Rennes est une ville qui bouge. Deux exemples : dans le quartier de Maurepas, le trafic de drogue est florissant ; les policiers parviennent à enregistrer 35 transactions en une seule journée au n°4 de l’allée de Brno (Ouest-France, Rennes, vendredi 15 mars 2019). L’après-midi, place Hoche, deux équipes de dealers vendent du cannabis et de la cocaïne ; mais comme la concurrence est rude, il leur arrive de se battre sans tenir compte du « public » (Ouest-France, Rennes, mercredi 27 mars 2019). Pour toutes ces raisons, et d’autres, ça bouge à Rennes.
La partie ne sera pas aisée pour Mme Gandon
Mais Carole Gandon, qui ne sait pas tout, à d’autres soucis en ce moment : « Mon actualité et ma principale préoccupation, aujourd’hui, c’est celle du démarrage de la campagne des européennes. Et la mobilisation des équipes sera totale à Rennes. » Pour la « mobilisation des équipes », on attend pour voir. À coup sûr, Mme Gandon confond supporter et militant. Le premier s’est manifesté sur Internet mais n’a nullement l’intention de retrousser ses manches et de faire du porte-à-porte par exemple. Quant au second, il est devenu tellement rare sur le marché qu’il semble inutile d’en parler. Certes, comme l’argent ne fait pas défaut chez les marcheurs, on peut payer des « petites mains »…
Pour autant, la partie ne sera pas aisée pour Mme Gandon. Car les socialistes qui sont installés à la mairie depuis le règne d’Edmond Hervé (1977-2008) – l’homme qui succède au démocrate-chrétien Henri Fréville –, considèrent être propriétaires de la ville ; ils sont chez eux. C’est pourquoi ils ne se laisseront pas déloger facilement. Disposant de nombreuses cartes dans leur jeu (réseaux, obligés, courtisans, monde de l’enseignement, membre des cabinets…), les socialistes chercheront à montrer que « l’accident industriel » de 2017 – ils ont perdu toutes les circonscriptions en Ille-et-Vilaine – n’est qu’un mauvais souvenir. Et puis, si nécessaire, une fusion des deux listes (PS et LREM) au second tour est toujours possible puisqu’il s’agit de la même clientèle électorale.
Bernard Morvan
Photo : Édouard Hue/Wikimedia (cc)
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