Depuis l’intervention militaire anglo-franco-américaine, ayant abouti à la chute du régime avec en prime le décès de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, le pays ne cesse de sombrer. Il y a seulement quelques jours, à la fin du mois de Mars, le maréchal Haftar (chef de l’Armée nationale libyenne, soutenue par l’Égypte notamment), était reçu au palais Al Yamamah par le roi Salman en personne pour une rencontre en comité restreint.
D’après Saudi Press Agency, il y a été question essentiellement de sécurités intérieures libyennes ainsi que des derniers développements en la matière. Le ministre de l’Intérieur, des Affaires étrangères ainsi que le ministre d’État aux Affaires africaines saoudien étaient également présents. Est-ce que le maréchal a reçu l’autorisation d’intervenir militairement contre le gouvernement d’union nationale du Premier ministre Fayez el-Sarraj, soutenue par la France, l’Allemagne, les USA, l’Italie, le Qatar ou encore la Turquie ?
Quoi qu’il en soit la situation s’est brusquement accélérée suite à cette rencontre.
Mercredi 3 avril, les troupes du maréchal ont quitté leurs casernes de Benghazi (Est du pays) en direction de la capitale Tripoli. Le but annoncé dans un communiqué étant une offensive d’envergure pour « purger l’Ouest », des « mercenaires et des terroristes ». Le lendemain, les militaires, s’étant divisé en deux groupes d’interventions, l’un étant positionné à Tarhounah (Sud-Est de la capitale), quant au second, il aurait été aperçu au sud d’El Azizia (Sud-Ouest de la capitale). Ce qui, de facto, entraînait l’encerclement de Tripoli par les hommes d’Haftar. Le Premier ministre du gouvernement d’union nationale avait donné l’ordre à toutes les forces qui le soutiennent de se préparer pour faire face à la menace, dès la sortie du communiqué. Un état d’urgence a été déclenché et les hommes et milices (tripolitaines et de Misrata) fidèles ont été mis en état d’alerte. L’ONU s’inquiète de ces nouvelles tensions et du risque d’escalade en Libye. À la demande du Royaume-Uni, une réunion d’urgence du conseil de sécurité doit avoir lieu aujourd’hui, 5 avril, à 19h.
Après plusieurs années de chaos entre différentes factions, allant de la prise de Syrte par des soldats de l’état islamique -puis sa libération- au meurtre de l’ambassadeur américain. Cette période de quasi guerre civile entre partis rivaux, faisait le jeu des milices armées impliquées dans le trafic d’êtres humains à échelle industrielle en direction de l’Europe, et leur permettaient de gagner en puissance par le biais de ce financement. Aujourd’hui c’est la lutte d’influence entre l’Arabie Saoudite et le Qatar qui semble bouleverser la donne. Va-t-elle de nouveau faire éclater un conflit armé par procuration sur ce territoire tiers ? Les prochaines heures devraient nous apporter des réponses.
Julien Ruzé
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