Après 1945 les crimes du nazisme réalisés au nom du paradigme de la race ont induit, bizarrement, l’antiracisme à revêtir également les habits de la science. Sous les auspices des organisations internationales nouvellement créées, comme l’UNESCO, il s’agissait de reproduire en quelque sorte le discours nazi en l’inversant. Si le nazisme avait justifié son racisme en l’appuyant sur la science, l’antiracisme désormais se référait à une démarche comparable en s’autorisant des dernières données de la recherche biologique. La notion de race humaine n’avait plus de sens, elle n’était qu’un vulgaire préjugé.
Nous avons vécu six décennies sous ce régime narratif jusqu’à ce que dans les années 2000 l’invention de nouvelles méthodes beaucoup plus fines d’exploration du génome humain apportent des confirmations à la typologie établie au XIX siècle par l’ancienne anthropologie physique. Dès lors la proposition de « groupes humains d’ascendance » que l’on ose plus appeler « races » devenait possible reléguant l’antiracisme dans une catégorie dont il n’aurait jamais du sortir, celle d’une option strictement morale. C’est la démonstration que tente ici d’ébaucher l’anthropologue Wiktor Stoczkowski avec la prudence qui sied à ce sujet brûlant.
Pierre Bérard
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