Le Conseil Municipal de décembre avait voté la tenue d’un referendum sur la destruction ou la rénovation du bâtiment des Halles : le référendum local est un mode consultatif des électeurs prévu par le Code général des collectivités territoriales. Ce dernier précise que le résultat s’impose au conseil municipal si 50 % au moins des électeurs inscrits ont pris part au vote et s’il réunit la majorité des suffrages exprimés Si le pourcentage n’est pas atteint ou dépassé, le référendum n’a alors que la portée d’un avis consultatif.
A l’époque, l’opposition PS-LREM-EELV-PC avait refusé de participer au vote, remarquant que la question posée aux Quimpérois était rédigée de sorte à donner à la majorité actuelle, celle du maire LR « Macron-compatible » Ludovic Jolivet, un avantage. En effet, ce dernier s’est positionné pour la destruction d’un bâtiment pourtant emblématique du cetre ville mais jugé trop vétuste. Pourtant le bâtiment n’a qu’une cinquantaine d’année et n’est pas une de ces abominations modernes en béton qui pouvait avoir lieu à cette époque.
L’autre opposition, centristes à forte coloration écolo, Les Européens, s’était prononcée pour la tenue du referendum, mais contre l’avis du Maire, estimant que le bâtiment méritait un rafraîchissement et que l’argent public devait réservé pour d’autres projets avec des retours sur investissement.
Le mois de février a vu une assez discrète campagne, se déroulant à coup de communiqués et de posts sur les réseaux sociaux. Au final, il y a une double défaite pour le Maire LR : seulement 20% de participation au lieu des 50% nécessaires, puis une défaite écrasante pour le camp du Maire : un tiers pour deux tiers contre.
Il est rare à un an des élections municipales d’avoir un aperçu du paysage aussi clair, car le Maire et son adjoint à l’urbanisme s’étaient personnellement et fortement engagé dans la campagne, sortant même des pin’s pour l’occasion. Ce dernier, Guillaume Menguy, avait même dessiné un croquis de sa propre main, immédiatement relayé pour toute la presse locale qui était embêtée de n’avoir aucun projet à présenter à ses lecteurs en cas de destruction puis reconstruction des Halles.
Les mines déconfites le dimanche du referendum, les membres de la majorité Jolivet n’ont pas réussi à justifier les chiffres de leur défaite.
Les perdants
Premiers perdants, la majorité actuelle donc mais aussi l’association de commerçants Les Vitrines de Quimper, qui est très proche depuis le début du mandat de la première. Un dossier monté à la va-vite, trop peu d’arguments, une atteinte à un bâtiment emblématique du centre, des chiffres déconnectés des soucis de la population : on parlait en effet de 10 millions d’euros pour reconstruire un bâtiment qui existe déjà !
La pré campagne commence mal pour le Maire LR qui se présente comme le candidat à sa propre succession. Il était pourtant sur son terrain de prédilection, y imposant une bataille qu’il a perdue dans les grandes largeurs.
Autre perdant : Daniel Le Bigot, leader EELV, se retrouvant au final sur la même ligne que le maire LR après avoir refusé de participer au vote du conseil municipal, mais après avoir été le premier à se prononcer pour une démolition-reconstruction des Halles.
Les gagnants
A coup sûr : les finances de la ville. Le coût d’une rénovation partielle sera plus facilement maîtrisable. Si les travaux coûtent plus chers que prévu, il sera plus facile de s’arrêter à temps.
Second gagnant : la tranquillité pour les habitants du centre ville. En effet, il n’y aura pas de travaux qui vont durer des années et immobiliser le centre.
Les vainqueurs politiques sont les oppositions : la gauche était sceptique et a fait campagne pour le non. Le PS reprend donc des couleurs depuis peu : Ludovic Jolivet s’est planté et sa leader, Isabelle Assih, conseillère départementale issue de l’aile gauche du parti, a été désignée par les instances locales du PS au cours d’élections internes. Rien à voir avec l’année 2013 qui avait vu des élections internes difficiles entre plusieurs prétendants dont Bernard Poignant, le sortant.
Les Européens : une campagne minimale, mais leur proposition, l’utilisation des referendums locaux, a été retenue, et leur position est restée en phase avec les Quimpérois. Le soir des résultats, un de leurs conseillers municipaux s’est exprimé sur twitter en remerciant les Quimpérois
#Quimper
Comme quoi, l’utilisation des bonnes idées des autres ( #referendum ) ne suffit pas pour faire gagner ses mauvaises idées ( destruction des #halles)
Merci aux Quimpérois.— Dominique Lambert (@DominiqLambert) 3 mars 2019
Sur la même ligne ne s’est pas trompée l’association Actes en Cornouaille, comprenant d’anciens élus municipaux EELV et de membres de la France Insoumise.
Aux abonnés absents
Sont à noter aux abonnés absents la gauche éco-régionaliste locale, dont le leader Jérôme Abbassene s’est tenu éloigné du sujet, alors qu’il est en général actif sur tous les sujets municipaux. Les différents partis à droite de LR comme le FN ou DLF n’ont pas su ou n’ont pas voulu intervenir sur ces affaires de bâtiment et de dépenses publiques. D’un autre côté, les partis d’extrême gauche ont été peu audibles, plus à l’aise sur les thèmes nationaux.
Cela n’empêchera cependant ni les uns ni les autres de peser sur les élections locales de 2020.
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