Le 54ème numéro de la revue War Raok! vient de paraître. Nous vous en proposons ci-dessous en exclusivité le sommaire, ainsi que l’éditorial, de Padrig Montauzier.
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Notre combat pour les libertés bretonnes
La Bretagne s’est constituée très tôt en État indépendant et il faut souligner que c’est le seul des peuples celtiques à avoir formé véritablement un État de structure moderne avant l’époque contemporaine. Des siècles de souveraineté font que la Bretagne sort de la féodalité et de l’émiettement de l’autorité politique qu’elle implique bien avant la plupart des autres États de l’Occident, comme la France dont l’État n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements et que l’autorité de son chef ne dépassait pas les limites d’une minuscule principauté. Rappelons enfin que la conception proprement bretonne de l’État et de la nation est absolument étrangère aux conceptions françaises de l’époque. Et puis l’histoire fait de la Bretagne, jadis vieille nation souveraine, une province conservant néanmoins une certaine autonomie au sein du royaume de France, puis dans l’ivresse de la construction d’un monde nouveau, la révolution française fera table rase du passé. On raie la Bretagne de la carte. La Bretagne résiste donc, les armes à la main, contre un État français césarien et autoritaire. C’est une lutte de l’esprit de liberté contre l’esprit de servitude.
Plus près de nous et depuis la fin la seconde guerre mondiale la revendication bretonne s’est trop souvent placée sur le plan culturel d’une part et sur le plan économique de l’autre. Il apparaît aujourd’hui, et je dirais même qu’il est urgent et nécessaire de faire un grand pas en avant. En effet, il est illusoire de penser que les libertés culturelles de la Bretagne seront pleinement assurées, ou ses intérêts économiques totalement protégés, si le peuple breton ne dispose pas de libertés politiques et administratives réelles, indispensables, pour ne pas dire essentielles.
Pourquoi ce rapide survol de l’histoire de notre nation bretonne ? Tout simplement pour « coller » à la réalité politique actuelle, à cette tempête jaune, ce soulèvement populaire conséquence d’un réel malaise social. En Bretagne nos sympathiques gilets jaunes défilent sous les couleurs nationales bretonnes, Gwenn ha Du et Kroaz du, et boudent manifestement le drapeau de la république française ! C’est l’affirmation d’une appartenance à un peuple distinct, c’est également la défense d’un mode de vie en train de disparaître reposant sur des valeurs traditionnelles et sur une culture spécifique enracinée. Néanmoins, très certainement par manque de culture politique, mais surtout par méconnaissance de leur propre histoire, histoire que l’État français refuse obstinément d’enseigner avec la complicité de l’Éducation coloniale française, il manque donc dans le cahier de doléances de nos gilets jaunes bretons des revendications spécifiquement bretonnes. La fierté du drapeau ne suffit pas. Il faut exprimer des exigences politiques, exigences dues au peuple breton comme à tous les peuples aujourd’hui privés de leurs droits nationaux. C’est l’occasion ou jamais de mettre l’État français au pied du mur, d’exiger un statut de large autonomie pour la Bretagne, statut représentant la première étape de l’émancipation du peuple breton. Avec ce statut les Bretons pourront ainsi gérer leurs propres intérêts économiques, vivre selon leurs propres aspirations, leurs croyances, développer et enseigner leur langue… Voilà ce qui doit figurer en lettres rouges dans le cahier de revendications des gilets jaunes bretons. Ainsi précisé, ce combat sera celui d’authentiques défenseurs d’une civilisation millénaire que certains, regroupés dans une « caste d’intouchables », d’élites hors sol, de cosmopolites, de progressistes ou encore d’européo-mondialistes, veulent abattre.
Les gilets jaunes ont toute ma sympathie. J’apprécie la démarche révolutionnaire du mouvement et la détermination sans faille des femmes et des hommes de mon pays. J’ai toujours pensé que la vie ne valait pas d’être vécue et qu’un homme ne pouvait se réaliser pleinement s’il ne se dévouait à une cause qui dépasse un peu sa condition. Les sacrifices ne sont jamais trop grands lorsque l’on croit à la cause pour laquelle on les consent.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE WAR RAOK N° 54 Mars 2019.
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3 (Padrig Montauzier).
Buan ha Buan page 4 (J. Le Cloarec, Thierry Biaggi, J. Le Bouter, Loeiz Le Goff, Georges Feltin-Tracol…)
Politique : Le Japon veut s’ouvrir à l’immigration page 11 (Erwan Houardon).
Littérature : Les lettres bretonnes, renaissance et postérité page 13 (Goulc’hen Danio de Rosquelfen).
Billet d’humeur : La résistance n’aime pas les profanations page 18 (Youenn Caouissin).
Hent an Dazont : Votre cahier de 4 pages en breton page 19 (Yann Tregael ha Tepod Mab Kerlevenez).
Tribune libre : Usurpation et falsification d’un concept page 24 (Simone Le Baron).
Politique : Deux échos de presse « sans importance » page 26 (Erwan Houardon).
Histoire de Bretagne : La bataille de Jengland page 29 (Meriadeg de Keranflec’h).
Environnement : Comment faire un jardin en permaculture page 31 (Mael Le Cosquer).
Civilisation bretonne : Fonctions et visages de la Déesse-mère page 33 (Fulup Perc’hirin).
Nature : L’oiseau qui « avale » le vent page 36 (Youenn Caouissin).
Lip-e-bav : Soufflé aux pommes et madeleines page 37 (Youenn ar C’heginer)
Keleier ar Vro : Un chant du XVe gravé dans la pierre page 38 (Rozenn Le Hir).
Bretagne sacrée : La Vallée des Saints page 39 (Per Manac’h).
Crédit photos : DR
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