Devenir maire de La Baule constitue un exercice difficile. À cause de la sociologie très particulière de cette ville, les thèmes habituels ne fonctionnement pas. Les électeurs baulois veulent une vie agréable et douce. Mais aussi un maire présent et disponible. Franck Louvrier est-il l’homme de la situation ?
Franck Louvrier met le paquet
Il faut reconnaître que Franck Louvrier met le paquet pour devenir maire de La Baule. Depuis l’été 2018, il est en campagne avec son association « La Baule audacieuse ». Après quatre ateliers thématiques, il lance des ateliers de quartier animés par ses amis. Car notre homme est inquiet ; il craint d’autres candidatures à droite – par exemple celle de Jean-Yves Gontier et surtout celle (non officielle) de Xavier de Zuchowicz, l’adloint au maire sortant Yves Métaireau. On notera que ce dernier n’a pas encore indiqué ses préférences : Louvrier ou Zuchowicz ?
Alors Louvrier met les bouchées doubles et fait de belles déclarations. Ainsi, à ceux qui seraient tentés de lui reprocher sa dispersion géographique, il répond « qu’il compte se consacrer entièrement aux élections municipales pour la ville de La Baule » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 17 janvier 2019).
L’intégration des trottinettes électrique…
Au cours de ces ateliers, d’innombrables idées ont germé ; ça allait de l’intégration des trottinettes électriques à la création d’une police montée, en passant par des animations sur l’eau (Ouest-France, Saint-Nazaire, mercredi 6 mars 2019). Mais il n’est pas certain que la question centrale ait été posée. Déjà vice-président du conseil régional des Pays de la Loire en charge du tourisme et président du comité régional du tourisme – un job qui vaut bien ses 35 heures si on le fait sérieusement –, Franck Louvrier est directeur de la communication et des relations institutionnelles de la Métropole Nice Côte d’Azur ; il est basé à Paris où la métropole niçoise dispose d’une antenne. On peut parler d’un second job qui vaut bien ses 35 heures si, lui aussi, on le fait sérieusement. Donc quand Louvrier déclare « Moi, mon seul parti, c’est La Baule » (Presse Océan, 8 mai 2018), déclaration d’amour confirmée huit jours plus tard : « Ma ville, c’est mon parti » (Ouest-France, Saint-Nazaire, lundi 14 mai 2018), on a le droit de rigoler ; il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée…
Un élu à temps très partiel ?
Dans ces conditions, si Louvrier devient maire de La Baule, nous aurons affaire à un élu à temps très partiel – comme l’était Olivier Guichard autrefois. Il apparaîtra en fin de semaine, il coupera les rubans aux inaugurations, il mariera les gens importants et il remontera dans le TGV. En effet les seules indemnités de maire et de conseiller régional ne suffiront pas pour assurer son train de vie ; il a besoin d’un salaire confortable que seul son emploi de directeur – cadeau fourni par Christian Estrosi, le maire de Nice, c’est-à-dire combine entre sarkozystes – peut lui assurer. Comme le dit si bien Louvrier : « La Baule un jour, La Baule toujours » (Presse Océan, jeudi 17 janvier 2019).
Une fois installé à l’hôtel de ville, il expliquera doctement à ceux qui voudront savoir comment il s’y prend pour être au four et au moulin : « Il faut savoir s’organiser ». Prière de comprendre : le premier adjoint et le chef de cabinet se coltinent les dossiers, la présence du maire n’étant requise que dans les grands moments de la vie bauloise.
Mais comme il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, Louvrier joue les modestes : « Je suis dans une démarche de rassemblement » (Ouest-France, Saint-Nazaire, 6 mars 2019). En attendant, il compte évidemment sur sa casquette de président de la fédération LR de Loire-Atlantique pour neutraliser les autres candidats de droite au fauteuil de maire.
Bernard Morvan
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