L’acte XVIII des Gilets jaunes aura donc été le dernier pour Michel Delpuech. Éreinté par les gilets jaunes et mis à mal par l’opposition, le premier ministre, Edouard Philippe, a donc décidé de prendre des mesures pour tenter d’étouffer l’incendie qui ronge l’exécutif. Pour masquer l’incompétence du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, c’est bien le préfet de police de Paris qui a servi de fusible. En effet, moins de deux ans après sa prise de fonction, Michel Delpuech a été limogé et devrait être remplacé par Didier Lallement, préfet de la Nouvelle-Aquitaine.
Une décision annoncée par le premier ministre qui est la conséquence directe de l’échec du maintien de l’ordre dans la Capitale. Après quatre mois de manifestations hebdomadaires, dont certaines très violentes, Michel Delpuech apparaît ainsi comme le fusible idéal dans cette affaire qui embarrasse l’exécutif, montré du doigt pour son incapacité à endiguer le phénomène. Et les explications pour justifier le limogeage du préfet de police ne manque pas.
Un départ qui se justifie par l’usage parcimonieux des LBD 40 lors de cet acte XVIII. Pourtant, l’arme intermédiaire utilisée par les forces de l’ordre était bien présente sur les Champs-Elysées, en témoigne la nouvelle blessure à l’oeil d’un manifestant.
Le gouvernement a, avant tout, souhaité faire passer un message…. le préfet de police est l’unique responsable de la débâcle qui a pourtant tout d’un fiasco collectif. Une solution de facilité pour le gouvernement alors que Michel Delpuech était déjà sur la sellette après l’épisode Benalla de l’été dernier. D’ailleurs, son sort semblait scellé dès lundi matin lorsque Laurent Nunez, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, avait mis en cause l’ensemble de la « chaîne de commandement ».
Un bouc émissaire tout désigné qui prend davantage l’aspect de bouée de sauvetage pour le locataire de la Place Beauvau qui n’a pas manqué de pointer du doigt les défaillances du préfet de police. Pourtant une chose est sûre, le préfet de police agit directement sous les instructions du ministère de l’intérieur.
Afin de sauver les apparences et justifier les dires du premier ministre, le grand ménage de printemps au sein des autorités policières se poursuit avec les départs du directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch, et du directeur de cabinet du préfet de police, Pierre Gaudin.
Une ficelle un peu grosse
Une ficelle un peu grosse. C’est d’ailleurs ce que dénonce d’une seule voix l’opposition. De la France Insoumise au Rassemblement National, en passant par les Républicains et Debout la France. Pour tous, l’unique responsable de ces défaillances demeure Christophe Castaner dont la démission est réclamée. Pour autant, tout porte à croire que le premier flic de France va le rester au moins jusqu’à la fin de la crise des Gilets Jaunes…
Du côté du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, et d’autres élus de sa formation, on va plus loin. Ils dénoncent le remplacement de Michel Delpuech, par le préfet de Nouvelle-Aquitaine, Didier Lallement qualifié de prime à la violence. Une référence directe au matraquage du député LFI, Loïc Prud’homme, alors qu’il quittait une manifestation de gilets jaunes à Bordeaux, le 2 mars dernier. C’est également à Bordeaux que de nombreux rassemblements ont dégénéré et qu’un gilet jaune a dû être amputé à cause d’une grenade de désencerclement.
A croire que pour protéger Christophe Castaner, on cherchait davantage un nouveau pare-feu qu’une personnalité compétente.
En plus du ménage dans les responsables de la sécurité, l’exécutif aura également profité des débordements pour avancer encore dans sa dérive autoritaire. Ce mardi après-midi, les propos de Laurent Nunez devant les députés de l’Assemblée nationale devraient faire des remous.
« Dès samedi prochain et pour l’avenir, nous partons du principe que ces rassemblements sont des rassemblements d’émeutiers. Ils seront dispersés immédiatement ! S’il le faut nous interpellerons massivement », prévient @NunezLaurent.#GiletsJaunes #DirectAN #QAG pic.twitter.com/KViN5c8Fox
— LCP (@LCP) 19 mars 2019
Une avancée vers l’interdiction de manifester qui devrait être vivement critiquée par l’opposition de gauche mais peut-être aussi par les instances européennes qui avaient déjà interpellé le président sur l’usage massif des flashballs et des grenades de désencerclement.
Source : TV Libertés
Crédit photos : DR
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2 réponses à “Gilets jaunes et saccage des Champs-Elysées : Delpuech, le fusible idéal ?”
[…] Source : http://www.breizh-info.com/2019/03/19/114638/gilets-jaunes-et-saccage-des-champs-elysees-d… Auteur : Date de parution : 2019-03-19 20:15:00 […]
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