Ce mardi, les transports en commun de Nantes seront perturbés après le dépôt de préavis de grève de la part de la CGT et de la CFDT.
La grève, qui devrait être suivie par un conducteur sur cinq, entraînera le passage en horaires jours jaunes (vacances) de l’ensemble des lignes gérées en direct. Celles des affrétés (C4, 27, 33, 40, 47, 59, 60, 66, 67, 68, 71, 77, 78, 79, 81, 86, 87, 88, 91, 93, 95, 98, les lignes express E1, E4, E5, et E8) circuleront normalement, ainsi que les Navibus. Par ailleurs les lignes seront coupées en ville l’après-midi, une manifestation est prévue à 13h30 place du Commerce.
Des agressions en augmentation
Depuis le début de l’année, les agressions ont à nouveau augmenté sur le réseau. Un seul et même agent a même été agressé deux fois dans la première quinzaine de mars, lors de contrôles ; D’autres ont été menacés de mort. Au Chêne des Anglais (quartier nord), plusieurs fois le Chronobus C2 a été caillassé près d’un gros lieu de deal. Plus récemment, ce 13 mars vers 18h, un bus de la ligne 23 a été la cible de petits plombs au Port Boyer. Enfin une rixe a dégénéré dans un tram à la station Duchesse Anne (ligne 1) et une personne y a été blessée au cou, avec un couteau.
Dans son alarme sociale déposée le 13 mars, la CFDT Semitan demande la « création d’une police métropolitaine des transports » et « des moyens supplémentaires en nombre d’agents au DSR [accueil clients et renseignement réseaux] », ainsi qu’une « action juridique demandant le retrait des vidéos sur les réseaux sociaux impliquant des agents de la SEMITAN » pour répondre aux thématiques sur l’insécurité. Lors de la première semaine de mars en effet, une agente de la TAN avait été agressée et la vidéo de son agression diffusée sur les réseaux sociaux.
Le préavis de grève de la CGT, lui, se concentre sur des revendications salariales et l’accès des salariés aux parkings relais P+R, mais les thématiques liées à l’insécurité sont aussi présentes, entre les lignes. Ainsi, une communication syndicale interne concernant la grèvedu 19 mars revient sur la problématique : « les incivilités mineures sont devenues le lot quotidien des agents […] ces derniers jours nos conditions de travail se sont vivement dégradées : incivilités sur les agents de conduite (caillassages, tirs avec armes), agressions DSR ».
L’omerta de la direction
Il y a un mois, le syndicat CFDT SEMITAN battait le rappel sur sa page Facebook : « pour toute agression, il faut porter plainte rapidement. Notez le n° du bus, l’heure, le lieu, la ligne, la direction du véhicule. Avertissez le conducteur et/ou la société de transport. La vidéo du véhicule sera extraite et mise à disposition de la police ».
Il se trouve en effet que la direction de la SEMITAN continue à refuser mordicus de communiquer sur l’insécurité sur le réseau – pour des raisons d’image, et ce y compris à destination des agents, pourtant les premiers concernés. Une habitude d’omerta que connaissent aussi les policiers municipaux à Nantes, jamais mis au courant des agressions sur leurs collègues.
« Mais les syndicats ont aussi leur part de responsabilité en évitant de parler de notre quotidien et même de la plupart des agressions graves », relève un conducteur, « et ce contrairement à leurs collègues des mêmes syndicats dans d’autres réseaux ou d’autres branches professionnelles… l’omerta n’est pas seulement la faute de la directino, mais aussi de certains élus syndicaux confortablement installés qui ont peur de parler aux médias et de ne plus maîtriser leur communication, voire d’ouvrir la boîte de Pandore. Car il y a beaucoup à dire…».
LM
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