Au Palais, ce fut la fête du député du coin. Élu facilement en 2017 grâce à la vague macroniste, Jimmy Pahun n’avait pas prévu que les habitants de l’île l’embêteraient avec une histoire d’Ehpad.
Le grand débat c’est bien tant qu’on demeure dans les thématiques nationales. Mais lorsque les participants mettent les pieds dans le plat en évoquant des questions locales, ça devient gênant pour les élus. C’est l’expérience qu’a vécue Jimmy Pahun (Modem), député d’Auray. Au Palais (Belle-Ile-en-Mer), il s’est fait accrocher sévèrement par une aide-soignante de l’Ehpad : « On nous annonce une baisse de 20 % à 30 % du nombre d’aides-soignants dans notre établissement. Bientôt un professionnel devra assurer le bien-être de dix-sept patients. Le bien-être ? Il s’agit des gestes du quotidien : se lever, manger, se laver, aller aux toilettes… Cette situation est inacceptables et insupportable ! »
Malaise du député
Bien entendu, on s’arrange pour botter en touche en revenant sur le RIC, le vote blanc, l’inaction écologique… Jusqu’à ce qu’une sexagénaire relance : « Si le gouvernement réduit de 20 % à 30 % le nombre d’aides-soignants, qu’il fasse de même avec les députés et les sénateurs. Les professionnels de santé sont plus utiles ! » D’autres interventions concernant l’offre de soins bousculent le député. L’ancien skipper confie son « malaise » d’être pris à partie par l’assistance. » (Le Monde, mardi 12 mars 2019).
Nouveau dans le métier, Jimmy Pahun va regretter de s’être prêté au jeu du débat – exercice risqué lorsque l’on appartient à la majorité. Dans de nombreuses zones de Bretagne, les élus l’ont fort bien compris. Ils ont donc trouvé la parade : pas de cahiers de doléances, pas de « grand débat national » ; comme cela les électeurs leur fichent la paix.
Bernard Morvan
Crédit photo : Lionel Barbe/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V