Ils sont nombreux en Bretagne à estimer que le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, va avoir des conséquences désastreuses, et cela d’ailleurs directement en Bretagne.
Parmi les entreprises de Bretagne qui s’inquiètent du Brexit, Brittany Ferries, dont l’ADN est justement de relier la Bretagne et plus globalement le nord-ouest de la France, à la Grande-Bretagne. Malgré le Brexit, l’entreprise bretonne, qui tenait son assemblée annuelle des actionnaires le 8 mars dernier à Saint-Pol-de-Léon, veut que marchandises, passagers et capitaux continuent de circuler librement.
Brittany Ferries : une activité 2018 satisfaisante
Pour l’exercice 2018, le bénéfice de Brittany Ferries s’élève à 8 millions d’euros avec un chiffre d’affaires de 444,2 millions d’euros. Les passagers ont généré 62 % du chiffre d’affaires total, le fret 23 % et les ventes à bord 14 %. Le nombre total de passagers a légèrement augmenté, passant de 2,59 millions à 2,63 millions, soit une progression de 1,4 %. Avec 205 401 unités transportées, le fret a enregistré une baisse de 2,9 %.
« Nous avons réalisé des bénéfices en 2018 grâce à la combinaison d’une gestion rigoureuse, de changements structurels au sein de l’entreprise et la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail », commente Christophe Mathieu, président du directoire Brittany Ferries. « Nous sommes très satisfaits de ces résultats dans une période particulièrement difficile liée à la chute de la livre sterling d’environ 15 % en deux ans et à un contexte incertain lié aux effets du Brexit, qui continue à freiner la demande de nos clients majoritairement britanniques ».
« Nous nous préparons maintenant pour les années à venir. Nous avons entrepris le renouvellement de notre flotte qui se traduit par un investissement dans la construction de trois nouveaux navires et avons pris un engagement clair envers les régions que nous desservons. C’est maintenant au gouvernement français de relever le défi. Toutes les dispositions doivent être prises, dès à présent, pour garantir la mise en place de structures adaptées dans nos ports de Bretagne et de Normandie après le Brexit, afin que les marchandises puissent continuer à circuler librement et que nos passagers retrouvent la confiance suffisante pour voyager cet été et au-delà », souligne Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance Brittany Ferries.
Premier employeur de marins français
Brittany Ferries est le premier employeur de marins français. La société compte 3 145 collaborateurs en haute saison et 2 436 en basse saison. Près de sept sur dix d’entre eux travaillent à bord, dont la grande majorité est originaire de Bretagne et de Normandie.
Environ la moitié de ses achats est contractée auprès d’entreprises françaises et collectivités locales. Il s’agit des approvisionnements et de la maintenance des navires, des services de nettoyage et d’assurance, des achats de prestations touristiques et de services portuaires. L’activité du groupe draine 6 700 emplois indirects et induits.
En France, 83 % de ces dépenses sont effectuées auprès d’entreprises et collectivités régionales bretonnes, normandes, ligériennes, et d’Île-de-France. Néanmoins, le succès commercial de Brittany Ferries est fortement lié à ses passagers britanniques à 85 %, chiffre qui met en évidence la nécessité pour la France de rester accessible et attractive pour ses voisins d’outre-Manche.
Plus d’un demi-milliard d’euros a été dépensé par les clients de Brittany Ferries en France en 2018 se traduisant par 854 000 visiteurs uniques et 9,2 millions de nuitées générées. Une fois de plus, la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire en ont été les plus grands bénéficiaires. La Bretagne a accueilli 295 000 visiteurs générant 150 millions d’euros de dépense. Le renforcement de la ligne Roscoff/Cork, par une rotation hebdomadaire supplémentaire, a participé à l’augmentation du nombre de visiteurs irlandais, devenus majoritaires. La Normandie a, quant à elle, accueilli 219 000 visiteurs générant une dépense de 78 millions d’euros. 143 000 visiteurs avec une dépense de 79 millions d’euros ont profité à la région des Pays de la Loire.
« Nul n’est en mesure d’imaginer ce que seront les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne dans les années à venir, mais Brittany Ferries sera toujours là pour relier l’Angleterre et l’Irlande au continent. C’est là notre ADN et il nous faut encore et toujours anticiper et investir aujourd’hui dans ce que nos passagers attendront du transport maritime demain : des ferries plus respectueux de l’environnement, plus connectés et toujours plus confortables », souligne Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance Brittany Ferries.
Dans le cadre d’un plan d’investissement de 450 millions d’euros destiné à préparer l’avenir de la compagnie, trois nouveaux navires ont été commandés après le Brexit. Deux d’entre eux seront alimentés au GNL (Gaz Naturel Liquéfié), un combustible qui permet de réduire jusqu’à 20 % le dioxyde de carbone (CO2) et de ramener les émissions de dioxyde de soufre, de dioxyde d’azote et de particules à quasiment zéro.
Lors de son arrivée dans la flotte fin 2019, le Honfleur sera le premier navire alimenté au GNL, opérant sur la Manche. À la pointe de la technologie et doté d’outil digitaux innovants, il incarne la volonté de la compagnie d’être respectueuse de l’environnement, de s’orienter vers un avenir numérique et de porter son nouveau positionnement de marque : « Révéler les fabuleuses destinations de vacances qu’offrent les régions littorales de l’ouest européen. »
Les chiffres 2018
Comme l’illustrent les chiffres publiés, la nouvelle rotation hebdomadaire reliant Roscoff à Cork a permis d’augmenter de 13 % le nombre de passagers. Il s’agit de la plus forte augmentation sur l’ensemble des lignes. La ligne Cherbourg-Poole, la plus courte de la compagnie, affiche, quant à elle, une hausse de 5,1 %.
En ce qui concerne le fret, bien que le nombre d’unités transportées soit en légère baisse, la compagnie reste optimiste pour la nouvelle ligne reliant directement l’Espagne au sud de l’Irlande. Les décisions qui interviendront avec le Brexit pourraient s’avérer une bonne alternative pour les transporteurs de la péninsule ibérique.
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