Rennes Métropole concentrerait près d’un tiers des offres d’emploi de la région Bretagne. C’est ce qu’il résulte d’une étude sur le phénomène de métropolisation de l’emploi dans l’Hexagone basée sur l’analyse de 770 000 offres d’emploi diffusées sur l’ensemble des plateformes d’Hellowork (RegionsJob, ParisJob, Cadreo, BDM/job) en 2018.
À noter que du côté de Nantes, c’est la même chose : 39 % des offres d’emploi sur la région Pays de la Loire y sont concentrées.
Un constat qui confirme la fracture territoriale, y compris au sein de la Bretagne, et le danger que constituent les métropoles, véritables vampires qui absorbent petit à petit ce qui se trouve autour d’eux, pour créer de nouveaux ensembles et de nouveaux espaces de concentration des pouvoirs locaux, dans une dérive particulièrement dangereuse.
Principaux résultats de l’enquête :
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Une métropolisation de l’emploi plus forte que la métropolisation du lieu de vie : 42 % des postes sont à pourvoir dans l’une des 13 plus grandes métropoles françaises quand seulement 27 % des Français y vivent.
- À elle seule, la métropole rennaise concentre 32 % des emplois de Bretagne.
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La métropole du Grand Paris concentre à elle seule 67 % des offres d’Île-de-France quand la métropole Aix-Marseille-Provence concentre 52 % des offres en PACA.
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En Occitanie, Toulouse Métropole concentre 42 % des offres d’emploi alors que Montpellier Méditerranée Métropole en capte 14 % (en faisant partie des 13 plus grandes métropoles françaises).
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Les Bac+5 sont plus demandés dans les métropoles (30 % Métropole du Grand Paris / 16 % hors métropoles) et les profils Bac en dehors (22 % hors métropoles / 15 % en métropoles).
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Les fonctions commerciales sont les plus recherchées sur l’ensemble du territoire ; les métiers techniques recrutent hors métropoles.
Les métropoles françaises concentrent une part importante de l’emploi. Si 31 % de la population active vit dans l’une des 22 métropoles françaises, c’est dans ces dernières qu’est proposée près d’une offre d’emploi sur deux. En outre, en prenant seulement en compte les 13 premières métropoles de France, on observe que celles-ci concentrent 42 % des offres d’emploi publiées dans l’Hexagone (quand 27 % y vit). En tête, la métropole du Grand Paris capte 67 % des offres d’emploi d’Île-de-France. En PACA, c’est 52 % des offres d’emploi qui sont concentrées à Aix-Marseille-Provence quand Nice-Côte d’Azur voient 12 % des offres de la région situées sur sa métropole.
Ce même phénomène, d’une seule grande métropole qui concentre une part très importante de l’emploi de la région, est constaté sur l’ensemble des territoires. En Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole de Lyon concentre 40 % des offres quand les 3 autres métropoles de la région en ont entre 4 et 7 %. Plus flagrant encore en Occitanie : Toulouse Métropole et Montpellier Méditerranée Métropole proposent respectivement 42 et 14 % des emplois des 13 départements de la région ! C’est en Normandie que ce phénomène semble le moins important : 19 % des offres d’emplois diffusées sont proposés dans la métropole de Rouen (inclus parmi les 13 plus grandes métropoles françaises).
Analyse basée sur 768 758 offres d’emploi diffusées du 01/01/2018 au 31/12/2018 versus 640 632 offres d’emploi diffusées du 01/01/2017 au 31/12/2017. *Parmi les 13 plus grandes métropoles françaises au 1er janvier 2018 (Collectivités-locales.gouv) : Métropole du Grand Paris, Métropole d’Aix-Marseille-Provence, Métropole de Lyon, Métropole Européenne de Lille, Bordeaux Métropole, Toulouse Métropole, Nantes Métropole, Métropole Nice-Côte d’Azur, Métropole Rouen Normandie, Eurométropole de Strasbourg, Montpellier Méditerranée Métropole, Grenoble-Alpes Métropole, Rennes Métropole.
Le mouvement des Gilets jaunes notamment a mis en exergue le sentiment d’injustice territoriale. Accès aux services publics, mobilité, couverture numérique, déserts médicaux, centres-villes en déshérence, abandon des campagnes…tout démontre, au quotidien, les inégalités qui se multiplient en France, et cela n’échappe pas au domaine de l’emploi à Rennes, et cela alors même que les Français, sur l’intégralité des territoires, payent leurs impôts de manière égale.
Le sentiment largement répandu est celui d’une France urbaine riche choyée par les pouvoirs publics versus une France périphérique en déclin et abandonnée. Selon le baromètre Ipsos-Villes de France publié mercredi 13 février (enquête réalisée du 23 au 30 octobre 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 1 600 personnes), 80 % des Français interrogés jugent que les grandes métropoles et Paris sont les territoires qui bénéficient le plus de la politique de l’actuel gouvernement.
A ce sujet, lire et faire relire La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires, de Christophe Guilluy. L’auteur constate que les classes populaires, exclues des bénéfices de la mondialisation, sont reléguées dans la France périphérique, soit les petites villes et les territoires éloignés des métropoles. Celle-ci rassemble des bassins industriels asséchés, des zones d’emploi public ou touristiques et concentre l’essentiel des votes pour le Front national.
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