Benoît Hamon cherche à se recaser. Après sa défaite aux élections législatives de 2017, il se verrait bien devenir député européen grâce à sa petite entreprise Génération.s. Plus facile à dire qu’à faire.
« Le drame de Hamon, c’est de ne pas incarner grand-chose »
« Macron incarne les élites décadentes et obsolètes », proclame Benoît Hamon (L’Obs, 9 septembre 2018). Réplique vexatoire du Canard enchaîné : « Le drame de Hamon, c’est de ne pas incarner grand-chose » (12 septembre 2018).
Pourtant Ben de Saint-Renan tente d’exister à l’approche des élections européennes ; il rame. Il a même tenté le coup d’une liste unique de la gauche, formule qui lui aurait assuré à coup sûr un siège de député européen en se trouvant en position éligible : « Je propose une votation citoyenne pour l’union » (Le Monde, samedi 9 février 2019). Mais refus des autres formations de gauche. Alors, contraint et forcé, il annonce qu’il « prendra la tête de liste de Génération.s » (Aujourd’hui en France, dimanche 21 février 2019).
Aujourd’hui, à gauche, c’est du chacun pour soi, voire du sauve qui peut
Aujourd’hui, à gauche, c’est du chacun pour soi, voire du sauve qui peut, avec l’espoir pour chaque liste de récupérer quelques sièges, à condition de figurer dans le lot des grosses cylindrées (LFI, PS, EELV). Le mode de scrutin pousse en effet ces dernières à faire cavalier seul, car, pour les européennes, seules les listes obtenant plus de 5 % des suffrages exprimés obtiennent des élus.
Or, d’après les sondages portant sur les intentions de vote, le potentiel électoral de la gauche est inférieur à 30 %. De ce fait, les places sont rares et chères. Les « gros » n’ont aucun intérêt à faire des cadeaux aux « petits » (PCF, Génération.s). Guillaume Tabard résume ainsi les données du problème : « Scrutin à la proportionnelle à un tour, les élections européennes incitent en effet les partis à partir sous leur propres couleurs, sans se soucier d’alliances préalables. La loi électorale prévoit cependant un seuil de 5 % des suffrages exprimés pour obtenir des élus. À 5,01 %, une liste peut espérer 5 sièges ; à 4,99 %, elle n’en a aucun. Le chacun pour soi est donc arithmétiquement préférable quand on a la certitude de franchir ce seuil. » (Le Figaro, 31 janvier 2019).
Alors les belles phrases de « Ben » n’impressionnent guère : « La nouvelle gauche écologiste européenne a besoin, pour naître, d’idées et de sincérité, pas d’injonctions à des petites fins électorales » (Libération, jeudi 21 février 2019). Ou même font rire : « Je veux de l’honnêteté, […] je refuse les petits accords conclus dans le dos des citoyens, sans programme clair, sans engagement solide, les discours du Bourget qui se terminent en CICE ou en déchéance de nationalité » (Libération, lundi 25 février 2019). Mais il continue à croire en lui, d’où son appel : « Il est temps que le peuple de la gauche et de l’écologie se révolte contre les ego, pour exiger une alternative positive à Macron et à Le Pen. » (Aujourd’hui en France, 24 février 2019), étant entendu que cette alternative ne peut être incarnée que par l’homme « depuis de long mois le plus populaire à gauche » (Le Monde, vendredi 7 décembre 2018) – c’est-à-dire Ben de Saint-Renan.
Le risque est grand pour Benoît Hamon de rester sur le banc de touche
Il faut reconnaître que sa popularité est écrasante. Les intentions de vote pour les européennes le montrent : 4 % pour la liste de Génération.s conduite par Benoît Hamon d’après Harris Interactive (Le Figaro, lundi 25 février 2019) et 5 % d’après Ipsos (Le Monde, mardi 26 février 2019). Autant dire que le risque de n’avoir aucun député est grand pour Génération.s et grand pour Benoît Hamon de rester sur le banc de touche. En cas d’échec, il pourrait tenter sa chance à une séance de rattrapage : les élections municipales de mars 2020, à Saint-Renan, près de Brest. Devenir maire dans sa commune natale, ce n’est pas ridicule. Mais il paraît que nul n’est prophète en son pays. « Ben » en a déjà fait l’expérience : en cinquième position, avec 11,84 % au premier tour de l’élection présidentielle ; et en quatrième position, avec 14,04 %, sur « ses terres brestoises » – expression utilisée par Le Télégramme (vendredi 1er février 2019).
En attendant, comme il faut bien vivre, Benoît Hamon a trouvé un poste de chargé de cours à la fac. Il dispense son enseignement dans quatre universités (Paris 8, Science-Po, Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et Lille). De quoi mettre du beurre dans les épinards. Il parait que ses cours ont un rapport avec ses passages au ministère de l’Économie sociale et solidaire et de l’Éducation nationale (Journal du dimanche, 6 janvier 2019). Si ce n’est pas de la combine, ça y ressemble !
Question : pourquoi « Ben » ne donne-t-il pas de cours à l’université de Brest ? C’est proche de Saint-Renan…
Bernard Morvan
Crédit photo : Treehill/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V