La France sans industrie ? [L’Agora]

Les semaines s’égrainent et se ressemblent dramatiquement pour l’industrie française :

L’aciérie d’Ascoval à Saint-Saulve dans le Nord, l’usine de papier sécurisé à Jouy-sur-Morin en Seine-et-Marne, la fonderie de Poitou qui fabrique des culasses pour automobiles, l’usine Ford, fabrication de boîtes de vitesse à Blanquefort en Gironde, l’usine GM&S, fabrication de pièces en fonte pour les véhicules, l’usine Luxfer à Gerzat dans le Puy de Dôme, fabrication de bouteilles de gaz, l’usine P.S.A à Hérimoncourt dans le Doubs, recyclage de moteurs, sont toutes menacées de fermeture.

Face à cette situation dramatique pour des centaines d’ouvriers et de cadres qui seront sans emploi, qui survient après l’affaire Alstom, le gouvernement hurle, vocifère mais, tétanisé, est incapable de trouver la parade.

L’industrie française représentait, il y a une dizaine d’années, plus de 22 % du PIB national, aujourd’hui c’est la moitié (industrie manufacturière) ; en Allemagne, la part de l’industrie est de 20,3 % du PIB.

Dernier couac : Air France connaît un sérieux trou d’air et enregistre un résultat d’exploitation 4 fois moins important que KLM alors que son chiffre d’affaires est 1,5 supérieur à KLM.

C’est dans ce contexte que l’État néerlandais, sans avertir la France, monte en puissance au capital du consortium, ce qui provoque de nouvelles vociférations du gouvernement français.

Relevons que La Haye justifie sa décision par la nécessité de préserver la souveraineté des Pays-Bas dans l’alliance Air France- KLM. La réalité et la vérité nous viennent des Pays-Bas : la préservation de l’industrie et des transports est une question de souveraineté. C’est bien ce que le gouvernement pétri d’idéologie ultra-libérale, subissant le diktat des multinationales et se complaisant dans l’euro-béatitude, a passé par pertes et profits.

Rendons néanmoins hommage à la Commission de Bruxelles qui a refusé la fusion Siemens-Alstom au grand dam du gouvernement français qui ose prétendre que cette fusion aurait permis de constituer une entreprise européenne (sic) ! De qui se moque-t-on ? Cette fusion n’aurait bénéficié qu’à Siemens qui aurait éliminé un concurrent français.

Prétendre le contraire comme le fit le ministre français de l’Économie est une contre-vérité empreinte d’idéologie et aurait abouti à vendre, à nouveau, l’un des fleurons français à une multinationale étrangère.

Cette décision offre une chance à saisir pour renégocier avec General Electric le rachat d’Alstom énergie et reprendre la main sur le nucléaire : c’est une question prioritaire de souveraineté.

L’heure n’est plus à la béatitude de la loi des marchés et aux chimères européennes. La France doit se redonner les moyens régaliens de protéger et développer son industrie, en n’hésitant pas, au besoin, à nationaliser pour un temps et en contrôlant les investissements étrangers.

Inspirons-nous des méthodes américaines qui n’hésitent pas à nationaliser pour redresser des entreprises et qui contrôlent les investissements étrangers pour éviter des prises de contrôle dans des secteurs de souveraineté.

Comment financer cette politique ? En rétablissant les avances de la Banque centrale au Trésor pour investir. Les Allemands vont hurler car ces avances de la Banque centrale au Trésor sont interdites par le Traité de Maastricht, et alors ? On ne gouverne pas une nation avec des carcans idéologiques. Au demeurant, l’assouplissement quantitatif pratiqué par Mario Draghi est aussi contraire au Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (Traité de Lisbonne).

Assez de mots et de cris d’orfraie gouvernementaux ! L’heure est à l’action pour l’industrie, pour l’indépendance nationale.

Jacques MYARD
Membre honoraire du Parlement, maire de Maisons-Laffitte, président du Cercle Nation et République, président de l’Académie du Gaullisme

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

Crédit photo : Frédéric Bisson/Flickr (cc)

[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Les commentaires sont fermés.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Sociétal

Pedro Uría Recio, expert en IA : « L’intelligence artificielle va remodeler le pouvoir mondial, et l’Europe est à la traîne »

Découvrir l'article

International

Ursula von der Leyen, impératrice de l’UE : vers une diplomatie bruxelloise hors de contrôle ?

Découvrir l'article

Economie, International

Le secteur manufacturier américain rebondit après deux ans de contraction : quel impact pour l’économie mondiale ?

Découvrir l'article

Politique

Immigration. L’Union européenne prépare une réforme radicale du droit d’asile

Découvrir l'article

A La Une, Economie

L’économie européenne à l’arrêt : l’Allemagne en crise, la zone euro en stagnation

Découvrir l'article

International

L’Union européenne prépare un 16e paquet de sanctions contre la Russie : une menace pour la souveraineté des États membres ?

Découvrir l'article

Politique, Sociétal

L’avenir de l’Europe : une bataille entre souveraineté nationale et centralisation bruxelloise

Découvrir l'article

International

Union Européenne et liberté d’expression : de quoi ont-ils peur ?

Découvrir l'article

International

L’Union Européenne face à la crise de la démocratie : le règne vacillant d’Ursula von der Leyen

Découvrir l'article

Economie

Une année du changement : défis et opportunités pour l’industrie et le marché des machines d’occasion en 2024

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky