Les nuages de basse altitude vont-ils disparaître ? Leur rôle de protecteurs du climat, sous-estimé, est désormais menacé par le réchauffement climatique.
Nuages de basse altitude, un rôle crucial
Si un ciel chargé en nuages bas n’est pas forcément votre temps préféré, vous pourriez bien être conduits à revoir votre jugement à l’avenir. Ainsi, les bancs de nuages bas au large des côtes de la Californie, du Pérou et de la Namibie comptent parmi les systèmes de refroidissement les plus efficaces de la planète. Comment ? En réfléchissant la lumière solaire dans l’espace. Mais de nouvelles simulations climatiques montrent que l’augmentation des concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère pourrait briser ces couches nuageuses et exacerber le réchauffement futur.
Une récente étude réalisée par des scientifiques de la Nasa et publiée le 25 février dans la revue Nature Geoscience indique que la disparition de ces nuages bas pourrait largement accentuer l’augmentation générale des températures sur la planète. Parmi les principaux nuages menacés par le CO2, les stratocumulus. Dans les zones tempérées, ces derniers recouvrent environ 20 % de la superficie des océans. Avec une multiplication par trois de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ces nuages bienveillants ne seraient plus qu’un lointain souvenir. Dans un scénario de maintien du statu quo, cela pourrait se produire dans un siècle environ.
Jusqu’à huit degrés Celsius de réchauffement
Cette disparition des nuages de basse altitude est largement prise au sérieux compte tenu de l’impact qu’aurait celle-ci sur le réchauffement climatique. L’étude en question nous apprend effectivement que, en l’absence de ces nuages, la température moyenne à la surface du globe pourrait croître de huit degrés Celsius. Une hausse venant par ailleurs s’ajouter à celle causée par les émissions de dioxyde de carbone déjà pointées du doigt.
Dans ces conditions, le climat de la Terre serait alors semblable à celui d’il y a 50 millions d’années, lorsque les crocodiles nageaient dans un Arctique libre de glace et que les palmiers poussaient même en Alaska.
Un avertissement pour l’avenir
Selon Tapio Schneider, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena en Californie et co-auteur de l’étude, cette découverte constitue « un avertissement pour l’avenir » : « Nos résultats montrent qu’il existe des seuils de changement climatique dangereux dont nous n’avions pas conscience ». Et d’ajouter que « si nous ne réduisons pas les émissions, des changements climatiques très importants et difficiles à inverser sont possibles. »
S’il s’avérait que la prévision d’une augmentation de huit degrés Celsius se vérifiait dans le futur, le niveau des océans monterait de plusieurs dizaines de mètres. Avec les conséquences humaines que nous pouvons d’ores et déjà imaginer…
Quant à la disparition même de ces nuages situés entre deux et trois kilomètres d’altitude, ils seraient menacés à partir d’une concentration de CO2 supérieure ou égale à 1.200 ppm. Si l’activité humaine se poursuit au rythme actuel, ce niveau sera franchi en 2104 selon les déclarations faites à l’AFP par Malte Meinshausen, directeur du Climate and Energy College de l’université de Melbourne. En définitive, un ciel nuageux n’est donc pas forcément un mauvais signe !
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Simon A. Eugster)
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