MAJ du 27/02/2019 : Face à l’ampleur de la polémique et compte tenu du nombre de messages hostiles reçus par le service client de l’enseigne, Décathlon renonce finalement à la mise en vente de son hijab de course.
Suite à de nombreux débats internes, et pour garantir la sécurité de nos collaborateurs en France : pic.twitter.com/0IePfSUkm9
— Decathlon (@Decathlon) 26 février 2019
L’enseigne sportive Décathlon est sous les feux des critiques depuis quelques jours suite à la commercialisation d’un « hijab de running ». Si les réactions politiques ont été nombreuses, Marlène Schiappa est restée silencieuse sur le sujet pour l’instant. Un fait plutôt rare…
Décathlon, du vent dans les voiles
Si l’équipementier sportif Décathlon a une certaine expertise en matière de conditions météorologiques difficiles, la tempête que traverse le groupe depuis quelques jours est d’un tout autre type. Le temps a commencé à se gâter dimanche 24 février lorsque Décathlon a mis en vente sur son site français un « hijab de running » destiné en premier lieu au marché marocain.
Mais c’est bien dans l’Hexagone que la polémique a débuté. L’enseigne a expliqué par la suite que la publication de la fiche du produit sur le site français était une erreur. Toutefois, face aux critiques, Décathlon a totalement changé de stratégie en annonçant un peu plus tard que ce hijab de course devrait être commercialisé en France d’ici quelques semaines.
« Ce vêtement en polyester permettra à celles qui décideront de le porter de gagner en confort lors de leurs séances », argumentait alors la page du produit lors de sa publication dimanche. Avant d’être supprimée depuis. Selon Décathlon, le « hijab de running » a été « testé plusieurs fois par 20 femmes qui portent habituellement le hijab » et a été « validé pour son confort et sa respirabilité ».
En vente dans les magasins marocains depuis quelques jours, le responsable de la communication externe de Decathlon International Xavier Rivoire a expliqué au HuffPost que « ce produit a été créé localement au Maroc, Decathlon concevant des produits en fonction d’un besoin local ». Un bon sens marketing de la part de l’équipementier qui est des plus logiques.
Le précédent Nike
Puis Xavier Rivoire poursuit son explication en utilisant une comparaison pertinente avec un autre géant du sport : Décathlon ne fait que s’aligner « au Maroc sur ce qui se fait déjà par exemple chez Nike ». Depuis le printemps 2018, le groupe américain commercialise effectivement un hijab de sport destinée aux femmes musulmanes.
Selon le rapport 2018-2019 de Dinar Standard – Thomson Reuters, ce marché des vêtements islamiques représentait une manne financière de 240 milliards d’euros au niveau mondial en 2018. Un secteur dont le futur semble plutôt prometteur avec une prévision d’environ 320 milliards d’euros pour 2023. Dans ces conditions, il est plus facile de comprendre le rapide changement de politique de Décathlon concernant la commercialisation de son hijab de course en France.
Une commercialisation que le groupe assume désormais totalement selon Xavier Rivoire, qui explique que le hijab aura plutôt l’aspect d’un « couvre-tête » correspondant à « un engagement sociétal » de Décathlon, l’enseigne tenant par ailleurs à rester « une marque apolitique et non religieuse »…
Marlène Schiappa, un silence inhabituel
Si de nombreuses voix se sont faites entendre depuis dimanche (sans chercher par ailleurs à analyser les causes antérieures à la future commercialisation de ce hijab) en France, celle de la Secrétaire d’Etat chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se fait toujours attendre à l’heure où nous rédigeons ces lignes.
silence assourdissant de .@MarleneSchiappa sur le hijab commercialisé par #Decathlon
Même silence que lorsque Gap avait mis une petite voilée sur ses affiches. Elle a pourtant le tweet facile…Considère-t-elle que ce #hijab de sport n’est pas contraire à la liberté des femmes?— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) 26 février 2019
Le sport émancipe. Il ne soumet pas. Mon choix de femme et de citoyenne sera de ne plus faire confiance à une marque qui rompt avec nos valeurs.
Ceux qui tolèrent les femmes dans l’espace public uniquement quand elles se cachent ne sont pas des amoureux de la liberté.#Decathlon— Aurore Bergé (@auroreberge) 26 février 2019
? J’ai deux filles et je n’ai pas envie qu’elles vivent dans un pays où la place des femmes dans la société régresse comme en Arabie Saoudite. J’appelle au boycott de la marque #Decathlon qui commercialise ce type de vêtements !
#4V @France2tv— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 26 février 2019
Affaire du « #hijab de course » #Decathlon : comme je l’explique dans « La Stratégie de l’intimidation » : ‘plus on tue au nom de l’islam (« coupeurs de têtes »), plus la mode islamiste progresse et +les Mécréants cèdent aux exigences des Suprémacistes islamistes(« coupeurs de langues ») pic.twitter.com/YWg69r3r3i
— Alexandre del Valle (@alexdelvalle3) 26 février 2019
Pour conclure, si ce nouvel « engagement sociétal » de Décathlon met en émoi une partie du spectre politique et médiatique hexagonal, personne n’a, pour l’heure, encore avancé une explication de fond possible : cet engagement correspond peut être tout simplement à un changement de société. Et des individus la composant.
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