En Suède, un panneau d’affichage disposé à l’entrée d’une ville et représentant une femme portant le hijab afin de souhaiter la bienvenue aux visiteurs suscite la polémique. Et marque les contradictions de la société multiculturelle suédoise.
Suède : un hijab en guise de bienvenue
La Suède en fait habituellement beaucoup en matière de promotion de la diversité. Et même parfois trop. À l’entrée de la ville de Gävle, située sur les bords de la mer Baltique, un panneau d’affichage a donné lieu à une vive polémique. En cause, une femme musulmane en hijab y est représentée en signe de bienvenue pour les visiteurs pénétrant dans l’agglomération de 71 000 habitants.
Que la municipalité locale ait encore la foi, en 2019, dans le multiculturalisme est une chose, mais l’utilisation de l’image d’une femme voilée pour assurer sa communication officielle pose tout de même une question : pourquoi ?
Après avoir enquêté sur le sujet, le média suédois Samhällsnytt a rapporté que la femme en hijab présente sur l’affichage était âgée de 32 ans et se dénommait Suzan Hindi. Une musulmane qui a des liens avec la mosquée de Gävle, un lieu réputé pour prêcher un islam radical et dont l’imam aurait tenu des propos à la gloire de Daesh.
La réalité dépasse la fiction
Si l’image a rapidement fait le tour des réseaux sociaux en Suède puis ailleurs en Europe, beaucoup d’internautes ont d’abord pensé à un canular tant la présence de cette musulmane en voile sur un affichage officiel paraissait improbable. Face à ces doutes, un homme s’est rendu sur place pour filmer le panneau en question. Et a ainsi démontré que cette histoire n’avait rien d’une mauvaise blague…
Compte tenu de la polémique qui a suivi la diffusion de ces images, la municipalité de Gävle, par l’intermédiaire de son responsable de la communication Johan Adolfsson, a expliqué que la femme présente sur le panneau d’affichage n’était autre que « l’une des nombreuses femmes musulmanes de Gävle ». Et le responsable d’ajouter que cette musulmane en hijab souhaitant la bienvenue aux visiteurs soulignait la « grande diversité » de la ville. Actuellement, près de 120 langues seraient parlées à Gävle selon Johan Adolfsson, lequel a dû monter au créneau pour tenter de redorer l’image de sa ville sur les réseaux sociaux.
Car cette affaire n’a pas manqué de faire réagir en Suède. À commencer par le député membre des Démocrates de Suède Roger Hedlund, par ailleurs élu au conseil municipal de Gävle. Il a tenu pour sa part à rappeler le symbole d’oppression pour les femmes que représente le hijab. Même réaction de colère pour Ghazal Saberian, femme politique appartenant elle aussi aux Démocrates de Suède (SD), une formation anti-immigration extra-européenne qui avait fait parlé d’elle lors des dernières élections législatives suédoises :
« Vous est-il déjà venu à l’esprit qu’en ce moment même, il y a des femmes emprisonnées en Iran et fouettées pour avoir simplement enlevé le voile ? Avez-vous déjà pensé que des femmes sont lapidées à mort en Arabie saoudite pour avoir enlevé le voile ? »
Voici en tous cas une affaire qui annonce une ligne de fracture à venir au sein des partis politiques pro-immigration en Suède, mais également dans toute l’Europe occidentale : la division autour de la question de l’islam et son rapport à la condition de la femme. La conciliation semble effectivement compliquée entre féministes anti-religieux et partisans d’un modèle multiculturel peu regardant sur l’aspect communautariste. Mais les gauches européennes ne sont plus à une contradiction près !
Crédit photo : ©Mikael Svensson
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V