Des comptes rendus des réunions organisées à l’occasion du « grand débat national », voilà qui serait passionnant. Ce serait également un bon moyen de dynamiser le contenu de Ouest–France et du Télégramme. Mais y a-t-il encore des journalistes de terrain ?
Ouest–France et Le Télégramme pratiquent le service minimum
À coup sûr, à propos du grand débat national, Ouest–France et Le Télégramme pratiquent le service minimum ; on sent que le sujet ne les emballe pas. Prudence et réserve semblent constituer leur philosophie en la matière. « On a eu un débat à ce sujet au niveau interne, note François-Xavier Lefranc, le rédacteur en chef de Ouest-France. Il faut éviter le piège de l’opération de communication. Plutôt que de recopier les cahiers de doléances, on préfère faire des reportages et des enquêtes sur les sujets qui émergent. » (Le Monde, 3-4 février 2019). Dans ces conditions, il faut conclure que « CDD : faut-il taxer les entreprises » est un sujet qui émerge (une de Ouest–France, 16-17 février 2019).
De son côté, Samuel Petit, rédacteur en chef du Télégramme, note : « On aurait pu faire comme si le grand débat n’existait pas. Mais on a décidé de jouer notre rôle de modérateur en favorisant le dialogue entre les lecteurs et les pouvoirs publics locaux. » M. Petit se préoccupe donc des préoccupations de ses lecteurs : « Le prix du gasoil, la pression fiscale ou le déplacement difficile en milieu rural sont des sujets que l’on traite régulièrement dans nos pages. Mais peut-être que l’on a n’a pas perçu l’accumulation de ce mécontentement. » (Le Monde, 3-4 février 2019). Résultat des courses, Le Télégramme titre à la une : « Immobilier : la Bretagne insolite » (samedi 16 févier 2019). Thème qui enchantera le service publicité.
Les préoccupations des Gilets jaunes ? Ce n’est pas leur tasse de thé
On l’aura compris, les préoccupations des Gilets jaunes – donc des classes populaires – ne constituent pas la tasse de thé de la direction d’Ouest–France et de celle du Télégramme. Pourtant, M. Lefranc estime que « les citoyens attendent que les médias soient les porte-parole de leurs problèmes auprès des gouvernants. Mais cela ne doit pas s’arrêter à la fin du grand débat. C’est un défi de long terme » (Le Monde, 3-4 février 2019). On est heureux de l’apprendre.
Le plus amusant de l’histoire est que, dans le même numéro du Monde (3-4 février), on trouvait un papier dans lequel MM. Lefranc et Petit expliquaient qu’ils avaient d’intention d’en faire le moins possible à l’occasion du « grand débat national », tandis que le « quotidien de référence » titrait à la une avec force photos « Sur les routes du grand débat » et consacraient ensuite deux pages et demie au sujet grâce au journaliste Patrick Roger qui a assisté aux réunions organisées dans sept villes et communes. On peut seulement regretter qu’il ne soit pas venu en Bretagne faire le travail que Ouest–France et Le Télégramme ne font pas.
Bernard Morvan
Photo d’illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V