L’État islamique n’est plus qu’un camp de tentes aux abords de la ville en ruine de Baghouz, le long de l’Euphrate. Certes, de nombreux tunnels ont été creusés dans la zone, mais l’État islamique au Levant ne tient plus que 0.5 km², d’où les forces kurdes (SDF) ont commencé cette semaine à évacuer femmes et enfants des derniers djihadistes, majoritairement étrangers, et acculés dos au fleuve.
Cette semaine, un des derniers combattants – un russophone d’origine tchétchène – écrivait sur Telegram à ses proches : « l’évacuation des femmes et des enfants continue, tout est la volonté d’Allah. Ensuite ce sera le massacre ». La veille, de l’aide alimentaire avait été envoyée dans ce qui n’est plus qu’un campement où se retranchent quelques combattants locaux – qui négocient leur reddition – et surtout des combattants étrangers, majoritairement issus du Proche-Orient, d’Asie mineure et d’Europe, accompagnés de leurs familles.
Pour l’heure, les Kurdes ne semblent pas avoir envie de donner l’assaut à ce qui reste du califat. Ils évacuent les femmes et les enfants. « Les Kurdes ne se rendent pas compte que même la famille d’un seul djihadiste, c’est une mini-cellule de l’État islamique qui peut aller contaminer une autre partie du monde », écrit le blogueur russe spécialisé Astra Militarum, sur Telegram. Près de 1 200 personnes ont déjà été évacuées, dont des combattants du dernier carré de l’État islamique qui ont décidé de rendre les armes.
Des sources locales avancent que certains combattants ont purement et simplement été relâchés dans la nature par les Kurdes ces derniers jours – contre un pot de vin de 1 500 à 3 000 dollars. Ils pourraient revenir chez eux, ou rejoindre d’autres zones où subsistent des bandes éparses de l’EI, notamment dans la province d’Anbar en Irak ou dans le désert entre Palmyre, Abu Kamal et Al Sukhnah en Syrie, au sud de l’Euphrate.
Les familles et enfants sont transférées vers des camps de fortune situés ailleurs dans l’est de la province de Deir-Ezzor. Dans l’un d’eux, qui abrite les familles des djihadistes évacuées de Hajjin il y a plusieurs semaines, une épidémie liée à des parasites propagés par des moustiques s’est déclarée et n’a pu pour l’heure être circonscrite, selon des sources locales.
Cependant, si en Syrie la messe est dite, ailleurs l’État islamique releve la tête – et pas seulement en Afrique noire dans la région du lac Tchad. Le 16 février dernier un check-point de l’armée égyptienne a été attaqué à El-Arich, dans le Sinaï, par des djihadistes locaux affiliés à l’EI – un char et plusieurs blindés ont été brûlés. Les rebelles ont aussi emmené avec eux toutes les armes légères et les munitions qu’ils ont pu trouver.
LBG
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