Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Les maraîchers nantais ne sont pas les bienvenus en Anjou

Pesticides et intoxications, multiplication des exploitations et terrains ravagés… L’arrivée massive de maraîchers nantais en Anjou, et plus particulièrement dans la vallée de l’Authion, non loin d’Angers, est loin de faire l’unanimité.

Le phénomène s’est accentué depuis le printemps 2017, pour des raisons simples. Par exemple, Charles Jannin, cogérant de la société Primaloire, estime que l’endroit offre des terres sableuses et un schéma d’irrigation qui convient bien à son activité.

Mais face à Primaloire et consorts, différentes associations se sont unies, l’AMAP de la Goutte d’Eau, La Sauvegarde de l’Anjou, France Nature Environnement ainsi que le Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides, et ils ont de sérieux arguments.

Ils expliquent en effet que, dans la région, la proximité entre les riverains et les zones exploitées par les maraîchers a des conséquences sur la population et ses activités. L’un des champs se trouve même à proximité d’un lycée.

Quatre associations sur le front

Ils pointent du doigt le développement intempestif de la production de la mâche, puisque 40 hectares sont déjà exploités, mais aussi le flou de la situation car 40 autres hectares le seront bientôt.

Intoxication et cynisme

À travers un diaporama numérique envoyé aux institutions et aux professionnels en lien avec le monde agricole, les associations rappellent par ailleurs les incidents déjà survenus, comme les accidents d’épandage au metham-sodium à la fin du mois de septembre 2018 ou l’intoxication de près de 70 personnes en octobre. C’est d’ailleurs à la suite de cette intoxication et d’une réunion publique ayant attiré près de 400 personnes que l’idée de créer un collectif de soutien aux victimes avait été lancée.

Dans les lignes de Ouest France et du Courrier de l’Ouest, les porte-parole des sociétés incriminées ont cependant relativisé les faits. Aux yeux de Charles Jannin, le problème ne venait que d’un arrosage insuffisant d’un terrain dont la température avait été sous-évaluée.
Philippe Retière, président de la Fédération des Maraîchers nantais, était plus cynique en expliquant peu après l’incident que « le metham-sodium est source de nuisance mais c’est le prix à payer pour produire des légumes », ajoutant « c’est comme un médicament, il faut voir le bénéfice-risque ».

Pour les riverains, le ratio semble pourtant négatif !

Les paysages sont défigurés, les sols décapés, les terrains destructurés, sans oublier que les inondations se multiplient, que le trafic et la circulation de camions explosent, et la liste est encore longue.

Les effets des pesticides ne sont pas les seuls problèmes causés par la production de mâche

En décembre, une réunion des quatre associations à laquelle participaient différents élus locaux a permis à chacun de définir ses objectifs et de réfléchir à la stratégie à mener pour poursuivre la lutte, mais aussi aux actions en justice à entreprendre.
Plusieurs riverains souhaitent faire analyser l’eau de leur puits, potentiellement empoisonnée, ce qui, entre autres choses, a poussé le maire de Loire-Authion à porter plainte, ce dernier ayant indiqué n’avoir jamais été averti des traitements effectués par les maraîchers.

Une première victoire

Bien conscients d’être « minuscules » face aux enjeux auxquels ils sont confrontés, les membres des différentes associations comptent sur le travail d’équipe pour se faire entendre, notamment à travers les médias.

La première victoire fut l’interdiction du metham-sodium par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ce pesticide étant à l’origine de l’intoxication subie en octobre. Mais Francine Freulon, membre d’une AMAP depuis plusieurs années, indique que les habitants de la vallée restent vigilants sur la culture de la mâche en Anjou, consciente, par exemple, que ce fameux pesticide était déjà interdit auparavant mais fut autorisé dans le Maine-et-Loire et dans le département voisin de la Loire-Atlantique via des dérogations préfectorales.

Dans le camp d’en face, les maraîchers appelaient fin janvier à une revalorisation des prix à cause de l’augmentation des coûts de production.

L’intérêt financier doit-il prédominer sur la santé ?

Voilà la véritable question, et, forcément, tout le monde n’y apporte pas la même réponse.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Les commentaires sont fermés.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Sociétal

L’Institut Iliade en Anjou : une formation pour une jeunesse engagée dans la défense de la civilisation européenne

Découvrir l'article

Environnement, Santé

Les enfants exposés in-utero : des victimes silencieuses des pesticides en quête de justice

Découvrir l'article

Agriculture, Santé

Santé. Pesticides : des risques de cancer comparables au tabagisme

Découvrir l'article

Ensauvagement, Société, Sport

Landemont (Anjou) : bagarre générale sur le terrain de foot, les joueurs de l’AC Angers Belle-Beille sanctionnés

Découvrir l'article

Ancenis, Culture, Culture & Patrimoine, Histoire, Local

Loire-Atlantique : Un livre raconte l’histoire de la mystérieuse commune de Freigné, entre Bretagne et Anjou

Découvrir l'article

Environnement

Pesticides : l’hypocrisie européenne

Découvrir l'article

Economie, Social

Les producteurs de Tomates mènent des actions à Nantes, Morlaix, Rennes et Brest le 2 juin et dénoncent la concurrence déloyale du Maroc

Découvrir l'article

Environnement, Sociétal

S-métolachlore. Ce pesticide très utilisé par les agriculteurs sera bientôt interdit en France

Découvrir l'article

CHATEAULIN, Culture & Patrimoine, Economie, Histoire

La guerre en supplément…

Découvrir l'article

Santé, Sociétal

Pesticides. Et si l’eau potable ne l’était pas vraiment pour 20 % des Français ?

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

S'abonner

* indicates required

BREIZH-INFO vous envoie des informations d'actualités de façon quotidienne, et peut, le cas échéant, vous solliciter afin de recueillir des dons pour soutenir la presse alternative. En aucun cas nous n'utiliserons vos données pour d'autres fins.

Vous pouvez à tout moment changer d'avis en cliquant sur le lien Se désinscrire, ou en nous contactant à [email protected]. Pour plus d'informations sur nos pratiques de confidentialité, veuillez visiter notre site web. En cliquant ci-dessous, vous acceptez que nous puissions traiter vos informations conformément à ces termes.

We use Mailchimp as our marketing platform. By clicking below to subscribe, you acknowledge that your information will be transferred to Mailchimp for processing. Learn more about Mailchimp's privacy practices.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky