Richard Ferrand au secours de L’Humanité

Dans L’Humanité, quotidien communiste, du 14 février, le président de l’Assemblée Nationale LaRem Richard Ferrand enfourche son cheval blanc et annonce de nouvelles subventions, verbatim :

  “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire”, fait-on souvent déclarer à Voltaire. La phrase est en réalité apocryphe, mais elle sonne juste en ce qu’elle résume bien cet esprit des Lumières dont nous sommes les héritiers, cette pétition de tolérance dont nous avons tant besoin aujourd’hui. La liberté d’expression et la liberté de la presse, proclamées en 1789, n’étaient pas seulement des libertés bourgeoises  : en les consacrant, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen nous a fait entrer dans la modernité politique. L’Humanité ne pense pas comme moi, c’est un fait ; en consultant ses archives, on trouverait sans doute des traces de nos controverses, voire quelques coups de griffes de sa rédaction. Mais cela n’a pas d’importance : L’Humanité, pour moi, reste d’abord et avant tout un journal, qui fait partie de notre paysage politique et ne doit pas disparaître. L’Assemblée nationale y est abonnée, comme à l’ensemble des quotidiens nationaux et régionaux français, parce que la presse d’opinion est l’oxygène de la démocratie.

Nous avons besoin, pour débattre dans l’hémicycle, que les grandes questions soient aussi soulevées et examinées devant l’opinion. Il y a au fond identité entre la presse libre et la République, entre le débat d’idées et le débat parlementaire, et ce n’est certainement pas un hasard si L’Humanité fut lancée par un député  : Jean Jaurès, l’un des plus puissants orateurs de son temps, devint aussi directeur politique d’un quotidien et brillant éditorialiste pour mener partout le combat démocratique. “Faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile”, constatait-il dès le numéro un de L’Humanité, le 18 avril 1904. Dans son premier éditorial, Jaurès précisait aussi le but qu’il poursuivait en fondant un journal : “C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde.” Au moment où les discours simplificateurs, les mots d’ordre populistes et xénophobes envahissent le débat public, cette exigence et cet idéal demeurent d’une parfaite actualité. C’est pourquoi la presse d’opinion doit vivre, L’Humanité doit vivre  ! J’y veillerai.  »

Jaurès a bon dos

Parler du journal de Jaurès alors que L’Huma a été l’organe officiel du PCF de 1920 à 1994, et demeure une courroie de transmission d’un parti agonisant et alors que son rédacteur en chef Patrick Le Hyaric est député européen communiste, manifeste un esprit confus, tout comme le ton général de la déclaration de Richard Ferrand. Que la presse d’opinion doive vivre c’est une certitude, qu’un journal continue de faire valoir le point de vue du PCF pourquoi pas. Mais entretenir une véritable armée aux frais du contribuable de près de 200 collaborateurs pour un journal qui n’a jamais voulu faire un effort de rationalisation de ses effectifs ou de sa gestion semble étonnant.

Les lecteurs de l’OJIM peuvent relire l’article très complet que l’Observatoire a publié récemment sur la déconfiture de la presse communiste. Le quotidien communiste compte près de 120 cartes de presse pour une diffusion (très gonflée par les ventes aux tiers et aux syndicats) de l’ordre de 30 000 exemplaires. Le quotidien national catholique Présent diffuse 9 000 exemplaires avec 4 cartes de presse. Peut-être sa rédaction pourrait-elle donner quelques tuyaux à L’Huma

Via OJIM

Crédit photo : DR
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