Peu connaisseur de l’Histoire de l’Espagne et a fortiori de celle de l’Andalousie, c’est avec curiosité que je me suis emparé de l’ouvrage de Rafael Sánchez Saus, Les chrétiens dans Al Andalus, de la soumission à l’anéantissement.
Ouvrage de vulgarisation de 500 pages, d’abord très facile, c’est un véritable enchantement que de lire ces pages qui appellent cependant quelques remarques préalables :
- Une chronologie et une cartographie eurent été des éléments appréciés afin d’éviter de se perdre dans les lieux et les évènements que le lecteur profane n’a pas encore intégrés.
- Professeur d’Histoire médiévale, l’auteur cite hélas rarement les sources historiques, aucune bibliographie les concernant ne figure dans l’ouvrage, on se demande d’ailleurs souvent si ces vestiges et sources existent encore, leur manque étant souvent évoqué dans le livre. On a par conséquent plus l’impression d’une œuvre de synthèse des existants préalables (auteurs contemporains) que d’un travail reposant sur l’exploitation de documents d’archives.
Ceci étant dit, le livre se lit d’une traite tant il est passionnant et nous confronte page après page à un problème redevenu contemporain ; la place de l’islam dans le monde et en particulier face à notre société occidentale. Il essaie de remettre les pendules à l’heure pour les esprits qui n’auraient à l’idée que les fastes andalous et la période éclairée pendant laquelle les trois religions du livre auraient cohabité paisiblement. Car la notion de dhimmitude traverse ces siècles interrogateurs.
Le pouvoir n’apparaît alors jamais comme bienveillant mais toujours comme coercitif, le seul moyen pour un habitant de ces lieux d’avoir un peu de tranquillité étant d’apostasier sa foi catholique ou de s’enfuir, à moins qu’il ne préfère la soumission, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’une forme extrême de ségrégation. Aucune liberté de pensée, d’action ou de parole qui puisse faire croire à un musulman quelconque une remise en cause, si minime soit-elle, de la parole islamique. Dans ce contexte, tout geste d’interrogation conduisait à la comparution devant un tribunal et à l’exécution par égorgement. Les cadavres n’étant pas alors épargnés mais eux-mêmes profanés.
De la conquête par des tribus bédouines, alliées à des berbères, puis à la création du califat, des rivalités entre abbassides et almoravides, le passé islamique prend des formes diverses mais jamais favorables à des chrétiens ou à des juifs qui se voient niés dans leurs croyances et leur état et obligés de se soumettre, toute tentative de révolte étant vaine. Peu à peu, la population va embrasser la foi du vainqueur ou s’exiler (si possible), de sorte qu’une population wisigothique, chrétienne à l’origine, va être transformée au cours des cinq siècles d’occupation en une population à forte majorité musulmane, arabophone, qui sera facteur d’interrogation lors de la Reconquista.
En effet, les nouveaux maîtres de l’Andalousie, catholiques soumis à la foi romaine, ne trouveront dans les terres reconquises qu’un petit reste de catholiques de tradition dérivée wisigothique autonome, arabophones, pas forcément acquis à leurs nouveaux maîtres, ou des populations musulmanes qu’ils soumettront cette fois-ci à leur contrainte.
Un livre qui essaie de réhabiliter la vérité historique si souvent manipulée par les anciens universitaires marxistes maintenant devenus islamo-gauchistes.
Eric Abgraal
Les Chrétiens dans Al-Andalus, Rafael Sánchez Saus, éditions du Rocher, 528 pages, 24 euros
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