Troisième décade de pluviôse, le second mois d’hiver. Un soleil de printemps se glisse dans les gelées du matin, alors que le chômage est passé sous la barre des 9% (8,8 !) et que les « sondages » annoncent le basculement de l’opinion vers un rejet des Gilets jaunes.
Je ne vais pas parler comme l’acteur François Berléand, mais j’approuve (un peu) la forte expression qu’il utilise pour exprimer son dégoût massif de la jaunitude : « Les gilets jaunes nous font ch… ! » (Entretien RTL, le 10 février). Loin de moi de croire que c’en serait fini de la sans-culottide actuelle. La Terreur rôde toujours, ainsi que les menaces bien réelles contre le petit roi, la reine Brigitte (à Reims, notamment) et les « zélites » de toute espèce. Sans parler des « perspectives » ouvertes par le dénommé Chalençon (voir ci-dessous)… et sa rencontre avec l’Italien Di Maio.
La Terreur ? C’est ce que visent à établir les Gilets jaunes résiduels
Mais pourquoi insistai-je autant sur la Terreur ? Parce que c’est ce que visent à établir les Gilets jaunes résiduels, lesquels, comme le « peuple » des faubourgs, jadis, ne lâchent rien (« nous irons jusqu’au bout ! » répètent-ils). Ils rêvent la destruction de l’ordre républicain et son remplacement par la chienlit des « assemblées participatives ». Place à la Vertu, quand ils y pensent, comme au temps où les despotes du comité des Onze[1] terrorisaient la France ! Si vous les avez un tant soit peu fréquentées (les assemblées), vous avez remarqué les consternants discours de la plupart des intervenants. Ce ne sont qu’ânonnements disant assez la médiocrité des pensers. Bref, la prime irait aux forts-en-gueule. Ce qui transformerait l’avenir de la république en comptoir de bistrot national – où les « faukons » se mélangent aux « yakas »…
Si vous ne me croyez pas, voici ce qu’ose dire le « référent Gilet jaune » du Vaucluse, Christophe Chalençon, interviewé en Italie (off croyait-il) par la chaîne de télévision 7… « Je sais que je risque beaucoup. Je peux me prendre une balle dans la tête à n’importe quel moment. Mais j’en n’ai rien à foutre. J’irai au bout de mes convictions, parce que s’ils me mettent une balle dans la tête, Macron il est passé à la guillotine. On est arrivé à un tel point de confrontation, que s’ils m’abattent, il est mort aussi. Parce que le peuple il rentre dans l’Élysée et il démonte tout. Lui, sa femme, et toute la clique. On est plusieurs comme ça. S’ils en touchent un, on a des gens, des paramilitaires qui sont prêts à intervenir parce qu’ils veulent aussi faire tomber le pouvoir. Donc aujourd’hui tout le monde est calme, mais on est à la limite de la guerre civile. Donc soit il y a une solution politique très rapidement, parce que derrière il y a des gens qui sont prêts à intervenir de partout. » La vidéo a fait le tour des « machines »…
Lire (ou relire) Marcel Aymé
Ce qui nous inciterait à lire (ou relire) Marcel Aymé et son roman Uranus. Un ouvrage ciblant les « délicats arrangements » avec la morale et la politique qui suivirent l’Occupation – et l’Épuration. Un bistrotier mal embouché, Uranus, gère la clientèle et vitupère l’époque. À propos, coïncidence étrange : ce roman a été donné à l’épreuve de français aux candidats du Brevet, cette année 2018 ! L’EN était en avance sur son temps. Las ! Les mômes en auront tiré uniquement des leçons pour « juger » leurs (arrière-grands) pères. Pour les plus instruits. Un beau raté. Alors que…
Une société est en principe civilisée lorsque les hiérarchies sont acceptées et que les vaches sont bien gardées, tout le monde étant à sa place. Reste à désigner les supposés faux-jetons ! C’est là qu’interviennent les Gilets jaunes au nom de la Vertu, comme jadis les sans-culottes, c’est-à-dire le « peuple ». Et que les « massacres de septembre » et la Terreur s’annoncent. Comment devient-ce possible ? À ce point, il faut se fier à Marcel Gauchet et à son Robespierre. Tout est dit dans le sous-titre : « L’homme qui nous divise le plus ». Selon cet historien-philosophe, nous avons le choix : soit l’ériger en parangon de vertu (inspiré par Jean-Jacques Rousseau), soit le haïr en tyran exemplaire.
Les nouveaux jacobins préfèrent le tyran à la suite de Jean-Paul Sartre ou de Jean-Clément Martin, pour les plus récents. Qui a osé proférer ce qui revient à toute allure dans l’inconscient des plus forcenés des gilets jaunes : « Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent et je ne vois pas d’autre moyen que la mort. On peut toujours sortir de prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué » ? C’est Sartre… que les Vendéens remercieront jusqu’à la fin des temps.
MORASSE
[1] C’est aussi le moment de relire Pierre Michon et son roman couronné par l’Académie française en 2009 : Les Onze, qui met en scène les onze membres du (« Grand ») Comité de salut public, de septembre 1793 à juillet 1794 (jusqu’au « 9 Thermidor »).
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