Il y a la méthode Trump : tempêter sur Twitter, mettre en place des barrières douanières – en suscitant avant tout les inquiétudes des pays vassaux ou partenaires des Etats-Unis – pour tenter d’exporter plus en Chine. Et il y a la méthode Poutine, sans bruit mais plus efficace : en 2018 la Russie a exporté plus qu’elle n’a importé de Chine, et ce pour la première fois depuis 2006… mais avec des volumes presque trois fois plus importants.
Selon les Douanes russes, en 2018 la balance commerciale de la Russie avec la Chine est positive avec 3.9 milliards de dollars ($) d’excèdent. Ces dernières années, c’était l’inverse, et de plus de 2015 à 2017 la valeur et le volume des exportations ont chuté du fait des sanctions occidentales contre la Russie.
Par ailleurs en 2018 les échanges avec la Chine ont augmenté de 25% (+44% pour les exportations et +8% pour les importations), jusqu’à 108 milliards de $. Le premier-ministre Dimitri Medvedev, en visite en Chine, a affirmé que le nouvel objectif était désormais de porter les échanges bilatéraux à 200 milliards de dollars.
La croissance en valeur des exportations est tirée par la hausse d’un tiers du pétrole russe Urals en 2018 – le pétrole et les carburants représentent en effet 41 milliards des exportations russes ; les exportations de cuivre (+127% en valeur), d’animaux vivants, d’huiles alimentaires (+51%), de poissons (+37%) sont aussi en hausse, mais restent très en retrait par rapport aux exportations d’hydrocarbures et de carburants raffinés.
Le gouvernement russe a annoncé privilégier à l’avenir les exportations de machines-outils et agroalimentaires en direction de la Chine, où les pâtisseries et bonbons produits en Russie sont déjà très populaires.
En revanche la Chine a exporté en Russie près de 6.4 milliards de dollars de téléphones portables (+20% en un an, en valeur), 3.9 milliards de dollars d’ordinateurs (+20% en un an), des pièces détachées pour voitures et équipements électroniques pour 1 milliard de dollars, des trottinettes et des vélos (1 milliard de dollars). Ces exportations chinoises en Russie sont plus diversifiées : les pièces détachées et équipements électroniques n’en représentent que 27%.
Cependant ces chiffres officiels ne prennent pas en compte « les importations grises », autrement dit illégales ou semi-légales, via le commerce en ligne, la Poste ou aux frontières. Peu de chiffres sont disponibles et ils sont datés : en 2015, ces importations étaient chiffrées entre 11 et 22 milliards de dollars pour la Russie, 9 milliards pour le Kazakhstan, 2.91 milliards pour la Biélorussie – plus que le montant total des échanges bilatéraux légaux avec la Chine.
Par ailleurs le top 10 des partenaires commerciaux extérieurs de la Russie reste inchangé : après la Chine, l’Allemagne est en seconde position, puis la Hollande, la Biélorussie et l’Italie. A la sixième place la Turquie a remplacé les Etats-Unis – après que ces derniers ont surtaxé les exportations d’aluminium russe – et la Pologne a remplacé le Japon à la 9e place. Le Kazakhstan n’est plus dans le top 10.
LBG
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