Breizh-info a évoqué voici quelques jours la « navette parking » achetée par la SOPRAF (abbaye de Fontevraud) aux frais des contribuables des Pays de la Loire. Une opération décidée en 2017, en période électorale, qui cumulait les anomalies. La chambre régionale des comptes a ainsi dénoncé un achat effectué :
– sans analyse préalable du besoin ;
– sans comparaison préalable avec les autres moyens de transport disponibles pour des transports de groupe sur de courtes distances ;
– sans analyse préalable des coûts induits (consommation électrique, recrutement d’un agent doté du permis poids lourds) ;
– sans analyse préalable de la possibilité effective de circuler sur la voie publique avec ce véhicule (pas d’autorisation à ce jour en France) ;
– sans informer le conseil d’administration du non-respect de sa décision du 17 décembre 2016 portant sur le budget d’investissement 2017 et prévoyant de trouver une solution de transport entre les parkings et l’abbaye ;
– sans informer le conseil d’administration du coût de la maintenance (25 000 € HT annuel pendant cinq ans) ;
– sans publicité et mise en concurrence, alors même qu’il existe au moins deux entreprises en France produisant ce type de véhicule ;
– pour un coût très élevé au regard des autres moyens de transport écologiques disponibles.
La Chambre contrôle les comptes publics. Elle ne s’est pas interrogée sur la responsabilité du fournisseur de la navette. Elle ne cite même pas son nom – Navya. Il s’agit pourtant d’une société d’ingénierie, censée fournir non seulement un véhicule mais aussi les services qui vont avec. Les problèmes rencontrés dénotent des carences manifestes de sa part.
Un projet qui va dans le mauvais sens
Est-ce une coïncidence ? Une navette électrique autonome de Navya a aussi été mise en service à Nantes en juin dernier. « Dans une métropole qui ambitionne de devenir une référence sur la transition énergétique, ce projet a du sens », déclarait imprudemment Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes. Son adjoint Franckie Trichet parlait lui d’une « première mondiale ».
L’essai était en réalité assez modeste : la navette se déplaçait en site propre sur un parcours fixe de 650 mètres seulement. Sa principale ambition était la neutralité en énergie grâce à des panneaux photovoltaïques placés au sol. Une pluie d’orage a eu raison de cette intention. L’électricité consommée par la navette a été fournie pour l’essentiel par le réseau électrique. Cet échec a retardé la suite de l’expérience : la navette aurait dû être mise en service sur différents sites nantais pendant les douze mois suivants. En réalité, elle n’a pas réapparu, même si son retour est annoncé pour un essai limité au cours du printemps.
Navya s’est introduit en bourse en juillet dernier et a perdu en six mois les trois quarts de sa valeur. Son chiffre d’affaires 2018 est inférieur d’un tiers à celui prévu à l’époque. Son fondateur, Christophe Sapet, a été limogé en décembre. Cofondateur d’Infonie et Infogrames, M. Sapet a eu moins de succès avec ses entreprises suivantes (IXO, Francité, Euro Interactive, Zonejeux.com…). L’autre cofondateur d’Infogrames, le député La République en marche Bruno Bonnell, a quitté la présidence du conseil de surveillance de Navya en juin dernier.
E.F.
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