Rennes. PSA Peugeot-Citroën et la région Bretagne font-ils de la préférence étrangère ?

PSA Peugeot-Citroën et la région Bretagne font-ils de la préférence étrangère à l’embauche ? À entendre la direction de PSA La Janais, usine Peugeot-Citroën située en banlieue de Rennes, la main-d’œuvre bretonne ne se bousculerait pas au portillon pour travailler au sein de l’usine. L’entreprise a donc décidé, en partenariat avec la région Bretagne pour l’aspect formation, de se tourner aussi vers des étrangers afin de pourvoir notamment les postes d’intérimaires.

30 306 chômeurs dans le bassin d’emploi de Rennes

L’usine PSA de Rennes La Janais produit actuellement le Peugeot 5 008 et le Citroën C5 Aircros : 130 000 à 140 000 véhicules doivent être produits en 2019. 500 personnes ont été recrutées pour monter une quatrième équipe de production, ce qui a entraîné des journées job dating organisées par Pôle emploi, qui n’auraient pas permis de trouver les candidats nécessaires. 60 % des recalés l’auraient été pour des raisons linguistiques, c’est-à-dire en raison d’une mauvaise maîtrise du français ne permettant pas de respecter consignes et mesures de sécurité. Les 500 postes pourvus, restent désormais en permanence plusieurs centaines d’autres postes occupés par des intérimaires. Au total, PSA Chartres-de-Bretagne emploie 3 200 salariés dont plus de 1 000 intérimaires.

Pour Mathieu Péraud, délégué général de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie pour le 35 et le 56, ces étrangers seraient  en effet plus motivés que « le public classique ». Raison pour mettre en place une formation à la langue française pour ces potentielles recrues, en partenariat avec le conseil régional et avec l’argent du contribuable. Il s’agit d’une formation en français langue étrangère (FLE), en partenariat avec le CLPS, centre de formation professionnelle pour adultes, à destination des candidats non francophones.

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« Il ne s’agit pas de faire venir de la main-d’œuvre étrangère mais bien de répondre à un besoin : nous avons constaté lors des job dating en 2018 que les candidats pour travailler en intérim chez PSA Rennes échouaient aux tests du fait d’une non-maîtrise suffisante du français. Il s’agit de personnes francophones ou non francophones présentes en France et inscrites pour quasiment tous comme demandeurs d’emploi. Ils sont dans les 30 036 chômeurs que vous avez identifiés. » explique M. Péraud, contacté par nos soins.

Au troisième trimestre 2018 en Bretagne, le taux de chômage en Bretagne s’élevait à 7,6 % de la population active (8,8% en France). Toujours au troisième trimestre 2018, dans le bassin d’emploi du pays de Rennes, on trouvait en effet 30 306 chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire disponibles de suite.

« À côté de cela, les entreprises industrielles ont beaucoup de mal à recruter : plus de 500 offres non pourvues actuellement sur le 35 dans l’industrie dont une part sur des postes qualifiés et d’autres accessibles pour ce public. Il est de notre responsabilité d’organiser des parcours pour les personnes motivées qui veulent travailler dans l’industrie et qui ont besoin de formation pour être recrutées. À noter que pour la filière automobile sur le bassin rennais, depuis la relance de l’activité de PSA Rennes et  ses sous-traitants fin 2016, ce sont plus de 5 000 candidats qui ont été rencontrés et testés pour près de 2 000 embauches sur plus de 2 ans. Cela montre bien l’attractivité de cette filière et des conditions d’embauche des entreprises automobiles.» poursuit M. Péraud.

Pas de préférence étrangère à l’embauche donc, mais un souhait affiché de recruter des travailleurs étrangers pour pallier un prétendu manque de main-d’œuvre. En réalité, ne serait-ce pas la précarité (intérim) et le faible salaire eu égard aux conditions de travail difficiles qui expliqueraient cette réticence des chômeurs français et l’embauche possible de travailleurs étrangers plus malléables et plus flexibles?

Si la direction de PSA n’a pas souhaité communiquer sur les salaires – ceux-ci étant il est vrai très divers au sein de l’entreprise -, on nous a affirmé que l’initiative formation de la Région Bretagne ne concernait pas que PSA, mais aussi de nombreuses autres entreprises de la région, qui seraient en manque de main-d’œuvre.

« Légitime de poser la question de la discrimination envers les Bretons »

Cette formation de la région Bretagne pour les étrangers a eu le don de surprendre les responsables bretons de Debout la France : « à la grande surprise des Bretons, lesdites heures de formation ne sont pas destinées à augmenter l’employabilité des Bretons, mais à enseigner le français à des étrangers inscrits à Pôle emploi. On nous explique que les Bretons ne veulent pas travailler à l’usine et donc la seule solution de nos grands penseurs socialistes est de faire appel à la main-d’œuvre étrangère. Cette idéologie socialiste a conduit à la désindustrialisation de notre pays et à la directive européenne des travailleurs détachés. Rien que cette dernière a supprimé 600 000 emplois pour les Français. » explique David Cabas.

« Financer, favoriser la main-d’œuvre étrangère, c’est creuser encore plus le chômage de masse en Bretagne, c’est accroître la précarité des Bretons qui sont déjà trop nombreux à vivre en-dessous du seuil de pauvreté. Tout l’argent de nos impôts investi dans la formation des étrangers, c’est moins d’aides aux Bretons qui survivent au jour le jour et qui aspirent à travailler afin de vivre dignement. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’une discrimination envers les Bretons, même s’il est légitime de se poser la question. »

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Les migrants, nouveau lumpenprolétariat ?

En Allemagne, en 2016, ont été mis en place des jobs payés à un euro de l’heure censés permettre l’intégration des réfugiés, tout en enrichissant le grand patronat avec la complicité des associations d’aide aux migrants. Certains n’ont pas manqué d’y voir là une résurgence d’une forme de lumpenprolétariat ou « prolétariat en haillons » qui, selon Karl Marx, est un terme désignant les « éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. » du prolétariat.

Aujourd’hui en France, les exemples ne manquent pas de ces patrons qui, avec l’aide des pouvoirs publics, sont presque érigés au rang de héros pour embaucher des migrants, alors que dans le même temps, nombre de leurs compatriotes sont au chômage et souffrent – la crise des Gilets jaunes en témoigne. Ici, les pouvoirs publics distinguent des migrants. Là, on nous explique que « le bâtiment se relève les manches pour former les migrants ». Des formations, « pour ceux qui accompagnent les migrants » sont mêmes mises en place. « Des réfugiés formés et embauchés dans des secteurs qui peinent à recruter » nous explique-t-on concernant la Loire-Atlantique. « Toujours polis, toujours bonjour, très motivés, plus que d’autres bien Français » peut-on lire ici ou là, comme pour mieux avaler la pilule, en force.

Même fable dans la restauration, où la direction de l’UMIH se frotte les mains en voyant cette main-d’œuvre potentielle qui sera moins regardante, sur les coupures, les pressions, les rythmes effrénés, les heures supplémentaires abandonnées…

« En 2013, le Bloc Identitaire, mouvement de droite identitaire, avait mené campagne sur l’immigration derrière la thématique « Souriez, vous êtes remplacés ». Eu égard à ce qui se passe, professionnellement, socialement, culturellement, dans le pays, qui pourra aujourd’hui, en toute honnêteté, donner tort à cette formation politique ? » nous écrit un lecteur, dans un commentaire que nous garderons sous forme de conclusion.

Photo : DR
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