Jean-Philippe de Lespinay nous adresse une tribune que nous reproduisons ci-dessous, intitulée Fini la République, entrons en démocratie ! Proposition d’une nouvelle constitution.
Première partie du texte, que nous intitulerons : le constat
Ce n’est pas le président qu’il faut changer, c’est le système
La crise des Gilets Jaunes, qui ne cesse pas et continue à recueillir la sympathie d’une majeure partie des Français, révèle deux choses importantes. La première, c’est que nos concitoyens en ont réellement assez du « système » au point de descendre dans la rue comme on le prédisait depuis des années. La seconde, c’est que le pouvoir est impuissant à résoudre cette crise pourtant prévisible, pratiquant les promesses et la désinformation.
La solution réclamée par les manifestants est simple : « Macron démission ! ». Hélas, vu les présidents précédents, cela ne changera rien. S’il accepte de démissionner, ce dont il est incapable vu sa formation d’énarque, quel meilleur président le remplacera ?
Quant aux politiques de tous bords, ils sont horrifiés : comment le président Macron va-t-il financer les cadeaux qu’il promet aux Gilets Jaunes ! Il ne leur vient pas à l’esprit que la solution existe depuis la nuit des temps : alléger le poids de l’État, donc réduire les impôts, donc réduire le nombre de fonctionnaires comme Sarkozy le proposait déjà en 2007 ce qui lui valut d’être élu, et donc réduire le nombre de politiciens (1 élu pour 100 habitants !), la plupart étant fonctionnaires.
Le résultat de la gestion de nos présidents successifs depuis Giscard se lit dans deux chiffres sidérants : notre dette publique culmine aujourd’hui à 2 300 milliards d’Euros – soit autant que notre produit intérieur brut ! – et parallèlement le quart des salariés français est devenu fonctionnaire ou assimilé ! Alors que ce devrait être 10 % maximum. En effet, pour payer tous ces inactifs, des électeurs acquis au système, l’État fait du déficit. Vous comprendrez pourquoi Macron, désireux comme tout énarque de conserver les électeurs acquis au système, est incapable d’envisager de compenser ses cadeaux aux Gilets Jaunes par la seule mesure possible : la réduction du nombre de fonctionnaires. Il va donc être obligé de tricher pour ne pas (trop) grossir encore la dette publique.
Giscard en 1974 est le premier à créer de la dette pour financer l’embauche de nouveaux fonctionnaires, un vivier d’électeurs acquis à son système. Ce graphe s’arrête en 2011, mais pas la croissance de la dette qui culmine aujourd’hui à 2 300 milliards !
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi depuis Giscard la quasi-totalité des présidents est énarque ? Giscard, Chirac, Hollande, Macron…
Les énarques ont la partie belle : ils sont invirables de par leur statut de fonctionnaires et sans souci d’argent car appartenant à des partis de bureaucrates puisant indéfiniment dans nos impôts. Ils peuvent ainsi, par exemple, verser des centaines de milliards à leur clientèle (34 milliards rien qu’en 2012 pour les associations), par subventions (aux médias, aux maires et aux associations, par ex), par emplois fictifs et par la corruption (affaire Urba) dont la France est la championne parmi les pays industrialisés. On comprendra à quel point il est facile dans ces conditions d’arriver à 2 300 milliards d’Euros de dette publique.
Depuis le temps que ça dure et que l’on dénonce de toute part ces détournements de nos présidents successifs tous d’accord de mener la même politique antiéconomique qui nous ruine, ni le peuple ni la justice n’ont pu y mettre le holà. Le premier parce qu’il est muselé, le deuxième parce qu’il fait partie du problème. Le système a été conçu pour se maintenir envers et contre tous : il est protégé par notre constitution ! La mère de toutes nos lois. Laquelle a été modifiée de nombreuses fois en catimini par nos amis hauts-fonctionnaires. Le pire saboteur étant Giscard avec ses barrières aux candidatures aux présidentielles destinées à empêcher les candidats de la société civile d’être élus et à favoriser les bureaucrates acquis au système, financés par nos impôts, énarques en tête.
Un pays comme le nôtre, qui réussit à rester dans le peloton de tête des pays riches en dépit de l’énorme boulet qu’il traîne, s’il était bien géré, ferait des Français le peuple le plus riche du monde.
La constitution française, mère de la corruption française
Puisque le système est protégé par la constitution, changeons la constitution. D’accord, mais avant d’attaquer notre ennemi, apprenons à le connaitre (Sun Tzu, L’Art de la guerre). Il ne s’agit pas de répéter les mêmes erreurs avec une nouvelle constitution. Il faut d’abord réaliser à quel point le contenu de l’actuelle constitution française est scandaleux.
La constitution française débute par cette profession de foi : la République c’est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». C’est beau… Sauf que tout ce qui suit démontre que la république c’est le gouvernement du peuple par ses élus pour ses élus. « par le peuple et pour le peuple » devrait impliquer le droit de l’électeur à révoquer l’élu à qui il a confié « le gouvernement du peuple ». Or absolument aucun des « titres » qui composent ce texte (il y en a 16) n’offre ce droit élémentaire dans une démocratie. Ce qui frappe, c’est l’absence totale de titre décrivant les droits du peuple. Dans la mère de ses lois, le peuple n’a aucun droit. Sauf celui d’être assujetti (Titre V : « les sujétions imposées par la défense nationale aux citoyens en leur personne et en leurs biens. »). La déclaration des Droits de l’Homme, contrairement à ce que beaucoup croient, est seulement citée sans être intégrée.
Par contre, les droits des élus occupent 99 % du texte.
La constitution française est principalement consacrée à la description des différents types d’élus (président, gouvernement, députés, sénateurs, juges et collectivités territoriales), aux différents comités leur servant à gouverner le peuple ou à se gouverner entre eux (assemblées, conseils, cours, bureaux, juridictions, directoires, commissions), à la répartition du pouvoir entre eux. Il y a bien un titre concernant le citoyen (mais pas l’électeur !) intitulé « le défenseur des droits » : « Il peut être saisi, dans les conditions prévues par la loi organique, par toute personne s’estimant lésée par le fonctionnement d’un service public ». Sauf que la loi organique n’est pas définie, que la notion de service public non plus et que la fonction de défenseur des droits pas davantage ! Finalement, le défenseur des droits est nommé par le Président de la république ! Difficile dans ces conditions pour cet obligé du pouvoir de poursuivre celui qui l’a nommé ou son gouvernement. D’autant plus que s’il a été choisi, c’est qu’il est l’allié du système pas son adversaire !
Même les députés, dont le rôle est de contrôler l’action du gouvernement, sont muselés ! « Sont irrecevables et ne peuvent être inscrites à l’ordre du jour les propositions de résolution du parlement dont le Gouvernement estime que leur adoption ou leur rejet serait de nature à mettre en cause sa responsabilité ou qu’elles contiennent des injonctions à son égard » (art 34-1) ! Remarquez, bizarrement, ils ne s’en plaignent pas… Étonnante démocratie que la nôtre, vous ne trouvez pas ? On peut y être élu, mais ensuite on ne pourra ni être critiqué par ses pairs ni révoqué.
Le plus scandaleux dans notre constitution reste à venir : les outrages affichés à la démocratie et à la justice par des lois spécifiquement écrites pour donner droit aux élus d’échapper à la justice à laquelle le peuple, lui, est assujetti alors qu’il est leur patron !
« Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions », « Aucun membre du Parlement ne peut faire l’objet, en matière criminelle ou correctionnelle, d’une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’assemblée dont il fait partie », « La détention, les mesures privatives ou restrictives de liberté ou la poursuite d’un membre du Parlement sont suspendues pour la durée de la session si l’assemblée dont il fait partie le requiert. »
Un chapitre spécial est consacré à la protection des membres du gouvernement : « Titre X – De la responsabilité pénale des membres du gouvernement » où l’on découvre qu’ils ne sont pas jugés par des magistrats mais par 12 parlementaires (leurs copains) assistés de 3 juges de cassation (bien inféodés à l’État, spécialistes de la forme et pas du fond, de toute façon minoritaires dans cet aréopage de 15 personnes).
Quand le peuple découvre qu’une fois de plus le président qu’il a élu lui a menti en n’exécutant pas son programme, cas systématique depuis Giscard (l’homme du « changement » qui n’avait rien changé), c’est la chute dans les sondages, tout aussi systématique. Mais l’élu n’en a cure ! Regardez Macron. Protégé par la constitution, le menteur reste là dans son palais entouré de ses courtisans toute la durée de son mandat. Il peut même se faire réélire tellement le système est bien verrouillé ! Par exemple quand il est en face d’un candidat bonnet blanc-blanc bonnet encore plus faible que lui (Chirac face à Mitterrand) ou d’un candidat soigneusement diabolisé par les médias aux ordres (Le Pen face à Chirac).
Puisque la loi n’est pas de son côté, le peuple est contraint pour se défendre de sortir de la légalité. Par exemple, il endosse un gilet jaune et descend dans la rue se battre contre les forces du régime : la police et les CRS, qui pourtant pensent souvent comme lui…
En somme, notre constitution a été trafiquée pour passer la main à des élus superpuissants, irrévocables et hors la loi. Le citoyen n’existe plus.
La deuxième partie dans un autre article.