A l’occasion de la journée mondiale pour un Internet plus sûr, l’Ifop a publié une enquête réalisée pour le site Gridbus.org, site d’information sur la sécurité informatique, qui montre qu’en matière de nouvelles technologies, « démocratisation » ne signifie pas nécessairement « maîtrise ».
Majoritairement adeptes de comportements « à risques » en ligne, les Français, et notamment les plus jeunes, n’ont pas encore adopté les codes d’une « hygiène du numérique ».
Le mot de passe : un problème de sécurité pour la majorité des Français
• Plus d’un Français sur deux (59%) se trouve dans une “pratique à risque” vis-àvis de ses mots de passe sur Internet
• Les femmes moins attentives : 60% des Français utilisant ces pratiques à risque sont des Femmes
• Plus on a de comptes, moins l’on est prudent : 77% des Français se trouvant dans une “pratique à risque” sont des jeunes de 18 à 24 ans, contrairement aux Français de 50 à 64 ans, qui représentent 48%
• La fréquence de réinitialisation de ses mots de passe (MDP) sur Internet : Un Français sur 2 change de MDP au moins une fois tous les 3 mois, 14% des Français changent de MDP au moins une fois par semaine, seulement 8% des Français ne changent jamais leurs MDP
L’espionnage au sein du couple :
• Près de la moitié des 18-24 ans (53%) se sont connectés au compte de leur petit(e) ami(e), dont 19% à l’insu de ce dernier
• 49% des étudiants ont déjà accédé au compte sur les réseaux sociaux de leur petit(e) ami(e), dont 20% à leur insu
- Près d’un Français sur deux déclare avoir déjà consulté la boîte e-mail (48%) ou le téléphone (51%) de son conjoint •
- 57% des Femmes ont déjà accédé au portable de leur conjoint, dont 7% à leur insu, contre 48% des Hommes (dont 5% à leur insu)
Parents, montrez l’exemple !
- Manque d’hygiène du mot de passe et comportement à risque : 30% des CSP + et trois quarts des 18-24 ans (77%) gardent la même chaîne de caractères pour accéder à tous leurs services
• Malédiction de la génération numérique : 59% des moins de 35 ans doivent réinitialiser des mots de passe au moins une fois tous les trois mois (dont 25% toutes les semaines), tout comme 61% des CSP+.
• Respect de la vie privée ? 21% des parents se sont déjà connectés au compte de leur enfant sur les réseaux sociaux, 25% sur leur téléphone et 28% sur leur boîte e-mail.
L’expérience de différentes pratiques sur Internet :
• Sortez couvert ! seulement 55% des Français ont installé ou utilisé un antivirus sur l’un de leurs appareils électroniques au cours des 12 derniers mois et pourant
• Le danger des accès publics : 53% des Français ont eu recours à un réseau wifi public récemment • Nids à virus : environ un quart des personnes interrogées (24%) admet avoir eu recours au téléchargement illégal (Direct DownLoad) pour obtenir des fichiers audio ou vidéo
• Enfin, en matière de sécurité sur Internet, souvent synonyme d’anonymat et de non-traçabilité, l’usage du VPN séduit environ un Français sur cinq (19%) avec un surcroît d’utilisation chez les plus jeunes (26% des 18-24 ans) et les générations familières de « l’Internet de la débrouille » (24% de 25 à 49 ans).
L’avis de l’expert
Avec l’accélération des progrès technologiques et des flux d’information depuis la décennie 2000, l’hégémonie du numérique dans quasiment tous les aspects de la vie quotidienne s’impose aujourd’hui comme une réalité. Cette ascension a même été si fulgurante… que les utilisateurs de tous ces services nouveaux n’ont pas eu l’occasion d’intégrer ou d’être formés à l’« hygiène » du numérique. En résultent des pratiques « à risques » tenaces, rendant les individus plus fragiles que jamais dans un contexte de captation indue des données personnelles (cas des GAFA, scandale Cambridge Analytica, entrée en vigueur du RGPD, etc.) voire d’usurpation d’identité : choix de mot de passe peu sûrs, échanges de codes d’accès, connexion à des sites ou réseaux potentiellement dangereux, etc. Or, les publics les plus précaires ne sont pas ceux qui pratiquent le moins la matière numérique mais, au contraire, ceux qui en sont le plus adeptes : les jeunes et les CSP+. A la fois utilisateurs et objets de sollicitations en permanence, les « connectés » cherchent à profiter au maximum des ressources du numérique, quitte à faire l’impasse sur des précautions élémentaires afin de jongler avec fluidité entre tous leurs services. L’apprentissage de l’hygiène du numérique doit dès lors s’adresser à tous, y compris aux publics dont on croit qu’ils maîtrisent une technique simplement parce qu’ils y ont recours quotidiennement.
Jean-Philippe Dubrulle, Chef de groupe au Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop
Photo : DR
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