Brexit. « Le terrorisme pourrait être de retour en Irlande du Nord » prévient l’ancien chef du MI5

Un ancien chef du MI5 a averti qu’elle était « très inquiète«  de l’impact du Brexit sur la situation sécuritaire en Irlande du Nord. La baronne Manningham-Buller a déclaré que le Royaume-Uni serait « moins en sécurité » s’il quitte l’Union Européenne sans un accord avec Bruxelles.

Elle s’exprimait alors que deux anciens chefs de la police d’Irlande du Nord avertissaient que les républicains dissidents étaient prêts à exploiter le chaos autour de Brexit pour lancer une nouvelle vague de terreur.

La baronne Manningham-Buller a succédé à Sir Stephen Lander au poste de directeur général du Service de sécurité en 2002, deuxième femme à assumer ce rôle après Dame Stella Rimington. Suite aux attaques récentes de républicains dissidents, la baronne Manningham-Buller s’est montrée particulièrement préoccupée par l’impact sur la sécurité de l’île d’Irlande.

« Je suis très inquiète. Une grande partie de ma carrière a été consacrée à l’IRA provisoire et aux groupes terroristes loyalistes d’Irlande du Nord. Je me souviens de l’époque où il était tout à fait désagréable de franchir la frontière et aujourd’hui, si nous y revenons, cela coupe les liens croissants entre l’Irlande du Nord et la République, qui sont un élément important du processus de paix. Cela modifiera radicalement le sentiment et la politique de l’Irlande du Nord.»

Selon la baronne, « Il y a toujours eu des opposants au processus de paix qui ont voulu continuer la guerre. Le danger, c’est que ces opposants voient leurs rangs grandir dans les prochains mois.»

La baronne Manningham-Buller a déclaré que le pays était confronté à toute une série de problèmes de sécurité – du terrorisme aux menaces russes – qui étaient mieux traités dans un « contexte européen ». Elle a dit qu’il fallait éviter à tout prix un Brexit sans accord.

« En tant qu’ancienne membre du MI5, je suis très préoccupée par la perte possible d’outils comme le mandat d’arrêt européen ou encore par la perte de l’accès aux données d’Europol » a-t-elle déclaré sur BBC Radio. « Si nous partons sans un accord, nous serons moins en sécurité. Nous avons un problème terroriste très grave dans ce pays, d’autres problèmes de sécurité très graves – la montée de la Russie, son ingérence dans nos élections. Je suis assez mal à l’aise quand je vois que Vladimir Poutine est si favorable au Brexit – je pense que cela devrait tous nous donner à réfléchir.»

Pour revenir à l’Irlande du Nord, Alan McQuillan, ancien chef de police adjoint,  a déclaré que des éléments en Irlande du nord profiteraient du Brexit pour semer le trouble. « La réalité est qu’ils sont toujours dangereux et qu’ils utiliseront leur peur d’une frontière dure pour essayer d’intensifier leurs activités. Les dissidents s’accrochent au train Brexit. Je pense qu’il y aura d’autres attaques, je pense qu’elles restent dangereuses. Mais je ne pense pas qu’ils réussiront.»

Les politiciens anglais se voient reprocher de ne pas accorder suffisamment d’attention à la possibilité d’un retour à la violence en cas de frontière dure .

Samedi 26 janvier, des manifestants ont symboliquement construit un mur de béton sur une route entre l’Irlande et l’Irlande du Nord avec de faux barrages militaires pour imager ce qu’un Brexit dur signifierait, pour rappeler les décennies de violences qui ont ravagé le pays, que beaucoup ne veulent plus voir revenir, y compris dans les communautés loyalistes ou républicaines.

La frontière est devenue invisible après les accords de Paix de 1998, qui ont mis fin au conflit qui avait causé plus de 3.600 morts.

Crédit photos : Flickr (Stefan Solleder cc)
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