Il aura suffi d’un tweet du joueur franco-irlandais du Racing Simon Zebo et d’une enquête express pour qu’un supporteur se retrouve banni à vie par l’Ulster, province nord irlandaise de rugby.
Lors du match de Champions cup entre l’Ulster et le Racing 92 début janvier, l’arrière irlandais du club francilien, Simon Zebo, prétend avoir été la cible d’insultes racistes, lui qui a pourtant été – sans jamais aucun incident de ce type – l’excellent arrière titulaire et indiscutable du XV d’Irlande de 2012 à 2018 et par ailleurs joueur du Munster avant d’aller se vendre pour plus d’argent au Racing et, de facto, d’abandonner la possibilité de jouer pour son équipe nationale.
Dans la foulée du match, perdu par le Racing, Zebo tweetait ainsi : « J’espère aussi que mes oreilles m’ont trompé avec les quelques commentaires que j’ai entendus à mon encontre dans la foule. Django gagne à la fin. » Une référence au film éponyme de Quentin Tarantino, qui suit l’histoire d’un esclave noir affranchi.
A tough place to play but great effort from the boys,2 important points on the road ??
Also I hope my ears deceived me with some comments directed my way from the crowd #NotOn
Django wins in the end ✌? pic.twitter.com/GAqrQ8W6HQ— Simon Zebo (@SimonZebo) 12 janvier 2019
Après une enquête express, alors même que le joueur du Racing n’avait déposé aucune plainte, et un appel du club à la dénonciation, les images des caméras n’ayant pas permis de déterminer le moindre acte raciste, les dirigeants du club ont identifié et sanctionné un individu d’une quarantaine d’années, sans dire en quoi consistait les éventuelles insultes.
« Suite à une enquête approfondie sur des allégations d’abus dirigés contre Simon Zebo lors de la rencontre contre Racing 92 le samedi 12 janvier, Ulster Rugby a sanctionné l’interdiction à vie d’un spectateur pour violation du règlement de notre stade. Nous voudrions remercier les nombreux supporters qui ont fourni des informations utiles à notre enquête.» expliquent les dirigeants de l’équipe d’Ulster.
Sur simple dénonciation, un individu se retrouve donc banni à vie et interdit d’aller supporter son équipe pour le restant de ses jours . Simon Zebo, payé 58 000 euros par mois pour jouer au rugby en Top 14, n’avait quant à lui écopé d’aucune sanction pour s’être moqué – devant les caméras de télévision et donc devant des apprentis rugbymen – d’un jeune joueur de l’Ulster lors du match aller, joué à Paris.
Dans une déclaration faite mardi aux détenteurs d’abonnements, Johnny Petrie, PDG de Ulster Rugby, a déclaré : « Nous mettrons en place des mesures supplémentaires pour nous assurer d’avoir une atmosphère sûre et positive dans le stade et nous encourageons les supporters à signaler immédiatement tout incident futur ». Le club a présenté ses excuses au Racing et à Simon Zebo.
Sur les réseaux sociaux, Simon Zebo a reçu de nombreux soutiens, en Irlande comme en France. Du côté des supporteurs de l’Ulster, que nous avons pu interroger par téléphone depuis l’affaire, les réactions sont parfois mitigées :
Samuel nous dit « comprendre la punition, mais la trouver trop lourde. Surtout qu’il n y a pas eu de plainte . Après cela nuit à l’image du club ».
« J’aime beaucoup Zebo. Après toute cette histoire s’est emballée pour pas grand chose. On parle d’une insulte, on ne sait même pas laquelle. Mais dès qu’il s’agit d’un joueur de couleur, on parle de racisme. Et Zebo avait provoqué au match aller. Interdit à vie pour cela, c’est dingue » nous confie Mark, un autre supporteur historique du club. « Mais de toute façon, vous avez vu comment Ulster rugby a traité Jackson et Olding ? Il n y a aucune pitié, dès que les médias s’emparent d’une affaire »
Il est vrai que les médias, français comme irlandais et même anglais, ont particulièrement médiatisé l’affaire, comme ils savent parfaitement le faire, le « racisme » permettant de belles audiences. En France, récemment, la chaine Canal + s’est même fendue d’un reportage intitulé « Je ne suis pas un singe » sur quelques cas très isolés mais très médiatisés de racisme dans le football, reportage que nous avons décrypté ici.
Crédit photo : DR
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