S’ennuyer au travail, un problème de « riches » ? Le phénomène de bore-out est pourtant de plus en plus observé et ne doit pas être négligé.
Bore-out : de quoi s’agit-il ?
Certains employés ou ouvriers accablés de travail en ont probablement rêvé : trouver enfin un poste tranquille. Très tranquille. Et parfois même trop tranquille ! Une situation qui n’a rien d’enviable lorsque l’on s’intéresse de plus près à ses conséquences. Dans une économie européenne où le secteur tertiaire a fortement gagné du terrain ces dernières années aux dépens des deux autres, l’ennui au travail est devenu un phénomène de société.
Ce bore-out, concept ayant fait son apparition pour la première fois en 2007, désigne le contraire du burn-out (épuisement professionnel). Cet anglicisme est issu du mot bore, « ennui », qui dérive lui même de « boredom » et de « out », pour extérieur. Un bore-out utilisé pour qualifier un état d’ennui au travail. Lorsqu’il se prolonge, cet ennui peut lui aussi conduire à une forme d’épuisement général. Et parfois même à la dépression. Des cas nécessitant une hospitalisation ont déjà été observés…
Le bore-out et le sentiment d’inutilité
D’un travail où l’activité est peu intense, comment en arrive-t-on alors à une telle situation de détresse ? Le mécanisme, s’il peut paraître un peu trop « psychologisant » pour celui qui n’y est pas exposé, est plutôt vicieux. Le bore-out commence tout d’abord par un profond sentiment d’ennui mélangé à de la culpabilité. Une absence de stimulation intellectuelle qui conduit le salarié à une progressive dévalorisation de son travail. Mais également de son estime de lui-même. Car vient s’ajouter à cela un autre sentiment, celui d’être « payé à ne rien faire ».
Ainsi, de la mise à l’écart volontaire dans le public pour les fonctionnaires ne pouvant être licenciés aux postes non-supprimés mais vidés de leurs sens en passant par la parcellisation extrême des tâches dans le privé, les explications au développement du bore-out sont multiples.
Selon certaines études menées depuis les premières évaluations du phénomène en 2008, le bore-out pourrait touché jusqu’à 30 % des salariés de l’Hexagone. Des chiffres qu’il faut toutefois considérer avec précaution.
Bien que l’indemnisation chômage en cas de démission ait vu ses critères assouplis depuis le 1er janvier 2019 en France, nombreux sont les salariés qui hésiteront à quitter un travail certes ennuyeux pour un saut dans l’inconnu. Mais la nécessité d’enfin se réaliser soi-même est peut-être à ce prix.
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