Antoine Bonin et Charlotte Dorn travaillent pour les Dernières Nouvelle d’Alsace (DNA) et sont journalistes. Ils viennent de réaliser un article qui contribuera sans doute à la mort professionnelle d’un militant du Bastion social en médiatisant une affaire qui concerne l’enseignement privé, mais qui relève de la vie professionnelle de l’individu.
Vous voulez comprendre pourquoi certains journalistes sont détestés, et même plus encore ? Certains d’entre eux, comme @abonin_DNA et sa complice Charlotte Dorn, font un travail non pas de journaliste mais de délateurs prêts à tuer professionnellement . @dnatweets @jylgallou pic.twitter.com/keedJu7IKt
— Breizh-Info (@Breizh_Info) 24 janvier 2019
Hallucinant.
Un professeur irréprochable voit sa carrière brisée à cause de son engagement et de ses idées.Quand je pense à tous les imbéciles type @lordmahammer qui prennent un ton péremptoire pour expliquer à quel point les Français qui parlent de dictature sont des idiots… pic.twitter.com/XmdfDReXmL
— Nicolas Faure ?? (@nfaure_) 23 janvier 2019
Pierre de Laubier a publié sur son blog une tribune sur ce sujet, intitulé Délit d’opinion dans un lycée catholique d’Alsace : un licenciement « philosophique » ?. Nous la reproduisons ci-dessous :
Voici une « affaire » qui révèle à la fois la lâcheté et la nullité des administrateurs de l’enseignement catholique sous contrat. Des parents ont signalé au directeur d’un lycée catholique d’Alsace qu’un de ses professeurs appartenait à un mouvement politique : le Bastion social. Stupeur et tremblement ! Pour rien du tout, car l’exposé des faits ne prouve rien d’autre que la couardise et l’hypocrisie de l’enseignement catholique sous contrat.
A lire l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace, on se demande ce qui justifiait d’envoyer deux journalistes enquêter, car aucune faute n’a été signalée. C’est un pur délit d’opinion que ce journal a choisi de relayer, en ayant la prudence de ne révéler ni le nom de l’établissement, ni celui du professeur concerné.
Concerné, mais pas incriminé, car tout ce qui est dit plaide en sa faveur. Il a été en poste à Aix-en-Provence, où il a donné « entière satisfaction ». L’entretien avec le directeur du lycée alsacien s’est « très bien » passé. Inspection des cahiers, interrogatoire des élèves, rien n’y fait : tout va bien. Le directeur avoue même : « Il traite la Shoah comme la traiterait un autre prof. » C’est dire !
On signale quand même qu’il a peut-être une fois parlé de « S.D.F. français », sans dire ce que cette expression aurait de blâmable. « L’enseignant aurait aussi reproché à des jeunes de jurer en disant“ouallah” ou “sur la Mecque”. » Cela fait beaucoup de peut-être et de conditionnels. De plus, qu’on fréquente un établissement étiqueté catholique ou un établissement laïc, ces expressions seraient déplacées et le professeur n’aurait fait que son devoir.
Le directeur aurait bien voulu se débarrasser au plus vite de ce professeur. Mais, avoue-t-il, « on a vérifié : si l’enseignement est fait dans les règles de neutralité, s’il n’y a pas de faits avérés, pas de dépôt de plainte, il a le droit d’avoir ses opinions ». On ne peut pas mieux dire. On s’inquiète même de voir qu’un directeur de lycée ignore l’article 10 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui sert de préambule à la constitution : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses. »
N’empêche que le directeur en question, qui ne s’embarrasse ni de peut-être ni de conditionnels, « a déjà prévenu le suppléant qu’il ne renouvellera pas son contrat », et « il a signalé son cas au réseau des établissements catholiques de France ». Emboîtant le pas, l’académie de Strasbourg aurait décidé de lui fermer la porte « au nom de la déontologie de l’enseignement ».
Ce directeur ferait bien d’être prudent, car la discrimination pour raisons d’opinion est un délit prévu par le code pénal, dont l’article225-1 modifié par la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 (art. 86) fait partie de l’affichage obligatoire : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement (…) de leurs opinions politiques (…). »
Ce directeur est peut-être à cheval sur les principes, mais la loi, il s’assied dessus. En l’occurrence, il a de la chance qu’il s’agisse d’un simple suppléant, catégorie de personnel que l’éducation nationale et sa filiale catholique traitent comme aucun chef d’entreprise n’aurait le droit de traiter le plus humble de ses salariés.
Le directeur invoque la « philosophie » de son établissement (dans lequel, comme on l’a vu, il est suspect d’empêcher les élèves de jurer “ouallah” ou “sur la Mecque”). Or, ce professeur n’a-t-il pas reçu l’agrément appelé « préaccord collégial », censé garantir son adéquation aux valeur de l’enseignement catholique, et valable à l’échelon national ? Dans ce cas, et en l’absence de faute et même de soupçon de faute, comment pourrait-il lui être retiré ? Ce détail prouve, une fois de plus, que ce préaccord est arbitraire, illégal, nul et non avenu, et qu’il n’accorde aucune garantie aux futurs professeurs.
Cette affaire montre aussi que la prétention de l’enseignement sous contrat à être « ouvert à tous » n’est qu’un slogan vide de sens. Ou, pour mieux dire, dont le sens est caché.
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