Depuis avril 2018, les scientifiques du Centre de recherche des écosystèmes marins de hautes latitudes de l’Université Austral relèvent des données à l’extrême-sud de la Patagonie. Celles-ci doivent leur permettre de mesurer les impacts du réchauffement climatique sur les eaux. Une étude très localisée, mais qui pourrait prédire les risques à venir pour tous les océans du globe.
Un fjord comme témoin des changements climatiques
Près du Détroit de Magellan, au Chili, l’océan Atlantique et l’océan Pacifique se rencontrent dans une zone inhospitalière où les vents soufflent à environ 110 km/h. C’est là, à Seno Ballena, « le fjord des baleines » en français, que les chercheurs ont installé leur équipement : un système de capteurs permettant de réaliser des analyses dans l’eau à intervalles régulièrs. Le lieu n’est pas anodin : à cause de la fonte du glacier de Seno Ballena, une importante quantité de CO2 est libéré dans l’eau. Cela cause des variations chimiques et biologiques qui mettent en péril l’écosystème marin local.
En effet, cette situation mène à une fréquentation différente des eaux du fjord. Les chercheurs ont ainsi noté la présence amoindrie des baleines à bosse, parallèlement à une fréquentation en hausse d’autres espèces comme les dauphins à dos lisse. Ils ont également remarqué des modifications dans la composition du plancton ; une observation inquiétante qui pourrait avoir des conséquences sur l’ensemble de la chaîne alimentaire locale.
Anticiper les prochaines décennies
La concentration de CO2 dans les eaux patagoniennes donne une idée de ce que pourrait être la dégradation des écosystèmes marins à cause de la pollution et de l’épuisement des ressources. Les scientifiques ne cachent d’ailleurs pas leur inquiétude face au risque grandissant d’une marée rouge en Patagonie. Ce phénomène entraîne la mort de nombreuses espèces marines par la prolifération de micro-algues, qui libèrent des toxines et consomment les réserves d’oxygène.
En plus d’affecter le milieu marin, ces changements auraient un impact non-négligeable sur le système économique et social de la région. Autant de raisons de prendre en compte la situation du glacier de Seno Ballena afin d’anticiper les risques pour les mers et les océans du globe dans les décennies à venir.
L’exploitation de ces premiers relevés par les chercheurs du centre Ideal a permis de dresser un état des lieux sur la situation en Patagonie et d’alerter sur les risques encourus à l’échelle mondiale. Les scientifiques poursuivront leur mission lors du prochain hiver austral afin d’affiner leurs données.
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