La France attire… les demandeurs d’asile. Le nombre de dossiers a augmenté de 22 % dans l’Hexagone en 2018, une tendance singulière qui dénote dans l’Union européenne.
122 743 demandes d’asile
Les « Statistiques annuelles en matière d’immigration, d’asile et d’acquisition de la nationalité française » ont été publiées le 15 janvier par le ministère de l’Intérieur. À la lecture du document, nous apprenons que le nombre de demandeurs d’asile en France a connu une hausse de 22 % entre 2017 et 2018. Ce sont ainsi 122 743 demandes qui ont été recensées auprès de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) au cours de l’année dernière. Ce nombre avait déjà augmenté de 17 % entre 2016 et 2017, signe que « l’attractivité » de la France n’est pas tout à fait une nouveauté.
De plus, le nombre de demandes d’asile enregistrées au niveau des guichets uniques atteint 128 800 y compris les mineurs accompagnants (+6,3 %). Quant à la proportion des demandes acceptées selon la procédure Dublin, elle reste stable : 37 % en 2018 contre 38 % en 2017.
Macron et Merkel sur le podium
Dans ces conditions, comment se situe la France par rapport à ses voisins européens ? En ce qui concerne les demandes d’asile, l’Hexagone arrive en deuxième position au sein de l’Union européenne derrière l’Allemagne d’Angela Merkel. La chancelière avait créé un véritable appel d’air en 2015 lors de la crise migratoire avec la mise en place d’une politique d’accueil extrêmement favorable aux candidats à l’immigration.
L’Allemagne a enregistré 174 000 dossiers au cours des 11 premiers mois de l’année 2018. En troisième position, se trouve ensuite l’Italie et ses 54 000 candidatures à l’asile. Plus généralement, le nombre de demandeurs d’asile est à la baisse dans le reste de l’UE. Une information à corréler avec celle de l’agence Frontex (Agence européenne de garde-côtes et garde-frontières) qui a annoncé en ce début d’année 2019 que le nombre de migrants illégaux à être entrés dans l’UE en 2018 avait atteint son niveau le plus bas depuis cinq ans avec « seulement » 150 000 personnes.
Les Afghans en tête des demandeurs
En ce qui concerne les pays d’origine de ces aspirants à l’asile en France, l’Afghanistan est le premier pourvoyeur en primo-demandeurs à l’OFPRA (9 462 demandes, en hausse de 58 % par rapport à 2017). Viennent ensuite la Guinée (+63%), l’Albanie (-23 %), la Géorgie (+260 %), la Côte d’Ivoire (+44 %) et le Soudan. Un Soudan qui était numéro un en 2015 et 2016 pour l’envoi de candidats. L’Albanie lui avait succédé au titre de 2017.
Par ailleurs, si la France voit son nombre de demandeurs d’asile augmenter tandis que le nombre d’arrivées illégales en Europe est (officiellement) à la baisse, il faut aussi chercher l’explication dans le phénomène de ceux que l’on nomme les « dublinés ». Un terme qui désigne des personnes passées auparavant dans un autre pays de l’UE, pays où ils ont censément fait une demande d’asile après avoir été enregistrés. Mais les migrants optent souvent pour d’autres destinations comme la France par la suite et, s’ils ne sont pas reconduits dans ce premier pays d’entrée en Europe au bout de quelques mois, ils peuvent émettre une nouvelle demande auprès des autorités françaises.
Dans le même temps, les Afghans ont, pour leur part, souvent déposé une demande d’asile auparavant dans des États comme l’Allemagne ou la Suède. Mais, face aux refus de ces derniers, ils se tournent vers l’Hexagone par la suite.
Enfin, autre évolution à souligner au cours de cette année 2018 : l’intensification du flux migratoire sur l’ouest du bassin méditerranéen. La route via le Maghreb et l’Espagne est désormais privilégiée par l’immigration extra-européenne et rapproche ainsi la France encore un peu plus du problème…
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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