Entre Vox et la justice espagnole, les nationalistes catalans n’ont pas de répit

Le procès des dirigeants indépendantistes catalans débutera le 22 janvier prochain. Entre une détention provisoire qui s’éternise et un climat politique qui s’est encore davantage dégradé en Espagne avec la montée en puissance du parti Vox, le contexte reste très compliqué.

Catalogne : à l’ombre de la démocratie… et de l’aide de l’UE

C’était il y a plus d’un an. Le 1er octobre 2017, un référendum, jugé illégal par le pouvoir central de Madrid, était organisé en Catalogne et posait alors la question de l’autodétermination de ce territoire qui n’a, pour l’heure, que le statut de « communauté autonome ». Le référendum en question avait eu lieu après plusieurs demandes formulées auprès du gouvernement de Mariano Rajoy par le président de la Généralité de Catalogne de l’époque : Carles Puigdemont.

Rajoy, ayant été entre temps chassé du pouvoir par une motion de censure suite à des scandales de corruption, n’avait rien voulu entendre des revendications du Parlement de Catalogne. La tenue du référendum avait donné lieu à des scènes de violences de la part de la police espagnole qui avaient suscité un tollé en Catalogne et bien au-delà.

Depuis, Carles Puigdemont s’est réfugié en Belgique à l’invitation des nationalistes flamands. Puis il a fait un séjour en Allemagne, où il fut temporairement arrêté par la police allemande avant de repartir en Belgique. Quant aux autres responsables politiques indépendantistes catalans, ils sont toujours maintenus en détention. Sans caution ni procès. Du provisoire qui s’est éternisé. Dans un contexte où la séparation des pouvoirs a franchement laissé à désirer. Sans par ailleurs que les instances dirigeantes de l’UE ne s’en émeuvent.

217 ans de prison cumulés

Le 2 novembre 2018, le parquet espagnol a rendu public les peines requises contre douze de ces leaders catalans emprisonnés. Elles sont comprises entre 7 et 25 ans de prison selon les profils. C’est Oriol Junqueras, ancien vice-président et conseiller économique de la Généralité, qui risque la peine la plus lourde. Au total, ce sont 217 années de prison cumulées que l’Espagne entend faire payer à ces Catalans qui ont eu le tort à ses yeux de vouloir s’émanciper de sa tutelle. Et accessoirement de sa fiscalité étouffante.

Le prochain rendez-vous est désormais fixé au 22 janvier prochain, avec l’ouverture du procès contre les organisateurs du référendum catalan. Les regards seront alors tournés vers l’Espagne puis vers les éventuelles réactions de l’UE aux peines prononcées. Mais l’heure n’est pas vraiment à l’optimisme dans le camp indépendantiste car la jurisprudence espagnole n’a, jusqu’ici, pas fait preuve de clémence envers ces questions de « nations sans État ». Les Basques en ont acquis eux aussi une solide expérience.

Vox, le franquisme andalou contre la Catalogne

Depuis un an, la scène politique espagnole a, elle aussi, connu de profonds changements. L’arrivée des socialistes de Pedro Sánchez au pouvoir au tout début du mois de juin 2018 a, certes, permis de temporiser (très) légèrement la tension entre Madrid et Barcelone. Mais un autre événement est venu redistribuer les cartes à l’automne.

Pour sa première vraie participation à un scrutin (élections en Andalousie), le parti Vox a remporté douze sièges avec près de 11% des suffrages. Cette formation est présentée comme « populiste » par certains observateurs en raison de plusieurs points de son programme : expulsion d’Espagne de 52 000 immigrants illégaux résidant en Andalousie, défense de la corrida, législation anti-IVG, construction d’un grand mur à Ceuta et à Melilla. Mais, en outre, il fait aussi violemment campagne contre le nationalisme catalan.

Un thème porteur en Andalousie et dans d’autres régions d’Espagne, au point que Vox s’est même montré le plus virulent des partis politiques sur la question catalane. Il propose des mesures qui ne sont ni plus ni moins que celles du régime franquiste : en cas d’arrivée au pouvoir, il suspendrait indéfiniment l’autonomie de la Catalogne. Avec, en prime, le retour d’un État espagnol très autoritaire et ultra-centralisé. Autant dire que les indépendantistes catalans vont devoir lutter sur plusieurs fronts dans les mois à venir.

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/SergiL)
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