Tandis qu’elle tenait congrès le 13 janvier, la formation politique allemande AfD a voté pour inclure la possibilité d’un « Dexit » dans son programme pour les élections européennes. Une idée toutefois nuancée…
Le « Dexit », joker de l’AfD ?
Un vent de campagne électorale commence à souffler progressivement sur l’Europe. Après le déplacement en Pologne de Matteo Salvini et la conférence de presse (chose plutôt rare) internationale de Viktor Orbán la semaine dernière, c’était en Allemagne que les choses se passaient dimanche 13 janvier. Réunie à Riesa, en Saxe, l’AfD (Alternative für Deutschland) organisait son congrès en vue des élections européennes du mois de mai prochain. Il y était notamment question de discuter du programme de la formation politique.
Un programme qui se démarquait de la concurrence, jusqu’à présent, principalement sur les questions d’identité et d’immigration extra-européenne. Mais l’AfD compte désormais s’aventurer sur un nouveau terrain : celui du « Dexit » (contraction de « Deutschland exit »), à savoir une sortie de l’Allemagne de l’Union européenne.
« Dexit » : une option « en dernier recours »
Ce texte en faveur d’un « Dexit » a été adopté par une majorité de délégués de l’AfD. L’idée n’est pas passée inaperçue en Allemagne tout comme dans le reste de l’UE puisque cette proposition de sortir de l’UE est tout simplement une première pour un parti allemand dans l’Allemagne d’après-guerre. Rappelons au passage que l’AfD n’est pas un obscure groupuscule mais bien la troisième force politique au Bundestag (Parlement allemand) derrière la CDU/CSU et le SPD.
Toutefois, un départ de l’Allemagne de l’UE ne serait utilisé qu’en « dernier recours », dans le cas où les demandes de « réformes profondes » de l’Union formulées par Alternative für Deutschland resteraient lettre morte et ne seraient pas prises en compte « dans un délai raisonnable ». Si une telle situation venait à se produire, la formation politique suggère, en plus d’un « Dexit », la dissolution de l’UE qui serait alors remplacée par une simple communauté économique. Voilà en somme ce que les électeurs allemands vont pouvoir lire sur le programme à venir de l’AfD pour les échéances électorales de mai 2019.
Vor der großen Debatte über das Europawahlprogramm in #Riesa machte Bundessprecher Dr. Alexander #Gauland noch einmal klar, dass die #AfD nicht gegen, sondern für Europa ist.
Für ein Europa der Freiheit, der Rechtsstaatlichkeit und der Sicherheit:https://t.co/ckCu1x7SDa— Alternative für ?? Deutschland (@AfD) 13 janvier 2019
Euro et « islamisation » en cause
Quelles sont alors les demandes de « réformes profondes » de l’AfD ? Parmi les principales, citons la suppression du Parlement européen, la fin de l’euro mais aussi, et c’est là le terrain de prédilection du parti en question, la fin de « l’islamisation » de l’Europe. Un terrain qui a permis à l’AfD de gagner en popularité au sein de l’opinion publique allemande depuis la crise migratoire de 2015. Et ce, aux dépends d’Angela Merkel dont la gestion du sujet est toujours pointé du doigt en Allemagne à l’heure actuelle.
Cependant, l’Allemagne n’est pas le Royaume-Uni. Ainsi, si certains membres de l’AfD avaient antérieurement plaidé pour la rédaction d’un programme encore plus intransigeant (un « Dexit » mis en oeuvre dès 2024) sur les conditions d’une sortie du pays de l’UE, ils ont dû tempérer leurs positions. Aucune date butoir n’a finalement été fixée car les électeurs allemands restent très majoritairement attachés à l’idée européenne. Une enquête menée par le Parlement européen en novembre 2018 a révélé que 82 % des Allemands voteraient pour rester dans l’UE si le pays organisait un référendum à la britannique, tandis que 75 % considéraient le Brexit comme une décision « probablement » ou « définitivement » mauvaise. Dans ces conditions, l’AfD va donc tenter de prendre la température de son électorat sur la question. En essayant de ne pas se brûler pour autant.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine