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Gilets jaunes, migrants, rémunération : des salariés d’un centre Leclerc n’apprécient guère les vœux du patron

Gilets jaunes, migrants, rémunération : les vœux de la direction du centre Leclerc de Basse-Goulaine (Loire-Atlantique), affichés dans l’entreprise côté personnel, ont suscité quelques réactions de la part de salariés. Ceux n’ont apparemment guère apprécié le discours de la direction. Ils nous ont adressé le texte en question.

Ces vœux les heurtent, notamment parce qu’on y lit une certaine critique des Gilets jaunes, mais aussi en ce qu’ils évoquent l’accueil en formation de migrants, ou des réflexions sur la rémunération et l’entreprise.

photo_leclerc_basse_goulaine

Voici des morceaux choisis ( voir intégrale en photo ci-dessus) de l’annonce faite à l’occasion des vœux 2019, affichés dans les locaux et sur le réseau social interne à l’entreprise.

Nous avons une mission extrêmement importante. Nous fournissons à nos clients de la nourriture. Manger est un besoin primaire, c’est un pacte social, le moment où l’on se retrouve, c’est un acte ayant des incidences sur la santé, c’est un acte d’engagement, chacun peut changer les choses en choisissant différents type de consommation, en boycottant, en choisissant des produits plus sains, plus durables, locaux… (…)

2018 c’est aussi le mouvement des gilets jaunes. Cela aura impacté le CA de la fin d’année avec un Samedi en partie bloqué et des week-ends perturbés. Les résultats de la fin d’année sont tout de même très satisfaisants et de bon augure pour la suite du bilan.

Sans vouloir faire de débat sur les gilets jaunes et leurs revendications et cibles, mais pour faire la transition avec 2019, je tiens à rappeler que nous payons nos impôts en France, de nombreux impôts, mais que nous avons la chance d’être dans un pays développé, d’envoyer nos enfants à l’école gratuitement, d’être soignés gratuitement quand nous ou un proche sommes confrontés à la maladie, et surtout d’être dans un pays en paix. De ne pas craindre pour notre vie ou celle de nos enfants chaque jour. Contrairement à certains, à quelques milliers de kilomètres.(…)

La rémunération est évidemment une des raisons pour lesquelles nous travaillons, mais ce n’est pas le seul élément d’épanouissement et de motivation dans une entreprise. Faire partie d’une équipe, d’une communauté, d’une entreprise engagée dans un projet, apporter sa pierre à la collectivité, améliorer les choses, aimer les choses bien faites sont aussi des moteurs qui participent à l’épanouissement de chacun. C’est pour cela qu’avec Gérald, nous avons décidé de lancer la démarche « Great Place To Work ».

Et de faire plusieurs annonces pour 2019, et notamment celle-ci :

Nous allons accueillir un ou deux migrants en formation. Je trouve inadmissible de ne pas tendre la main pour intégrer (et pas juste sponsoriser) des personnes qui ont fui des conditions de vie intolérables. Ce sera peu mais ce sera notre pierre à l’édifice.

Pas d’augmentation de salaire donc pour les salariés puisque « la rémunération est évidemment une des raisons pour lesquelles nous travaillons, mais ce n’est pas le seul élément d’épanouissement et de motivation dans une entreprise. » mais l’arrivée d’un ou deux migrants dans l’entreprise, en formation.

« Il y a des gens au chômage en ville, et on va chercher des migrants. Cela me dégoûte »

Dans l’entreprise, ils sont plusieurs salariés (400 personnes environ travaillent dans l’entreprise) à ne pas avoir goûté du tout à cette lettre, entre critique des Gilets jaunes, discours de père la morale, et « humanisme de façade » comme nous le confie un salarié. « La rémunération, c’est le plus important. Le reste, « cohésion » dans ce type d’entreprise à taille pas du tout humaine, on s’en fiche » nous glisse un des « lanceurs d’alerte ». Visiblement, ils seraient plusieurs à ne pas apprécier ce genre de discours, certains en raison de la critique des Gilets jaunes, d’autres en raison de l’accueil d’un ou deux migrants. « Il y a des gens au chômage en ville, et on va chercher des migrants. Cela me dégoûte » nous dit l’un d’entre eux.

Pour la direction du centre Leclerc, il n’y a aucune critique du mouvement des Gilets jaunes

Nous avons contacté Pierre Laury, directeur de l’établissement, pour tenter d’en savoir plus, sur sa démarche. Ce dernier nous a répondu,  nous expliquant qu’il n’y a « aucune critique des Gilets jaunes dans le texte » Mais que « effectivement les manifestations de Gilets jaunes ont coûté, ce n’est pas une critique mais un élément important de l’année, d’autant plus que nous recouvrions le centre après une longue période de travaux. Je vous rappelle que ce sont des vœux, et que ne pas parler du mouvement des Gilets jaunes est impossible lorsque l’on parle de 2018. 25% des bénéfices sont partagés par l’ensemble de l’équipe. Il y a donc une attente de communication sur les résultats de la réouverture. Concernant la suite, c’est plus une manière de se dire que nos impôts nous permettent aussi d’aller à l’école ou de se faire soigner, sachant qu’ils sont intégralement payés en France sans aucune optimisation fiscale… »

Concernant les migrants, ces derniers ne seraient accueillis « qu’en formation ». « Accueillir en stage 2 personnes à de la mise en rayon dans un marché du travail extrêmement tendu à Nantes ne me choque pas plutôt qu’ils restent à zoner dans les rues.» explique M. Laury.

Et qu’enfin, il n’avait jamais dit que la rémunération n’était pas le plus important, qu’il s’agissait donc d’une mauvaise interprétation du texte par ces salariés mécontents.

« Je ne comprends donc pas les griefs liés à ce document interne de 4 pages dont 3 extraits courts ont été apparemment isolés et mal interprétés alors qu’ils sont extrêmement précis. » nous confie-t-il.

Manifestement, pas convaincant pour les salariés qui nous ont informés.

Photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2019 dépêche libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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